La Malédiction Des Jumeaux : Un Nouveau Chapitre De Dr Djenguè

Chapitre 20: le cul-de-sac de non-retour.

Après leur atterrissage à Maputo, Rayan et Raphaëlle passèrent la nuit dans un complexe hôtelier luxueux. Afin d'être libres de leurs mouvements dans le pays, Rayan avait réservé une voiture de location sur place. Cette dernière fut livrée, comme convenu, le lendemain de leur arrivée, au matin. Après une grasse matinée et un déjeuner copieux, le couple était fin prêt à prendre la route.

- Alors ma puce, t'es prête?

Raphaëlle soupira en fixant le blanc des yeux de son mari. De toute façon, prête ou non, elle n'avait pas tellement le choix.

- Je te l'ai peut-être pas dit jusque là mais... j'ai peur Rayan... Regarde comment mes parents ont fini dans ces histoires d'attaque spirituelle, je...

- Hey hey hey, je suis là, d'accord?

- Je sais... je sais que tu es là. Et j'espère vraiment que Dieu est avec nous dans cette histoire. Je ne supporterai pas de perdre mes bébés. Et je supporterai encore moins de laisser Vahé grandir sans mère.

- Sans oublier que Romann ira te tirer de ta tombe par les cheveux si jamais tu oses le laisser seul au monde.

Raphaëlle rigola.

- Ça va bien se passer mon amour, hum? Et bientôt on sera parents de deux merveilleux jumeaux. Et puis après, on fera le Dossou¹ ou la Dossi².

- Hein?! Qui et qui? Tu veux me tuer? C'est déjà problématique d'être enceinte à 46 ans et tu me parles de Dossou. Tchiiip.

- Ayi³. Mais, quand tu ouvres le trou il faut le refermer, non?

- Et si en essayant de refermer le trou, des jumeaux viennent encore? Je te rappelle que les jumeaux c'est génétique dans ma famille. Ou pire, si je meurs sur la table?

- Ça n'arrivera pas. Et puis, les jumeaux c'est génétique chez toi mais tu as quand-même eu Romann et Vahé. Donc tout est possible.

- Regarde, faut te lever on va aller régler le problème qui nous poursuit actuellement. C'est ça la priorité. Ton affaire de Dossou, on en reparle plus tard.

- Egnon⁴ [d'accord].

Sur les routes de Maputo qu'ils découvraient, Raphaëlle ne manquait aucune occasion de contempler. À travers la glace, elle appréciait aussi bien la nature que les Maputais. Leurs traits étaient aussi riches que variés. Et même si Raphaëlle ne comprenait pas Portugais, elle aurait préféré être venue en touriste.

- Le pays est beau hein, chérie?

- Il est surtout différent du nôtre. La nature, les routes, les visages... C'est beau de voir autre chose que le Bénin pour une fois.

- Tu sais quoi?

- Dis-moi, répondit-elle en lui adressant un regard.

- Dès qu'on aura fini avec tout ça, on fera un tour du monde en famille.

- Vraiment? J'adorerais ça.

- Eh bien, considère que c'est déjà fait.

Pour appuyer sa promesse, Rayan enserra brièvement une main de sa femme. Il jeta ensuite un œil sur la boussole de sang que leur avait fabriquée la bokonon du Bénin. C'était une boulette de terre rouge, moulée dans le sang de Raphaëlle puis enveloppée dans une pochette miniature enrobée d'huile de palme. Elle était suspendue à un collier de dents d'animaux maculées du sang séché, d'ahowé⁵, d'atakoun⁶ et d'autres petits objets non-identifiables. Accroché au rétroviseur interne, le talisman vacillait pour indiquer le chemin. Il défiait toute loi physique puisque ses mouvements se foutaient royalement de ceux du véhicule. Et cette fois-ci, il bougeait frénétiquement vers la gauche. Rayan ravala sa salive, jeta un regard furtif à sa femme puis tourna à gauche. Ils passèrent alors du bitume à de la simple terre.