Chapitre 13 / THĪANNE

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Dans cette entrée, je passe par toutes les émotions possibles et inimaginables. Il est si près de moi qu'il suffirait que je presse mes lèvres sur les siennes pour qu'enfin se dévoile cette tension sexuelle que je ressens en sa présence.

Mais est-il seulement attiré par moi ? Ce n'est pas parce qu'il m'a fait un câlin amical, prise par la taille et m'a parlé tendrement à l'oreille qu'il ressent des sentiments partagés.

Lucile, il est tant d'arrêter de fantasmer sur lui et de te reprendre. Tu dois avancer et ne pas te laisser berner par des sentiments qui ne sont que le résultat inéluctable des tes lectures.

Je me parle comme si une partie de moi était consciente que je suis sur le point de lâcher prise avec un homme que je connais à peine. Je ferais mieux de me dire qu'il serait préférable de rester à bonne distance de lui pour ne pas mettre en péril notre amitié naissante.

Mais les heures ont laissé place à la nuit depuis bien longtemps et c'est à grands coups de regrets qu'il me faut le quitter. Puis-je tendre encore une fois, mes lèvres pour lui offrir ce baiser resté en suspension dans l'air ?

Mais au moment de me rapprocher de Sadeck à ma grande déception un échappatoire arrivé par surprise me force à rompre ce moment d'émotion...

La grande porte d'entrée s'ouvrir à nouveau sur cette très jolie jeune femme, qu'il m'a timidement présenté comme sa sœur de cœur.

Serait-ce possible qu'il ne vive pas seul et qu'elle soit bien plus qu'une sœur pour lui ?

L'espace d'un instant je me sens fautive d'avoir osé ne serait-ce qu'en pensées empiéter sur sa vie et croire que j'avais une chance de le séduire.

En tant que femme, je suis sans doute un peu jalouse de celle qui apparemment, partage sa vie et c'est un peu gênée que poliment je la salue et presse le pas vers la sortie.

Tout en me souriant il prend mon bras, s'approche de moi et m'embrasse sur la joue en me souhaitant une bonne nuit.

Un taxi m'emporte dans l'obscurité, sur les bords d'une Loire dont les reflets sombres engloutissent mes pensées et je me laisse ainsi bercer par le roulis de cette berline qui suit pour quelques euros, l'itinéraire indiqué...

Au loin sur le pont dont les lueurs blanchâtres des lampadaires viennent flirter avec la brume du fleuve qui s'écoule à quelques mètres au dessous, une chevelure blonde vole au vent et je me demande que peut bien faire cette femme seule sur ce pont à cette heure avancée de la nuit ?

Chaque vie a ses zones d'ombres et de mystères, aussi qui serais-je pour oser penser que je suis la seule à avoir le droit d'être mélancolique. Il semblerait que la silhouette de cette femme au milieux de ce pont Royale, qui porte secrètement l'étendard de tant de combats, soit elle aussi en droit d'avoir des raisons de pleurer...

A peine le sommeil s'est-il fait une place au creux de mon lit, qu'au cœur de la nuit mon téléphone retentit et j'entends la voix de Medhi qui me ramène à l'éveil, abandonnant ainsi Morphée à tous ses fantasmes !

@ Lucile
Mais t'es dingue
Medhi !
T'as vu l'heure ?

@ Medhi
Oups !
Lucile on était en teuf à l'Underground et j'ai un peu forcé sur l'alcool et les interdits de la nuit...
Evie a pêté un câble et s'est tirée.
Je la cherche depuis des heures, mais ne la trouve pas.
J'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose !

@ Lucile
Et tu as besoin de ta frangine, bien sûr en plein milieu de la nuit,
à 3h du matin !

@ Medhi
Toi seule peux m'éviter de perdre les pédales et m'aider à la retrouver.

LES AMANTS DE SAÏGONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant