Chapitre 9 / A TRAVERS TA FENÊTRE

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Il est 6h du matin et le soleil vient tout juste de se lever. A travers le décor en fer forgé de mon bacon, je regarde la rue où les voitures se pressent et me paraissent aussi petites que des miniatures sur un circuit pour enfants.

Je stresse en pensant à la réunion qui m'attend dans les bureaux de la maison d'édition,

Au cercle des poètes disparus

Paul Sagane, sans le savoir, ni le vouloir a éveillé en moi l'idée que, même à travers le temps les penseurs n'en finissent pas de se croiser. Tous les romans mis en valeur par les chroniqueurs sont à leur manière une passerelle vers les messages de tous ces conteurs du siècle dernier dont Gertrude Stein se plaisait à nommer écrivains et poètes de l'après guerre,

sa génération perdue

Qui pouvait bien se perdre dans les faubourgs de Paris quand Hemingway et Stein remplissaient leur pages d'écriture ?

Peut-être une certaine Hélène, se demandant comment faire pour être mère d'un enfant du hasard qu'elle n'aurait jamais penser mettre au monde dans ce Paris des années trente.

Je laisse cette demoiselle Lagonelle à ses interrogations et je me demande ce que Sadeck voit derrière sa fenêtre, quelque part de l'autre côté de la ville ?

Est-il comme moi, perdu dans les pensées d'un passé oublié, en train de boire un café ou bien étendu dans son lit refusant de se lever pour éviter d'oublier les dernières images d'un trop court sommeil paradoxal ?

Nos rêves et nos cauchemars sont parfois si proches de la réalité que l'on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas les oublier. Mais trop souvent la lumière du jour occulte leurs souvenirs et notre mémoire n'arrive pas à les rendre plausibles.

Mon téléphone vibre sur la table de chevet et je me précipite pour répondre. Il y a encore quelques secondes mes pensées étaient focalisées sur Sadeck et j'accepte l'appel en espérant entendre sa voix au bout du fil.

@ Lucile
Allô !

@ Appelant
Salut Lucile, c'est Paul.
J'ai repoussé la réunion d'une heure pour raison personnelle, alors prends ton temps et ne stresses pas trop !
Ciao ma belle, à toute'

Paul !
Je l'avais oublié celui-là.
Sa raison personnelle m'arrange bien car je me suis laissée porter par mes pensées vagabondes et je n'ai pas vu le temps passer.

Je viens de réaliser que je ne connais même pas le numéro de Sadeck. Avec lui je ne parle que de lectures et nous n'avons jamais vraiment abordé nos vies privées. Peut-être était-ce mieux ainsi !

S'il connaissait la nature de mes pensées, s'il savait ce qu'il provoque en moi à chaque fois que je me perds dans les bras de l'amant de Duras. M'en voudrait-il ou bien tenterait il de se rapprocher un peu plus de moi ?

Il est bientôt 8h et il faut que je me concentre sur cette fameuse réunion que Paul a repoussé à 10h. Pas de panique, j'ai encore du temps devant moi.

Je vais me la jouer en mode influenceuse classe et dynamique. Mes yeux se bloquent devant une garde robes pas très achalandée, dommage que le dressing de ma mère n'est pas jouable dans le temps qui m'est imparti, car une ses tenues de marques renommées aurait fait sensation !

Mon choix est fait. J'opte pour la petite robe noire classe et sobre que toutes les nanas devraient avoir dans leur dressing et je rehausse le tout d'une paire de bottes de cuir rouge de chez Prada que mon père m'a ramené de Doubaï. Une touche de maquillage nude, pas besoin d'en faire des tonnes non plus.

LES AMANTS DE SAÏGONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant