Chapitre 21 / LE MESSAGE DU PASSÉ

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VENGEANCE

Ils l'ont attendu quatorze ans ...

Mais aujourd'hui ils sont là et bien là, tel des loups prêts à attaquer leur proie.

Prêts à tout lui reprendre, n'ayant que faire des dégâts collatéraux qui toucheront en plein cœur tous ceux qui gravissent autour de son monde.

Un Monde ... Qu'ils ont l'intention de réduire en cendres.

.. / ..

Ce matin là, dans les bureaux, du Cercle des Poètes Disparus et ce soir là, chez Diego, ces trois investisseurs chinois se jouaient des nerfs de Paul.

Le défiant comme dans un jeu virtuel de Monopoly en plein cœur d'un Wall Street en déroute.

Nous n'étions plus en 29, il y a de ça cent ans, mais bel et bien en 2023 où cette guerre de pouvoir ne semblait pas avoir pris une seule ride !

Comme si la haine n'avait que faire des frontières et du temps. Comme si aux travers des erreurs de nos vies elle se frayait un chemin pour indéniablement arriver à ses fins.

Paul aura-t-il le choix ?

Pourra-t-il espérer garder la gérance de sa maison d'édition ?
Ou bien devra-t-il se soumettre comme un artiste désincarné, aux exigences des KIM ?

Les KIM, ceux qui ont rebattu les cartes et qui se réjouissent de jouer avec nous, au chat et à la souris.

Mais contre toute attente Paul n'est en fait que le petit morceau de fromage qui leur permettra d'atteindre et d'appréhender une toute autre proie...

Je ressasse encore et encore les outrageuses révélations de Sadeck. Entends les voix de ce désaccord résonnant dans l'ambiance cosy du restaurant de Diego et ne perçoit que trop, les inquiétudes qui maintenant planent sur l'avenir et l'histoire de la ville où je suis née.

Que ce soit Paul, Sadeck ou moi, nous sommes tous anéantis par le projet de modernisation des KIM.
Et c'est le regard au bord des larmes, que nous restons là, à nous demander pourquoi, cela ressemble tant à une destruction ?

Notre impuissance face à la famille KIM devenait de plus en plus pesante et il m'était de plus en plus difficile de passer d'agréables moments avec Sadeck.

Cette montée en puissance de la violence m'anéantissait et je ressentais le besoin de me retrouver seule face à moi-même.

Le besoin de me mettre en pause, dans le calme d'une atmosphère rassurante où les fantômes accrochés aux murs blanchis à la chaux, me raconteraient une ou plusieurs de ces belles histoires qui aident les enfants à s'endormir.

Le sourire de Nharie m'apportait les bonnes ondes qui me plongeaient de jour en jour, dans le réconfort de cette Boutique de leur Imaginaire.

Aujourd'hui,
mes yeux se perdent comme à chaque fois sur les rayonnages désordonnés de cette échoppe.

Sur les murs,
mon regard fixe des cadres se reflétant sur le miroir de mon for intérieur, me révélant des hommes et des femmes.
Des étrangers flashés par le temps, à qui j'aurais très bien pu être unie, sans le savoir !

J'avais parfois l'impression de les connaître, comme si ils faisaient partie de ces rencontres invisibles qui laissent malgré tout, des traces sur vos souvenirs.

C'est un peu comme ...

Cet homme pressé, qui tous les matins viens prendre son café sur le rebord d'un comptoir.

LES AMANTS DE SAÏGONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant