Chapitre 3 / PARTIR & REVENIR

70 11 26
                                    


La nuit est tombée sur le cœur historique de la ville et les lampadaires aux néons ont pris le relai de la lumière du jour. Avec mon frangin nous marchons dans les rues au bras l'un de l'autre comme des amoureux transis. Mais il me semble que l'on peut dire sans se tromper que là, nous sommes plutôt transis de froid !

Non seulement le vent glacial nous fouette le visage. Le froid, sans en demander la permission s'infiltre dans l'épaisseur de nos vêtements et nos mains sont menacées par les engourdissements du gel... Nous aurions vraiment dû ne pas rejeter la proposition de ce sympathique vendeur de gants et accepter son offre pour le confort de nos petits doigts.

Mais il est trop tard pour faire demi-tour ! A plus de vingt heures de toutes façons cette petite boutique « contre vents et marées » est très certainement fermée.

Nous pressons donc le pas pour déjouer le plus vite possible les attaques glaciales de la météo et retrouver la douce chaleur qui s'engouffre dans le parking du Châtelet où ma voiture est garée depuis plus de cinq heures... La note va être salée !

Le visage de Medhi est solaire, il rayonne de joie car dans sa main se trouve l'objet de son délit. Je me réjouis de son air enjoué et tends à écouter la petite voix intérieure qui émet une phrase bien singulière s'arrêtant au bord de mes lèvres sans pouvoir y mettre des mots...

« Vous êtes accusé,
jeune homme du délit de satisfaction »

Le sourire aux lèvres, mes yeux se posent alors sur le sac en papier que Medhi tient serré dans sa main par les deux petites anses de cordelettes.

A l'intérieur de ce sac en papier Craft, un joli paquet cadeau de couleur rouge entouré d'un petit ruban de bolduc or, y dissimule les trois tomes de la série BD de Moebius que mon frère s'est offert pour satisfaire sa curiosité. J'espère simplement que le monde fantastique d'Edena saura aussi charmer et piquer la curiosité d'Evie !

Je viens de le déposer devant la maison de mes parents et je serais volontiers entrée dire bonjour à maman, mais comme à ses habitudes elle est encore absente...

Entre sa galerie d'art, ses dîners entre amis suivis de soirées qui s'éternisent jusqu'au petit matin, elle est en fait plus souvent ailleurs qu'à la maison et Medhi qui en est parfaitement conscient, profite de cette situation en assimilant ainsi la maison familiale à son appartement privé.
Vous comprendrez alors aisément, pourquoi il n'est pas en mesure et surtout pas prêt de s'envoler du nid.

Il me demande néanmoins de rester un peu, histoire de l'aider à choisir une tenue appropriée pour se rendre à l'anniversaire d'Evie qui doit avoir lieux ce soir à partir de 22h dans un piano bar en sous sol de la rue de l'Empereur. Cet établissement festif, le Underground est un mixte sympathique entre un restaurant huppé, une boîte de Jazz et une discothèque où les jeunes et moins jeunes se déchaînent jusqu'au bout de la nuit.

Mon frère y a privatisé une des salles vip pour organisé la super soirée d'anniversaire d'Evie. Il seront une petite trentaine d'amis à lui offrir les meilleurs souvenirs de ses 25 ans.

Mais revenons à la recherche d'une tenue appropriée pour la soirée...

Les penderies de mon frère débordent de fringues en tout genre. Des jeans déchirés façon déjanté aux blousons de cuir façon rock tout y est en équation avec sa personnalité. Je dirais plutôt même avec les multiples facettes qu'il aime montrer à tous ceux qui ont un jour osé poser sur ce trentenaire, un regard intéressé.

Ça a l'air très égocentrique tout ça, mais Medhi est un garçon timide qui n'a trouvé que cette attitude pour se faire remarquer et s'émanciper d'une adolescence timorée.

LES AMANTS DE SAÏGONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant