Chapitre 20 / ILS RÉCLAMENT VENGEANCE

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La lueur du jour pointe aux travers des persiennes et l'ombre d'un couple enlacé se dessine sur le parquet de la chambre.

Le silence des sanglots que nous retenons l'un et l'autre nous bercent d'une certaine mélancolie et tes yeux se posent à nouveau sur moi avec un lourd sentiment de culpabilité.

Comme si tu te sentais coupable de m'avoir mêlé à tes cauchemars, semblant chercher mon aval pour reprendre les mots restés en suspens sur le bord de tes lèvres ...

Encore sous le choc de ces atroces révélations, je tremble de tout mon corps alors que l'étreinte de tes bras se resserre sur moi.
Je me blottis au creux de ton épaule et d'une voix hésitante, j'ose à peine poser la question qui me brûle les lèvres ...

@ Lucile
Qu'as-tu fait du corps de Kuang ?
Et Thīanne, a-t-elle tout ...

Je n'eu pas le temps de terminer ma phrase, que déjà la gorge serrée, tu reprends les intonations de cette douleur que tu refoules depuis si longtemps et que ce soir tu as accepté de me révéler.

Je t'écoute parler dans le pesant silence de cette chambre, qui pour une nuit est également devenue la mienne.

Mais cette fois je reste accrochée à toi comme si j'avais peur de te perdre. Tu sembles toi aussi, ressentir le besoin de ce contact charnel, de cette douce chaleur qui s'échappe de nos corps et nous entoure d'une vague de réconfort.

Ainsi enlacé, tu reprends le cours de ton histoire et tes aveux qui se déchirent sur tes lèvres, me martèlent à nouveau le cœur...

.. / ..

Le corps sans vie,
de Kuang ... Le sang qui s'écoule de son cœur et mes mains qui tremblent encore sous l'effet de la rage.

Mes yeux sont rougis de haine lorsque j'entends les sanglots sourds de la fillette sous le lit.

Mon dieu ... Thīanne !

La pauvre enfant est recroquevillée sur elle-même, comme si elle souhaitait effacer tous les bruits environnants et pouvoir retrouver la douce chaleur du ventre de sa mère, encore présente dans sa mémoire d'enfant.

Je recouvre le corps de Kuang, du drap de lin souillé des salissures de la jouissance et m'accroupis au pied du lit pour tendre la main vers la fillette apeurée.

Dans un premier temps, je ne pense qu'à une seule chose !
La mettre en sécurité.

Après avoir reconduit cette enfant dans l'aile sud du pensionnat, où la sœur Lôan en charge des plus jeunes, me remercie avec beaucoup d'émotion, je n'ai pas d'autre choix que de regagner ma chambre.

Nourri des gestes aimants de cette jeune femme Lôan qui, semble avoir pour je ne sais quelle raison, beaucoup d'affection pour la petite Thīanne, que je me dirige en direction de ma chambre.

Un sentiment de déni m'envahit soudain et j'ai du mal à admettre qu'à présent je ne suis qu'un criminel de plus.

Mais je ne dois pourtant pas flancher, l'avenir de cet établissement ainsi qu'un grand nombre de personnes en dépend.

Le pas lourd et hésitant je déambule sans conviction, dans les couloirs qui soudain me semblent interminables. Bientôt je vais devoir à nouveau lui faire face.

LES AMANTS DE SAÏGONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant