Chapitre 18 / PIÉGÉ

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Cliquez sur la musique 🎶 le clair de lune de Debussy pour vous fondre dans ce chapitre.

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Sadeck a vraiment l'air désespéré et abattu. Je lui prend la main et le regarde dans les yeux, hésitant à le serrer dans mes bras.

L'instant est précieux, un peu comme dans ces séries à l'eau de rose où les acteurs font durer ce moment d'émotion pour vous permettre d'imaginer une suite à votre image.

Mais mon frère s'impatiente et se plaint d'avoir froid. Nous ne sommes pas seuls sur ce trottoir et la présence de Medhi bien que rassurante, met fin à cet instant qui me semblait si magique.

Alors que nos regards se détachent l'un de l'autre nous reprenons nos distances et entrons tous les trois à l'intérieur de cette chaleureuse demeure remplie de tous ses souvenirs.

Il se fait tard et le silence de la nuit me surprend. Je frissonne et la main de Sadeck qui n'a pas quitté la mienne se resserre tendrement sur mes doigts tremblants, me prodiguant tout son lot de réconfort.

Le grand salon nous accueille dans la douceur de ses coussins de soie et les minutes qui s'égrainent diffusent avec parcimonie une douce chaleur qui apaise nos pensées.

La fatigue nous gagne et pèse sur nos paupières quand soudain, la mélodie d'un piano rompt allègrement le silence et essence la pièce d'une douce harmonie.

Mes yeux suivent le son de ce clair de lune qu'un certain Claude Debussy, a composé à la fin de 19e et qui ce soir éveille en moi un doux sentiment de nostalgie.

Thīanne qui s'est mise au piano se perd dans les yeux d'une Evie dont les mèches blondes viennent effleurer les touches en noir et blanc qui s'animent sous les doigts de la jolie brune qui instrumente l'instant présent.

Medhi les yeux écarquillés n'en perd pas une goutte et se laisse séduire par de trépidants fantasmes aux quels il aimerait tant succomber, mais que son côté gentleman évitera de dévoiler....

Il était bien loin de penser qu'après avoir savouré une pizza chez Diego, pris en stop un ami égaré et combattu cette fatigue qui ne cesse de le harceler, il se retrouverait face aux deux seules jeunes femmes qui font éperdument battre son cœur !

Sadeck se lève et va embrasser sa sœur, puisse que c'est ainsi qu'il l'appelle.

Nous sommes bientôt à la frontière du jour et de la nuit et nous n'avons pas encore dormi. Alors que Thīanne tend la main à Medhi et lui demande de la suivre, Sadeck me précède sur l'escalier de marbre et tous ensemble nous investissons l'étage où l'espace nuit ne demande qu'à nous ouvrir les bras de Morphée.

Medhi qui pensait dormir seul dans la chambre d'ami, se retrouve en fait dans celle de Thīanne en charmante compagnie féminine.
L'atmosphère devient soudain tendue et tous les trois débordent d'étranges sensations.

Sauront-ils faire face à cette situation ambiguë ?

Pourront-ils, ne serait-ce qu'un instant, penser dormir dans ce grand lit défait dont les draps froissés vous incitent plus, aux jeux interdits qu'au sommeil !

Un sourire se dessine sur les lèvres de Sadeck et je lui glisse à l'oreille mes incertitudes concernant la nuit calme et paisible de ces trois là...

Nous sommes tous deux de connivance quand son air mesquin et son petit sourire en coin semble en dire long sur cette étrange situation...

Au diable la pudeur et les interdits, les jeunes d'aujourd'hui n'en ont que faire et c'est peut-être eux qui ont raison.

Connaissez-vous l'expression ?

LES AMANTS DE SAÏGONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant