Eilin et Emrys - Deux noms entrelacés dans la tapisserie du destin

Chapitre 50 : Un anniversaire sous le signe de la mort

Royaume de Camelot, cité, château, couloir

Aurore courait, tirée par Guenièvre, alors que leurs rires emplissaient le silence des couloirs et couvraient le tumulte de la salle de banquet.

« Je n'avais jamais fait ça ! », pouffa Gwen.

« De quoi ? »

« Agir impulsivement, comme une enfant ! Et ça fait tellement du bien ! »

Le sourire d'Aurore s'élargit sous la joie débordante de son amie. Avec sa main libre, elle dénoua les rubans et libéra ses boucles corbeaux, alors qu'elles continuaient à courir dans les couloirs en riant à gorge déployée, comme des petites filles.

Au bout d'un moment cependant, elles s'arrêtèrent, essoufflées et ayant mal au ventre à force de rire. Elles s'installèrent contre un mur, faisant face à une fenêtre. D'un simple regard, Aurore l'ouvrit et laissant l'air vivifiant de la nuit leur fouetter le visage et emmêler leurs cheveux. Le ciel était dégagé, laissant voir un ciel avec tellement d'étoiles qu'il en était presque magique.

« Peu importe où on se trouve dans les Cinq Royaumes... les étoiles sont toujours là, identiques à elles-mêmes... », murmura Aurore.

« Elles accompagnent et veillent sur chacun d'entre nous. »

« Elles ont longtemps été la seule chose qui m'empêchait de me sentir complètement seule, quand j'étais sur les routes. Encore aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de les regarder quand j'ai besoin de réfléchir, comme si elles me prêtaient une oreille attentive et m'aidaient à arriver à une solution. »

« Mais tu n'es plus seule désormais, tu as des amis et ton frère pour t'écouter et t'aider à trouver des solutions. », dit doucement Gwen.

« Des amis ? A part Arthur et toi, il n'y a personne. Il y a Lance, mais ce n'est plus pareil maintenant. »

« Tu peux le voir, n'est-ce-pas ? Son esprit je veux dire. Tu peux l'invoquer. », devina Guenièvre.

« C-Comment tu... », bafouilla Aurore.

« Après que la déesse de l'eau soit venue s'enquérir de ton état, tu n'avais plus l'air aussi affectée par la mort de Lancelot. L'explication la plus logique, c'est que tu ais découvert que tu pouvais l'invoquer en ce monde comme tu le fais pour les Quatre Vents. Pourquoi ne l'as-tu pas dit ? »

« C'était son souhait. Il voulait que j'attende que tout le monde se remette de sa disparition, et je sais que ce n'est pas encore vraiment le cas, surtout pour Lirou. »

« Je comprends, c'est vrai qu'il a laissé un vide béant à Camelot... », souffla la servante. « Mais tu as les chevaliers aussi, c'est comme une grande famille, et tu en fais partie. Tu ne dois pas l'oublier. »

Aurore lâcha un rire sec et dénué d'émotions, qui fit sursauter Gwen.

« Désolée. », soupira Aurore, ayant remarqué la réaction de son amie. « C'est juste que c'est plus compliqué que ça en a l'air. Je ne suis tenue que de participer aux entraînements et de défendre Camelot face à de grandes menaces. En dehors des entraînements, je ne côtoie pas vraiment les autres chevaliers. Je suis chevalière honoraire, je ne peux pas partir en patrouille pendant plusieurs jours, faire des rondes nocturnes, ou encore partir à la chasse avec mon frère et Arthur. Non pas que j'aime la chasse, j'ai horreur de ça, mais je suis constamment mise à l'écart de ce qui tisse des liens entre les chevaliers. Alors, non, je n'en fais pas vraiment partie. »

Elle lâcha un énième soupir et passa une main dans sa chevelure noire.

« J'adore être l'apprentie de Gaius, j'apprends beaucoup et c'est super intéressant, je sais que ça me sera toujours utile. Mais disons juste que je m'attendais à un peu plus d'actions quand Arthur m'a adoubé. »