Lady Biker

Chapitre 1

Je me suis fait discret pendant plusieurs jours, gardant ma voiture bien cachée dans le garage, car elle est trop reconnaissable. À la place, j'emprunte celle de Keith. J'évite soigneusement certaines artères et magasins, mais j'aurais dû me douter qu'à un moment ou à un autre, mon retour serait remarqué. Clarence n'est pas une si grande ville que ça, elle est même perdue au milieu du trou du cul du Kansas.

Depuis mon retour, j'aide mon oncle au garage. J'étais en train de m'occuper d'un changement d'huile quand une voiture s'est garée dans l'entrée.

« Tu restes où tu es, occupe-toi du changement d'huile et surtout tais-toi, » m'ordonne mon oncle en allant vers la voiture.

« Qu'est-ce qui t'amène dans mon humble établissement, Earl, Le bureau du shérif n'a plus les moyens de faire réparer ses voitures chez ton cousin Billy ? »

Je redresse la tête en reconnaissant la voix du Shérif.

« Je suis venu voir ton trafiquant de neveu. Viens ici, Robby. »

J'obéis à l'autorité, comme on me l'a appris ces dix dernières années. Mon oncle m'a demandé de ne pas bouger, alors je ne bouge pas.

« Bon, si tu m'obliges à me déplacer.

— Wow, sous quelle autorité pénètres-tu chez moi ? As-tu un mandat officiel, Earl ?

— Montre-toi, Robby, que je te vois. »

Je ne suis pas du genre à me cacher derrière les jupes de ma mère. De toute façon, mes parents sont morts depuis longtemps. Je referme le capot de la voiture en m'essuyant les mains, avant d'aller jeter les bidons d'huile vides. J'ignore complètement le shérif.

« Regarde-moi quand je te parle. Tu ne vas pas rester éternellement dans ce garage, tu seras bien obligé de me regarder quand je te verrais en ville, tu ne fais que reculer l'inévitable. »

Je reviens vers lui en croisant les bras.

« Eh bien voilà. Sache que je vais t'avoir à l'œil, au moindre méfait, c'est retour à la case départ pour toi.

— C'est une menace ?

— Une promesse. »

Je sors mon téléphone de ma poche, coupant l'enregistrement en le lui montrant.

« Lorsque je sortirais en ville, à la moindre arrestation injustifiée et abusive, je vous poursuivrais pour harcèlement. Vos méthodes sont dépassées. Si vous avez pû m'intimider il y a dix ans, ça ne fonctionnera pas cette fois-ci.

« Voyez-vous ça, mais c'est qu'il a du répondant, » rigole le Shérif. « Reste où tu es ! » dit-il en posant la main sur l'arme à sa ceinture alors que je m'avance vers lui.

« Il faudrait savoir, il y a deux minutes vous vouliez me voir. Vous allez tirer sur un homme désarmé ? En même temps, vous êtes plutôt peu regardant sur les procédures, n'est-ce pas, Shérif ?

— Je t'ai à l'œil.

— C'est réciproque, croyez-moi, je vais bien regarder mes rétroviseurs. »

Le shérif repart comme il est venu, sûr de lui.

« Qu'est-ce que je t'ai dit, Robby ?

— À cause de ce connard j'ai été en Centre de détention ! J'étais mieur, il m'a interrogé sans que j'ai un avocat, il m'a manipulé et j'ai signé des aveux pour qu'il me foute la paix !

— Tu avais bien un kilo de drogue avec toi quand il t'a arrêté ?

— Oui.

— Fin de l'histoire. »