Chapitre 23

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Jaimie travaille depuis la maison. Je passe mes journées au tribunal, pendant ce temps, elle s'occupe de ma bruyante colocataire. Je ne comprends pas. Jaimie me raconte que les journées passent comme un charme. Ava rit et dort entre ses biberons. Avec moi elle ne fait que pleurer toute la nuit. À peine ai-je changé sa couche qu'elle la souille déjà. Quand je la regarde alors que je lui nettoie les fesses, je remarque son sourire. De un, elle ressemble à Piper, avec le même petit sourire en coin et sa fossette, de deux, je la soupçonne de le faire exprès, confirmant le point numéro un.

Chaque jour, j'écoute les preuves, je regarde les témoins être interrogés, les contre-interrogatoires de notre avocat. Piper ne me regarde jamais, pas une seule fois elle n'a croisé mon regard.

« Maître, votre prochain témoin, » demande le juge.

Avec appréhension, je regarde l'homme qui est conduit à la barre.

« Déclinez votre identité.

— Llewellyn Jones.

— Monsieur Jones, quels sont vos liens avec l'accusée ? »

Llewellyn me regarde en souriant, je crains le pire. C'est un opportuniste. S'il peut enfoncer Piper au maximum et s'il a négocié une remise de peine, c'est maintenant que tout va se jouer.

« Avec Piper ? Je la courtise depuis des années. Il faut être honnête, c'est une femme magnifique, et pas seulement physiquement. J'ai tout fais pour pouvoir m'approcher d'elle. Je l'ai poussé à me vendre de la drogue, je l'ai engagé pour que le club de son père me serve de transport pour mon trafic d'armes. Cela me permettait de me rapprocher d'elle, je la rendais indispensable à mon business. »

C'est la stupéfaction dans la salle. Je regarde Llewellyn, sidéré par ce qu'il est en train de faire.

Le juge tape son maillet pour que le calme se fasse, Llewellyn lui continue de parler, dévoilant des détails du trafic, du marché passé avec les fédéraux. Mais il trouve surtout scandaleux le procédé des fédéraux et du Procureur de priver une mère de la fille qu'elle vient de mettre au monde. Il parle de la milice, il savait que les armes étaient défectueuses, il espérait même que plus de miliciens soient blessés, ne supportant pas ces faux patriotes.

« Le MC des Devil's Crew n'a rien à voir dans ce trafic, ils ne m'ont servi que de manutentionnaire. Ce sont des boucs émissaires. »

Les avocats de l'accusation sont atterrés, ils ne maîtrisent plus leur témoin.

Le juge est rouge tant il bouillonne à taper sur son bureau.

« Dans mon bureau, tout de suite ! » hurle-t-il en regardant le coin de l'accusation.

Llewellyn lui est emmené hors de la salle, sans un regard vers Piper qui reste assise, enchaînée, pour finalement être escortée par deux Marshals. Nos regards se croisent enfin, quelques secondes. Elle semble complètement perdue.

La salle est évacuée, je reste près des portes en attendant que nous puissions réintégrer la salle. Le couloir n'est qu'un immense foutoir. Des journalistes sont en direct, relatent ce qu'ils apprennent au fur et à mesure. Je prends mon téléphone quand je le sens vibrer.

« C'est quoi ce bordel ? »

Jaimie veut tout savoir, mais je n'ai rien à lui apprendre de plus que ce qu'elle voit à la télévision.

« Quelles sont les implications ?

— Remise en cause de la preuve, le procès peut aussi avorter.

— Mais... mais...

— Attendons le retour du juge. Mais si Llewellyn Jones apporte plus d'éléments, ça change tout. Je dois y retourner.

— Tiens-moi au courant, chéri. »

Lady BikerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant