Chapitre 4

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Tous sont réunis en cercle dans la cour du MC, même le ciel est exempt de tout nuage. Je le regarde faire le fier devant les autres membres, si sûr de lui, comme un jeune coq. Même Stewart n'a aucun doute quant à son poulain et l'issue du combat. Piper est à l'étage du bâtiment et observe mon arrivée depuis une fenêtre, préférant éviter de me voir me prendre une raclée. Au signal, il s'élance vers moi, j'esquive facilement avant de lancer mon poing. Il redresse la tête, furieux, le nez en sang. Là, je l'ai vraiment énervé. L'avantage, quand les gens s'énervent, c'est qu'ils ne sont plus tellement rationnels. J'attrape son bras au vol, le retourne, avant de cogner, un unique coup. Le silence est soudain dans la cour. Le poulain est au sol et ne se relève pas, gémissant.

« Donc, c'est réglé, c'est bien ça, Stewart ?

— Euh... oui.

— Bien, merci, c'était... intéressant. Doucement si vous le déplacez, il a des côtes cassées, les quatrième et cinquième, assurez-vous qu'il reste sur le côté pour ne pas s'étouffer dans son sang. »

Je remonte en voiture et quitte le parking du MC, tous me regardant, cherchant encore à comprendre ce qui s'est passé. Le combat a duré moins de dix secondes, je n'ai frappé que deux fois. Ce serait un combat de boxe, je me ferai huer par la foule qui aurait payé pour voir le combat. Je roule lentement en direction du centre-ville et il ne faut pas longtemps pour que je vois une Stingray noire de 1963 dans mon rétroviseur. Elle me suit jusqu'à ce que je me gare sur le parking d'un restaurant à déjeuner. Piper descend de sa voiture en me regardant avant de s'approcher.

« Je te demanderais bien comment tu vas, mais bon sang, où as-tu appris à te battre ?

— On va manger ? Tu te souviens des déjeuners au diner ? Tu adorais ça.

— Il m'est impossible d'oublier nos sorties au restaurant, » sourit-elle en me prenant le bras, m'entraînant vers le restaurant.

Installés à une table, nous regardons le menu avant de savourer une gorgée de jus d'ananas.

« Bien, tu m'as promis une explication.

— Au Centre de détention, des représentants de l'armée faisaient souvent le tour pour nous présenter les avantages de nous engager. La possibilité de faire des études, de suivre des formations, de faire quelque chose de notre vie. Je me suis donc engagé le jour où je t'ai écrit. Le lendemain, je partais.

— Tu as donc fait l'armée. Tu as suivi une formation ?

— J'ai étudié en mécanique pour obtenir mon diplôme, Piper.

— Je suis fière de toi.

— Jaimie m'a parlé de tes affaires.

— Disons que je suis lucide, si un jour le MC se retrouve dans la mire des fédéraux... Financièrement, je devrais bien m'en sortir.

— Pourquoi ne t'en éloigne-tu pas maintenant ?

— C'est ma famille, je ne peux pas. »

Je préfère ne pas continuer sur le sujet, sinon l'ambiance va mal tourner. Je choisis donc de la ramener dans nos souvenirs.

Je regarde des Harley-Davidson ralentir en passant devant le restaurant au point que je pose mes ustensiles un peu bruyamment dans mon assiette.

« Reste cool, Rob.

— Je croyais que le dossier était clos, on réglait ça et on passait à autre chose.

— Ils sont là pour moi, juste pour s'assurer que tout va bien.

— En attendant, je me sens un peu surveillé et je n'apprécie pas.

— Rob, c'est ma vie, ç'a toujours été comme ça. Rappelle-toi, ils venaient me chercher à l'école, ils nous suivaient en voiture pour être plus discrets, je me faisais engueuler lorsque nous arrivions à échapper à leur surveillance. J'ai appris à vivre avec lorsque tu n'étais plus à mes côtés.

Lady BikerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant