Lady Biker

Chapitre 8

« Pourquoi tu n'es pas en Harley, Piper ? Je ne te vois te déplacer qu'avec la Stingray. »

Piper est collée contre moi dans le canapé, nous avons remis ça après le souper. Je caresse son épaule, sa main, elle, est sur mon torse.

« La Harley, c'est mon autre vie, j'essaye de ne pas mélanger. Les gars du Club aiment rouler en Harley, j'avoue que c'est sympa, mais je préfère être dans ma voiture, je n'ai pas ce sentiment qu'ils éprouvent lorsqu'ils conduisent leurs motos. Je ne la sors que pour les affaires parce que c'est l'image que je dois donner. Parle-moi de l'armée, où as-tu été ? Il y a encore la guerre en Irak ou là où nous sommes en guerre ?

— Nous sommes déployés sur différentes zones à travers le monde. Dans certaines, nous assistons les forces locales et les formons, nous assistons des pays au sud de la frontière dans leur lutte contre le trafic de drogue. Nous sommes déployés lors de catastrophes naturelles pour aider aux évacuations. Sinon c'est de l'entraînement quotidien pour rester alerte.

— Et tu ne m'as pas dit où tu as été. As-tu été au combat ? As-tu... tué ? J'imagine que ça change quelqu'un, c'est pour cela que tu es différent ?

— Je suis différent parce que j'ai grandi dans un cadre différent, où il faut obéir aux ordres sans poser de question.

— Physiquement tu n'as pas de blessure, je ne te vois pas faire de cauchemars ni prendre de médicaments, tu t'en es bien sorti. Je souffre d'imaginer que tu aurais pu mourir quelque part et que je ne l'aurai peut-être appris que par ton oncle, lorsqu'ils auraient ramené ton corps. Je ne sais pas comment j'aurais réagi de devoir t'enterrer, Rob. J'essaye de me visualiser, et il n'en ressort rien de bon pour ceux autour de moi. »

Je la regarde alors qu'elle a cessé de me caresser.

« Non, rien de bon.

— Je vais bien, Piper.

— Je me serais occupé de ta tombe et j'aurais porté le veuvage, ça je le sais, mais je crois que je me serais investie dans le MC en y laissant mon âme.

— Regarde-moi, Piper, » demandais-je en l'aidant à se redresser. « Je veux que tu me fasse une promesse, si tu tombes enceinte, tu quittes le MC et cette vie. Tu as un commerce légal, tes enfants doivent grandir hors de cette vie, même si cela veut dire s'éloigner de cette ville et couper les ponts avec tes parents. »

Piper me regarde intensément.

« Je te le promets, je le jure sur l'amour que j'ai pour ta mère.

— Merci. »

Je réfléchis aux implications de ce que je viens de lui demander. Ça ne modifie pas réellement les ordres que j'ai reçus, enfin pas trop. Je devais renouer avec Piper afin de m'approcher du MC, jusque-là, je suis le plan. Quant à Piper, rien d'autre ne la concernait réellement, alors je peux me permettre des libertés.

J'ouvre la porte en caleçon tout en me grattant la tête. Stewart me regarde, plus ou moins surpris.

« Piper ? » crie-t-il en me fixant des yeux.

« Putain, mais qu'est-ce que tu fais-là ? Quelle heure est-il ? » grogne-t-elle en s'approchant.

« Cinq heures quarante deux. Je t'apporte ton enveloppe.

— Merde, mais tu es chiant ! Je t'ai dis que je viendrais la chercher.

— Je te rappelle que nous avons rendez-vous aujourd'hui. Mais je comprends que tu aies l'esprit ailleurs. Ne sois pas en retard. »

Piper claque la porte une fois son père remonté dans sa voiture avant de plaquer l'enveloppe sur mon torse.

« Tiens ! Je dois me préparer, c'est euh... un rendez-vous d'affaires.