Lady Biker

Chapitre 5

J'essuie mes doigts avec un mouchoir en papier, puis je passe devant l'écran pour la photo anthropométrique. Une fois le dossier rempli, il me pousse sans ménagement vers une cellule.

« J'ai le droit de passer un appel téléphonique.

— C'est le milieu de la nuit, les gens dorment, vous appellerez demain.

— Tout dépendant du fuseau horaire. J'ai le droit à un appel. »

Je lis la rage dans ses yeux, mais il me conduit à un bureau et me tend un téléphone, puis il s'installe au bureau voisin et me regarde.

« Vous avez raison, je ne vais pas déranger quelqu'un à cette heure, je vais simplement rajouter cet incident à la longue liste de vos conneries. Vous y penserez quand le bâton frappera. Puis-je aller me coucher maintenant ? La nuit a été courte. »

J'entre dans la cellule et m'allonge sur le mince matelas plastifié en le fixant du regard. Il pense avoir le contrôle, mais il ne sait pas que je sais. Je l'écoute se servir un café avant de faire les cent pas dans le poste, passant devant ma cellule. Je le regarde en souriant.

« Je vais te pourrir la vie, Earl, à un point que tu n'imagines même pas. Je t'avais prévenu de ne pas jouer au con avec moi, mais c'est plus fort que toi. À la moindre rayure sur ma voiture, le moindre truc abîmé ou manquant, je vais vous détruire toi et ton cousin. »

Le shérif se retourne brusquement pour s'en aller et renverse du café sur son uniforme, et finit par aller se nettoyer en jurant.

« Earl ! Tu baisseras un peu la lumière. Je prendrai un café à sept heures demain matin, avec des pancakes de chez le vieux Simons. »

Le shérif ne répond pas. Je vais devoir accélérer le rythme et le dégager de l'échiquier, j'ai perdu trop de temps avec Piper. Je ne suis pas en vacances, j'ai du travail.

La nuit est loin d'être des plus agréable, le Shérif et un de ses adjoints se font un malin plaisir à pourrir ma nuit en faisant du bruit à intervalle régulier, mais c'est un jeu qui se joue à deux. Aux petites heures du matin, je profite des installations de ma cellule sans tirer la chasse d'eau. L'adjoint me regarde retourner m'allonger et semble offusqué.

« Et la chasse ?

— C'est toi qui nettoieras derrière moi, adjoint connard.

— Je vais te faire fermer ta gueule, tu vas voir.

— C'est ça, fais ta grande gueule en restant caché derrière ton insigne, toi comme moi on sait pertinemment que tu n'es qu'un lâche.

— Tu verras quand tu seras dehors.

— J'ai hâte, tu pourras me montrer comme tu es grand et fort sans ton insigne. Maintenant ferme ta gueule, laisse-moi me reposer. »

Aux petites heures du matin, les autres adjoints entrent au bureau, le Shérif, tout sourire, me fait sortir de ma cellule avant de me conduire devant un de ses adjoints pour me faire passer un alcootest. Je me prête au jeu, ne disant rien.

« 0.12, eh bien eh bien, » sourit le Shérif.

« Je demande une prise de sang.

— Pourquoi ? Ce résultat est plus que suffisant.

— À la vitesse d'élimination de l'alcool dans le sang et vu le temps que j'ai passé dans vos locaux, il est impossible que j'ai un taux de 0.12 à moins d'avoir été dans un coma éthylique, et même là... La présence d'alcool peut être détectée dans le sang jusqu'à douze heures après sa consommation. Une prise de sang révélera que je n'ai pas d'alcool dans le sang, puisque je ne bois pas.