10 : Evna & Jace - Trois sœurs

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Evna

Le cœur battant la chamade, j'essayais de me remettre de mes émotions. J'ouvrais la porte timidement.

- Salut, dis-je alors.

- Salut... Ça va ? Par rapport à Desi je suis désolée... Elle n'aurait pas dû...

- Desi ? Oh euh oui euh...

- Tu es sûre que ça va ?...

- Oui, désolée, moment d'absence.

- Okay... Euh... Vous devriez vous voir, discuter.

- Ouais... t'as peut-être raison.

Je guettais la porte, intérieurement, j'espérais qu'il soit toujours là. Parce que malgré mon désir de réconciliation avec ma sœur, je ne savais pas du tout comme gérer cela.

- Elle est là... Avec moi.

- Pardon ? m'exclamai-je.

Au même moment, Desideria entre.

- Oh génial... murmurai-je.

- Euh... Tu n'avais pas à être aussi méchante avec moi, Evna, s'offusque Desi.

J'éclate d'un rire franc.

- Parce que toi, tu as toujours été gentille ?

- Je sais bien que non ! Mais essaye de me comprendre ! J'avais tant d'espoir pour toi, j'avais placé toute ma confiance en toi ! Et tu as tout gâché !

- C'est plutôt à toi de me comprendre, Desideria. Imagine qu'une sœur te donne l'amour d'une mère qui est morte à cause de toi. Elle est devenue ta personne préférée au monde. Et puis un jour, tu la déçois alors que tu n'as rien voulu ! Je n'ai pas choisi que tout le monde croit que je sois l'Enfant de la Lumière et encore moi de ne pas l'être ! Je sais que je t'ai déçu, je sais que si tu me haïssais pas pour la mort de maman, c'était uniquement grâce à la légende. Mais moi j'y ai cru, moi j'ai cru que tu m'aimais. Pour de vrai, par pour une réputation.

- Je ne... je t'ai aimé pour de vrai !  proteste-t-elle.

- Non, et au fond de toi, tu sais très bien que c'est faux. Tu savais que grâce à la légende, j'allais avoir un nom, et tu voulais que je t'en donne un. Tu as fait cela pour ton propre intérêt. Jamais, au grand jamais tu m'as vu comme ta petite. Soit j'étais l'Enfant de la Lumière, soit celle qui avait tué ta mère.

Je ne sais pas comment je fais pour ne pas pleurer. Alors que mon cœur me supplie de hurler, de craquer.

- Notre.

- Quoi ?

- C'est notre mère, Evna. Tu es ma petite soeur... je... je sais que je n'ai pas toujours été tendre avec toi. Mais personne ne l'a été ! Tout le monde parler dans ton dos ! Même Delya et Luncan !

- Desi ! s'horrifie Delya, confirmant les paroles de sa jumelle.

- Quoi ? C'est la vérité ! Je refuse d'avoir le rôle de la méchante alors que je ne suis pas la seule ! Vous l'avez tous été ! Vous avez juste été hypocrites à parler dans son dos ! Moi je lui parlais directement. - Elle se reconcentre sur moi. - Oui, ce que tu as dit est vrai, Evna. Je t'ai aimé que pour ton rôle, et tu m'as déçu à un point que tu ne l'imagines même pas.

- Arrête ! Je ne suis pas hypocrite !

- Si, tu l'es Delya ! Elle a déçu tout le village ! Même papa ! Même maman devait être déçue !

- Vous êtes de sacrées idiotes, déclarai-je.

- Evna ! proteste Delya.

- Ferme-la toi aussi ! J'ai accepté de vous parler parce que malgré cette putain d'hypocrisie dont vous avez tous fait preuve, j'ai l'espoir qu'on se réconcilie ! Je pense que maman serait plus déçue de nous voir comme cela, que moi je l'ai déçue.

Elle reste silencieuse.

- Alors je propose une chose, continuai-je. On va chacun dire une chose qu'on hait chez les autres, et une chose qu'on apprécie. 

- Je commence... murmure Desideria. Delya, je te trouve hypocrite, tu me fais passer pour la méchante alors que tu es presque pire que moi ! Mais... je trouve que c'est très courageux les responsabilités que tu as pris à la mort de maman. Evna, tu le sais, mais je suis déçue de toi. Mais malgré tout cela, tu es la plus courageuse d'entre nous tous. Tu t'es servie de cette hypocrisie pour devenir une chasseuse hors pair ! Et sans toi, on ne mangerait pas autant bien.

- Desideria, je te trouve tout autant hypocrite, continue Delya. Le souci c'est que toi, tu l'as laissé espérer être importante alors qu'à tes yeux elle n'était rien ! Tout ce qui t'importe, c'est toi-même ! Mais je suis contente de voir à quel point tu peux être sincère... et... merci d'avoir dit ce que j'avais parce que moi, jamais j'aurais osé. Evna, je ne t'en veux pas vraiment de ne pas être l'Enfant que tout le monde voulait que tu sois. Je t'en veux pour maman, parce qu'on était proches elle et moi. Elle me jouait souvent du violon, ce que tu faisais aussi. Mais au final, plus aucune de vous deux ne le fait. Sinon... j'imagine que c'est appréciable que ce besoin de réconciliation vienne de toi.

- Ok, il ne reste plus que moi, soufflai-je. Desideria, je t'en voudrais toujours de m'avoir manipulé comme ça. Delya, je viens d'apprendre qu'au final que tu n'es pas si différente d'elle, et ça me blesse, mais au final vous êtes jumelles, alors rien d'étonnant. Mais j'avais confiance en vous alors que je n'aurai pas du. Sinon, Desideria, je te remercie de m'avoir offert une sœur incroyable, et ce, pendant dix-huit, même si aujourd'hui, j'ai été déçue par celle-ci. Delya, je te remercie de m'avoir offert une sœur tout autant incroyable depuis maintenant trois ans.

La grande horloge sonna, signant minuit.

- Joyeux anniversaire, mes sœurs, déclarai-je alors.

Les deux sourirent alors. Ce soir, du moins, ce matin du huit septembre, Delya et Desideria Swan venaient d'avoir vingt-huit ans.

- Merci, petite sœur.

Mon cœur vacilla, tandis que mes oreilles ne savaient pas comment digérer cette information.

Parce que ce n'était Delya qui avait parlé. Delya, elle, contemplait ses pieds. Parce que ce soir-là, la sœur qui m'avait remercié, ce n'était pas elle, mais Desideria, comme si nous étions revenus six ans auparavant. Comme si tout le monde avait encore de l'espoir.

Aujourd'hui l'espoir n'existait plus, jamais je ne serai cet Enfant.

Mais aujourd'hui, nous étions trois sœurs. Que rien ne séparera.

Jace

Assis contre la porte de la salle de bain depuis pas mal de temps, je me levai enfin, un sourire sur le visage. Peut-être que je détruirai Evna, après tout, je me l'étais promis. En attendant, Evna avait besoin de ses sœurs.

Je sortis de ma chambre, ce que je ne faisais jamais sans raison valable. Mais, ce soir, j'en avais une.

Je gagnai lentement, mais déterminé le balcon, Ozria était là, lisant un livre, Elwyn à ses côtés.

- Jace ? s'étonna mon frère. Tout va bien ? C'est rare de te  voir !

- Tu lis quoi ? hasardai-je.

- Oh ? Euh... le conte de l'Enfant Joli.

- De quoi cela parle ?

- Oh euh....

- Assieds-toi Jace, ordonna Ozria. Elwyn, passe-moi le conte, je vais vous le lire, comme autrefois.

Nous nous exécutons tous deux. Elwyn me lance un regard rempli de joie, cela fait si longtemps que nous n'avons pas passé un moment ensemble.

- Il était une fois, commence la reine. Le Drac, le drac était l'enfant du Diable. Il était une fois, l'Enfant Joli, qui était monté sur un pommier, il vit un loin, un cavalier s'approcher, il était entièrement vêtu de noir...

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NDA

... J'ai officiellement atteint les 1 000 vues sur Princesse de Sang-mêlée, je suis tellement fière bon sang ! Merci tellement d'avoir lu cette histoire ! Je ne sais pas si Obsession Et Rédemption arrivera à son hauteur, je l'espère. Je commence 2024 avec une immense fierté :) Et vous ? Comment ça va depuis l'année dernière ? Je sais, je le poste en retard, là dessus, vivement la rentrée pour que je reprennes mes marques !

Obsession Et RédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant