Obsession Et Rédemption

08 : Evna - Deux anciennes sœurs

Des coups forts contre ma porte me réveillèrent.

- Mademoiselle ! Il est l'heure, nous vous attendons dans la salle, s'exclama Jacob.

- Jacob ! cria Elwyn. Tu as retrouvé Jace ?

- Non. Personne ne l'a aperçu ?

- Non... je m'inquiète vraiment. Il a disparu.

J'entends leurs pas s'éloigner.

Jace avait disparu ?

-  Ils sont bruyants... murmura le fameux disparu contre moi.

Je clignai plusieurs fois les yeux, me rappelant de la soirée.

- Normal, tu as disparu.

- Si disparaître me permet de vivre cela, je veux bien disparaître plus souvent.

Je ne savais pas de quoi il parlait, mais étrangement, je ne me sentais pas prête à savoir.

- Hé, Jace ? l'interpellai-je.

- Oui, petite chose ?

- Tu veux savoir deux choses ?

- Je suis tout ouïe ?

- Premièrement, je ne suis pas ta petite chose. Et secondement, c'est ma chambre, pas un hôtel.

- Tu me mets à la porte ?

- Hum... oui ?

- Pétasse.

- Connard.

- Petit insecte.

- Petit égoïste.

- Hé Evna ! fit Delya en ouvrant la porte.

Je remonte la couverture sur le visage de Jace.

- Delya ! Tu pourrais toquer.

- Je suis ta sœur, et puis on est entre filles.

Ça reste mon intimité...?

- Bref, que veux-tu ? demandai-je.

- Que dirais-tu que nous passions par la forêt de Dendjis, ce soir ? J'ai entendu que leurs fruits étaient délicieux !

- La forêt de Dendjis ? Je n'en ai pas entendu parler...

Jace bougea un peu à mes côtés.

- Je... Laisse-moi me préparer, le temps d'y réfléchir, et je te donne ma réponse. Cela te va ? proposai-je.

- Oui ! À toute de suite !

Delya s'en va en fermant la porte, tout excitée.

- N'y allez pas, déclara Jace en sortant de sous la couette. Les forêts du nord-ouest d'Arvena sont infesté de Gobelins. Rendez-vous au lac d'Hanghal, c'est beaucoup plus calme et sauf.

- Dixit l'homme qui a essayé de me tuer, plaisantai-je.

- Evna... Je... Par rapport à ça...

- C'est bon. Ne t'en fais pas.

Est-ce que je lui pardonnais vraiment ? Non. Mais s'il y a une chose que je retenais de ma vie, c'est : tu peux faire croire ce que tu veux, du moment que c'est dans ton intérêt.

Mentir à Jace était peut-être dangereux. Mais j'aimais le risque. Et je gardai une rancœur en moi qu'il ne pouvait imaginer.

Mais d'une autre façon, Jace me fascinait, de façon incontrôlable. Comme s'il m'hypnotisait. Mais il n'avait rien dessiné, si ?