Chapitre 3 : Le jouet de bois

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- Vous êtes contents de vous ?! Vous l'avez cassé maintenant !

La grande sœur montra le jouet en bois sous la figure des deux garnements, qui la regardait avec un air dédaigneux, n'ayant pas oublié la façon dont cette dernière les avait traité plusieurs minutes plus tôt. Elle pointa du doigt le bras gauche et la bouche du jouet en bois. Le bras pendait dans le vide après que la colle le retenant au corps fut détachée, tandis que la bouche de la sculpture en bois s'ouvrait et se fermait sans que le mécanisme qui actionnait les dents ne puisse les retenir en contrepartie. Les grands yeux fixes et peints d'une couleur vert pomme semblaient avoir tenu le coup, tout comme les cheveux noirs et le chapeau militaire vert menthe, le tout laqués par du vernis. Seule la peinture rouge qui donnait naissance à un uniforme militaire sur la figurine de bois semblait avoir pris un léger coup par les chamailleries des deux jumeaux. En regardant de plus près le petit bonhomme de bois, Clara eut une impression de déjà-vu. Mais ses pensées furent vite interrompues par les retours acérés de ses frères à son égard :

- Qu'est-ce-que ça peut te faire, de ce qu'il nous arrive de toute façon ?!

- Tout ce que tu sais faire, c'est nous disputer et nous envoyer bouler !

- Alors autant que tu fasses toi-même la chose que tu nous dises souvent : mêles-toi de tes affaires !

- Les enfants ! Qu'est-ce-que c'est que ce comportement ?!

Ne pouvant rester sans rien faire, la marraine intervint dans la conversation et s'immisça entre sa nièce et ses deux neveux, le regard sombre. Fixant tour à tour les enfants, c'est Christian qui répondit le premier :

- C'est Clara qui a commencé !

- Mais c'est vous qui avez cassé le jouet !, rétorqua la jeune fille.

- Et toi, tu nous grondes tout le temps et pour rien !, répliqua Tommy de plus belle.

- Ça suffit maintenant !, stoppa net la marraine. Si je suis venue vous voir ce soir, c'était surtout pour profiter d'une soirée qui me permette de vous voir tous ensemble ! Pas vous voir en train de vous déchirer plus que nécessaire !

- Ha ! Ben parlez plutôt de Clara dans ce cas !, dit soudainement Christian. S'il y a bien un truc qu'elle sait faire, c'est déchirer tout et n'importe quoi !

- Mais qu'est-ce que vous racontez, enfin ?

- Vous n'avez qu'à lui demander, marraine Drosselmayer !, répondit Tommy en regardant sa sœur d'un œil mauvais. Elle semble douée pour dire les choses à sa façon !

- Christian ! Tommy ! Ça suffit, maintenant !

- Laissez tomber, marraine. Ce sont des crétins, c'est tout...

La réponse presque blasée (quoique triste) de Clara, offusqua la marraine qui regarda de nouveau la paire de jumeaux devant elle. Ces derniers partirent, en se promettant de remettre à plus tard leur jeu premier lorsqu'il n'y aurait personne autour d'eux pour les embêter. Les enfants hors de son champ de vision, la marraine regarda Clara, qui s'était réfugiée l'espace de quelques instants sur son téléphone portable. La marraine se doutait que les tensions dans la famille de cette dernière s'étaient davantage présentées à la mort de Marie, mais elle ne s'attendait pas à quel point.

- Ma chérie, il s'est passé quelque chose de grave entre toi et tes frères ?, demanda-t-elle. Vous vous entendiez pourtant très bien, malgré les peu de fois que je vous ai vu.

Casse-Noisette : Une histoire réinventéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant