Casse-Noisette : Une histoire réinventée

Chapitre 14 : Touché-Coulé !

Sans trop tarder, un nouveau sifflement se fit entendre aux oreilles des deux voyageurs, signe que les rats retentaient l'assaut. Casse-Noisette se leva brutalement de son siège du bateau et tira son épée, tout en gardant appui comme il le pouvait sur la barque qui tanguait un peu plus à chaque coup de canon atterrissant dans l'eau rosée.

- Tenez-vous bien, Clara !, cria le soldat à la jeune fille. Quelque chose me dit qu'ils ne vont pas se contenter de quelques coups !

- Ce sont bien des canons ?!, demanda-t-elle tout en s'accrochant au bastingage.

- Oui ! Mais imprégnés de magie noire ! Alors soyons prudents ! Ils ne tarderont pas à employer d'autres moyens pour nous déstabiliser !

La peur et l'anxiété grimpait doucement en Clara. Elle n'imaginait pas que les rats puissent utiliser de tels moyens pour essayer de les arrêter. En regardant autour d'elle, cherchant désespérément l'endroit d'où étaient tirés les coups de canons, elle fixa l'herbe verte de la forêt. Près d'elle se trouvait des fragments de canons imprégnés de magie noire, dont la couleur verte et chaleureuse basculait en un instant en un vert terne et morne, et la terre s'incrustant dans son propre sol par le choc de l'impact. En regardant les impacts les plus proches de l'eau, voire ceux qui plongeaient directement dans celle-ci, Clara eut l'impression de voir l'eau se changer en un rose bien plus pâle que celui qu'elle côtoyait depuis le début de leur trajet. Partant presque vers du blanc. Le stress tendait un peu plus la fille, qui évitait tant qu'elle le pouvait les impacts de branches et de terres imprégnés de magie noire par les coups de canons, malheureusement pour elle par la seule protection de ses bras. Et hélas, Casse-noisette non plus n'en était pas en reste. N'ayant pas d'ennemis physiques à arrêter par la pointe de son épée, il ne pouvait l'utiliser que pour repousser les quelques branches qui s'approchaient trop près du bateau. Il essaya même de se servir de sa lame pour s'éloigner du bord en la plantant au plus près du bord ou en essayant de faire avancer leur moyen de transport. Hélas, il dû vite arrêter avant de se retrouver avec une lame plus qu'émoussée, voire cassée, sans que personne ne puisse la réparée ou lui en offrir une autre pour se défendre face aux rongeurs.

Après quelques instants de flottements, un inquiétant silence retentissait dans les environs. Pas un chat ne se promenait. Ni même une mouche ne volait. Clara et Casse-Noisette quant à eux, étaient aux aguets. Ils craignaient ce silence. Surtout avec l'appréhension de ce qu'il allait leur arriver par la suite, et sur ce qui allait leur tomber dessus d'un instant à un autre. Les rats préparaient-ils une nouvelle offensive, plus puissante que les précédentes ? Ou au contraire, allaient-ils faire front malgré que les deux voyageurs se trouvaient sur une voie d'eau, élément que les rongeurs semblaient craindre dans ce monde ? Au bout d'un moment, ils eurent leur réponse. Et hélas, leur deuxième hypothèse se réalisa. Doucement, des couinements se faisaient entendre au loin, ainsi que des petits bruits de pattes qui crissaient sur les branches et brindilles composant la forêt.

Sans perdre un instant, Casse-Noisette lança à Clara :

- Clara, utilisez les rames pour faire déplacer la barque au plus près de la rivière ! Ils arrivent, et ils semblent être nombreux !

Comprenant que la situation se mettait doucement à tourner en leur défaveur, la jeune fille chercha les rames, cachées au fond de la barque. Elles ne devaient servir qu'au moment où les deux comparses arriveraient au Lac Limonade afin qu'ils puissent le traverser sans trop d'encombre. Désormais, elles serviraient autant pour se déplacer sur la rivière Rosée que pour se défendre, en particulier entre les mains de Clara qui contrairement au soldat, ne portait aucune épée sur elle. Tenant une rame à deux mains, la file se mit elle aussi debout et essayait de garder un équilibre malgré le peu de place qu'offrait la barque. Dirigeant le manche de l'outil maritime vers le bord de la rivière, elle poussait de toute ses forces contre le talus vert menthe pour les entrainer elle et Casse-Noisette le plus au large possible. Tandis qu'au loin, les bruits de pas des rats se faisaient de plus en plus insistants.