Chapitre 16 : Une flamme

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Assise devant sa coiffeuse, l'esprit de Clara était toujours aussi embrumé depuis l'instant où elle avait mis les pieds dans cet immense château. La vision de cette Fée Dragée, la personne qui occupait tous les buts de Casse-Noisette afin qu'elle l'aide dans sa quête ultime... Ressemblait comme deux gouttes d'eaux à Marie, sa propre mère. Elle ne savait même pas comment décrire cet instant où elle l'avait vue. De la joie ? De la tristesse ? Du choc ? De la sidération ? De la honte ? De l'anxiété ? Elle ne savait même pas comment expliquer ce qu'elle avait ressenti en la voyant. C'était comme revoir... un fantôme. Un fantôme qui paraissait si près de nous, et en même temps... Si lointain. Était-ce normal que la Fée portait cette apparence ? Était un coup du hasard, auquel cette personne ne pouvait rien faire d'autre que d'être le reflet de quelqu'un d'autre ? Ou au contraire, est-ce-que le Pays des Confiseries la mettait à l'épreuve en la faisant jouer davantage avec ses vieux démons ? Tout paraissait si confus dans l'esprit de la jeune fille. Encore plus en étant seule, dans cette grande chambre luxueuse et lumineuse, sortie tout droit d'un livre de comte et pouvant faire pâlir n'importe quelle jeune fille de l'âge de Clara. Ou l'était-ce à partir de l'instant où la Fée l'enlaça sans crier gare, en silence et pendant plusieurs longues minutes, dès l'instant où elle la vit apparaître sur le porche de son immense porte ? Après plusieurs longues minutes à fixer un point fixe sur la table retenant le miroir, un bruit sourd se fit entendre dans le couloir, ce qui mit Clara en alerte. Le pas était feutré, presque léger. Et la brune compris qui venait la voir.

Son cœur se mis à battre plus vite. Comment devait-elle l'aborder ? Où cela allait-il la mener ?

La porte s'ouvrit alors, l'empêchant de trouver une réponse logique à ses questions.

- Bonjour, Clara., dit calmement la Fée Dragée, comme si elle paraissait aussi tendue que Clara pour l'aborder. Ta chambre te plaît-elle ?

- B-Bonjour..., répondit la brune, balbutiant malgré elle. Oui, elle est parfaite. Merci de me la... prêter.

- C'est normal., souri la Fée en s'installant gracieusement sur un petit pouf près d'elle. Tu as pu te remettre d'aplomb avec les soins ?

La jeune fille acquiesça. Elle n'osa pas avouer cependant qu'après avoir reçu cette superbe chambre en guise de quartiers privés, elle ne s'attendait pas à ce que des domestiques du château l'aide à prendre un bain, comme elles feraient habituellement pour des princesses de conte de fées. Hormis quand elle était vraiment toute jeune et qu'elle avait besoin d'aide, personne d'autre n'avait touché à son intimité d'une manière aussi calme et naturelle que le faisait ces servantes du palais. Le bain était parfait, agréable en tout point et Clara s'était sentie revivre après toutes ces épreuves affrontées jusqu'à maintenant. Le baume appliqué sur ses griffures lui ont permis de guérir entièrement sans laisser la moindre cicatrice visible sur son corps. Pour couronner le tout, les vêtements qui lui ont été fournis – une jolie blouse blanche sertie une jupette portefeuille transparente et d'un legging de la même couleur ainsi qu'une nouvelle paire de ballerine toute aussi blanche et immaculée que ne l'étaient déjà -, lui allèrent comme un gant et étaient d'une sensation si douce et confortable qu'elle se demanda si elle allait réussir à s'en débarrasser un jour. Puis vint le moment où on la coiffa, les domestiques arrangeant ses longs cheveux bruns en cascade dans son dos et en complimentant la brune de leur souplesse et de leur belle couleur.

Jamais Clara ne s'était sentie aussi chouchoutée qu'en ces lieux. Et elle sentait bien que la Fée Dragée n'avait aucune mauvaise intention ni envers elle, ni envers le soldat. Du moins, c'est ce dont elle s'efforçait à vouloir croire. Autrement, la chute du rêve au cauchemar pourrait être terrible. Les deux femmes ne se disaient rien, se scrutant seulement par moments sans vouloir briser la glace. Lorsque la Fée eut offert l'hospitalité à la brune et à son ami de bois, Casse-Noisette lui raconta que Marie n'était plus, et le lien qu'entretenait Clara et cette dernière. La brune avait d'ailleurs juré entendre des sanglots au bout du couloir, juste avant qu'elle n'entre dans la chambre les yeux rougis... Et elle ignorait totalement comme aborder un sujet aussi délicat que la ressemblance frappante de la Fée avec sa mère, alors que son hôte venait tout juste d'apprendre la disparition de cette dernière, et que le passé allait forcément refaire surface en un rien de temps. Mais elle sentait qu'elle devait le faire et vite...

Casse-Noisette : Une histoire réinventéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant