Casse-Noisette : Une histoire réinventée

Chapitre 21 : Tous les sauver

Le son retentissait toujours un peu plus dans la pénombre. Au point qu'il était le seul chant retentissant dans cette torpeur sinistre. Il devenait de plus en plus fort, au point de remplacer le bruit des larmes de Clara qui tombaient au sol.

Regardant autour d'elle, malgré ses yeux embués, elle vit une toute petite lumière briller au sol. Marchant à quatre pattes, les jambes lui paraissant coupées par l'émotion et le stress, elle se dirigea vers la mince source de lumière. Au fil de son avancée, elle reconnut la forme de son téléphone, posé au beau milieu de l'environnement d'ébène, et brillant sans cesse par la notification de l'alarme de la clochette.

Après s'en être emparé les doigts tremblants, elle se retrouva à nouveau dans la solitude après avoir éteindre le son répétitif de l'alarme. Mais le silence n'était que de courte durée, car elle reçut une nouvelle notification. Celle d'un message de son allié mystérieux.

Appuyant à nouveau sur la barre de notification, elle lut un message de « D » :

- D : Regarde la jusqu'au bout.

En dessous de ce mystérieux message, un encadré avec une image floue et portant un triangle à l'envers.

Une vidéo.

La brune ne savait pas qu'il était possible d'envoyer et de visionner des vidéos malgré un réseau particulier d'un monde à un autre. Sa curiosité la poussant un peu plus, elle appuya, les doigts toujours fébriles, sur l'image floutée tandis que cette dernière grossissait et se mit en plein écran sur le téléphone de Clara.

Elle reconnut aussitôt le sens des images visionnées. Bien qu'elle n'eût jamais vu cette vidéo auparavant...

C'était elle. Au spectacle de danse de Noël d'il y a deux ans, avant qu'elle ne décide d'aller au conservatoire et d'abandonner la danse classique plus tard.

Elle était habillée dans une jolie robe de danse rouge, légère et tournante, et accomplissait une chorégraphie inspirée du conte « Un chant de Noël » de Charles Dickens. Clara y interprétait un sujet dansant de « l'Esprit des Noël Présent », autour d'un décor somptueux et joliment décoré, représentant les spécialités et les richesses de l'Esprit.

Elle exécutait ses pas au rythme de la musique et dans une synchronisation parfaite avec ses camarades de danse, avec un sourire sincère et figé tout le long de la chorégraphie. Ce n'était pas un rôle très important, mais elle se moquait éperdument de cela.

Même un rôle de troisième plan lui suffisait. Un arbre. Un buisson. Tout lui allait, et elle parvenait toujours à retranscrire l'émotion à travers ces choix de rôles minimes. Tels étaient les propos de Mademoiselle Cassandre, la prof de danse de Clara.

Tandis que l'acte se terminait, et que Clara exécutait ses derniers pas, une voix se fit entendre derrière la caméra :

- « Je suis tellement fière d'elle. C'est vraiment ma fille. »

La caméra tourna alors vers celle qui prononça ces mots. Le visage fin et les longs cheveux blonds de Marie apparurent devant l'objectif de la caméra, ce qui choqua un instant Clara, fixant fermement son téléphone. Marie était rayonnante, et avaient des larmes perlant au coin des yeux. C'était il y a si longtemps aux yeux de la brune qu'elle n'avait pas vu ce regard, même derrière un écran.

Marie continua de parler, en regardant avec autant d'attention la scène qui se trouvait sous ses yeux :

- « Elle a quelque chose qui la rend unique lorsqu'elle danse. Encore plus que moi. Cela se sent qu'elle est faite pour ça. Bien plus que je ne l'ai été plus jeune. Elle réussit chaque rôle qu'on lui donne et elle parvient toujours à retransmettre ses émotions, qu'importe les émotions !