Si les larmes de Clara pouvaient s'apparenter à des fontaines ou des rivières de larmes, elle, avait plutôt la sensation d'en délivrer des cascades entières sur le lit de sa chambre. À travers le labyrinthe qu'était le Château de Cristal, la brune ne savait toujours pas par quel miracle elle était parvenue à se souvenir du chemin menant à sa chambre avec ses yeux aveuglés par les perles salées qui sortaient de ses yeux. Serrant fermement des coussins au point de vouloir les étrangler, elle rageait et bouillonnait davantage de tristesse que de colère. Envers le monde. Envers lui. Mais aussi et surtout envers elle. Comment cette soirée qui s'annonçait aussi belle en perspective qu'en vérité a-t-elle pu s'achever d'une manière aussi douloureuse ? Et comment Casse-Noisette avait-il pu évoquer le nom de sa mère encore une fois ? La notoriété de Marie dépassait de loin tout ce que Clara avait pu imaginer au sein du Pays des Confiseries, elle n'en avait aucun doute. Après tout, sa notoriété était déjà grandissante lorsqu'elle était encore vivante et pleine de vie au sein du vrai monde. Mais là... il ne s'agissait pas de sa mère, ce soir. Mais d'elle. Et seulement elle.
Était-ce trop égoïste que de demander à être le centre d'une soirée envers quelqu'un même pour un seul soir ?
Elle avait envoyé bouler un garçon dont elle pensait la personnalité différente de tous ceux qu'elle avait pu connaître. Elle se maudissait intérieurement d'avoir fait cela, mais c'était au-dessus d'elle. Le surplus d'entendre le nom et la bonté de sa mère en continu, et peut-être l'idée de ne pouvoir se libérer d'un sort qui a réduit sa taille de trois fois par une soi-disant magicienne devait avoir eu raison de son humeur de tout à l'heure. Elle en avait assez de se sentir inférieure à celle qui s'avérait aussi être son modèle et son roc dans les pires situations. Étais-ce normal de haïr sa mère ? Alors qu'elle était tout pour elle ?
Clara ne savait plus quoi penser. Ni comment penser.
Elle était tout simplement perdue...
Un vrombissement dans un coin de sa chambre retentit. Cela venait de sa coiffeuse. Ou plus exactement, du réticule caché derrière sa coiffeuse. Sachant déjà ce qui allait suivre, la brune se leva la mort dans l'âme, pour découvrir ce que lui voulait encore et toujours le seul contact qu'elle possédait dans son téléphone.
D : Ne t'éloignes pas de Casse-Noisette !!
Agacée de lire ce nom, elle répliqua nerveusement sur son téléphone.
Clara : Fichez-moi la paix !
Elle était sur le point de reposer son téléphone qu'u nouveau message survint peu de temps après qu'elle l'eût envoyé :
D : Je t'en conjure ! Ne vous éloignez pas l'un de l'autre ! Surtout pour lui ! Ne le laisse surtout pas seul !
Clara : Je vous ai demandé de me laisser tranquille !
D : Il est en dang-... !
Posant son téléphone face contre la coiffeuse de sorte à ne plus voir l'écran, la brune poussa un petit cri de rage. Il fallait vraiment qu'il se mêle de ce qui ne le regardait pas celui-là ?! Et comment pouvait-il être au courant de tout ce qu'il pouvait se passer en ce moment chez elle ?!
S'asseyant sur sa coiffeuse, elle se regarda dans le miroir. Elle était toujours bien apprêtée, mais se sentait hideuse. Ou plutôt... elle se sentait misérable. Et c'était bien le mot pour elle.
Plus elle se fixait dans le miroir, moins elle arrivait à se regarder dans le blanc des yeux. Ils finirent par se baisser, jusqu'à voir à travers la glace le petit collier qu'elle portait autour du cou, offert par la Fée Dragée avant le début des festivités. Elle prit le pendentif du pouce et de l'index, puis regarda la petite pierre à travers son reflet en poussant un soupir.
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Casse-Noisette : Une histoire réinventée
FantasyClara Stahlbaum est une jeune fille de 17 ans, encore troublée par la perte récente de sa mère, Marie. Préférant rester cloîtrée dans sa chambre à utiliser son téléphone portable et ses réseaux sociaux, elle n'a pas le cœur à la fête malgré que ce s...