Chapitre 1

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Si la discrétion avait un visage, je suis sûr que ça serait le mien malgré que je sois assise à côté de mon patron très influent. Je prends note de ce que ses investisseurs demandent pendant une heure, enregistre même, pour que je ne puisse rien oublier. Et ça sans qu'un mot ne sorte de ma bouche, sans gigoter ou faire grincer ma chaise tout en examinant le langages corporels des personnes assis à notre table. C'est une réunion bien trop importante pour mon boss. Le plus gros projet de sa vie et de la mienne au passage. Je pense que je suis dans le même niveau d'angoisse que Siméon.

Je range mon stylo à l'effigie de mon plat préféré : la pizza. Et range mes affaires dans mon sac. Le temps que monsieur Justir salue chaleureusement ses investisseurs, je lui fais couler un café noir que je glisse dans sa main une fois la porte fermé. Il me remercie d'un signe de tête. Nous marchons côte à côte.

"-Chantal n'est pas très emballée par le projet. Elle avait les yeux plissés et les bras croisés tout le long. Elle était avachis sur la chaise et n'a pris aucune note. Elle va nous lâcher.
-Elle a posé des questions. Dit il en rentrant dans son bureau. C'est un gros projet qui peut faire peur.
-J'ai entendu dire quand je servais le café qu'elle avait eu un entretien avec Adrien.
-Non, tu déconnes ?

Je lui réponds par la négative d'un signe de tête. Ses lèvres se plissent avant de passer une main dans ses cheveux. Il est 11h du matin et je suis persuadé que dans trois heures à tout casser il aura un début de cheveux gras. C'est toujours pareil quand il commence à angoisser.
Il s'assoit à son bureau et je fais de même. Je préfère faire mon rapport sur la réunion à chaud , je suis sûr de ne rien oublier. Je n'oublie jamais rien.
Mon téléphone vibre sur mon bureau.

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De : Maman
A : Ambre
A quelle heure viens -tu pour Noël ?
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Je soupire malgré moi. Ça fait des années que je n'ai pas revu ma mère. J'ai tout plaquer à l'obtention de mon diplôme à mes 22 ans, il y a 5 ans maintenant. J'ai quitté le nord de la France pour m'installer à Paris et heureusement pour moi Siméon venait de poster une annonce d'offre d'emploi. Il était seulement cuisinier à cette époque là, il avait besoin d'un réceptionniste. J'avais un diplôme de secrétariat mais j'ai quand même postulé. Payé au SMIC, pas grave, j'avais besoin d'argent pour ne pas dormir dans la rue. Et nous voilà ici, 5 ans plus tard. On peut dire que nous avons évolué ensemble. Mon salaire a doublé et lui a du triplé. Je lui dois tous. On a tout appris sur le tas, des jours et des nuits de travail. Il est devenu un homme d'affaire sans même le vouloir et s'en même s'en rendre compte.

"-Qu'est ce qui te rend nerveuse ?
-Je ne suis pas nerveuse.

Il fait un geste du menton me montrant l'élastique que je fais claquer contre mon poignet. Je connais toutes ses petites manies, il connaît toute les miennes.

-Bon, on y vas ?

Il sait que je ne parlerai pas. J'opine, enfile mon manteau long et mon écharpe. J'ai littéralement loupé mon permis cinq fois et conduire m'angoisse. Je l'ai quand même obtenu au sixième essai en faisant une crise d'angoisse. Depuis que je travaille pour le brun, c'est lui qui conduit. Au prix de sa Mercedes, il vaut mieux. Je l'ai conduite très peu de fois et elle a trop de chevaux dans le moteur. Je préfère largement ma petite fiat 500, rose. Ce qui me vaux bien des moqueries de la part de mon patron. Une voiture de pouffiasse pour une femme bien caractérielle celon ses dire. Pour lui j'aurais dû prendre une voiture avec plus de caractère.

Nous arrivons devant le restaurant assez rapidement. J'ai faim ! Un bon déjeuner d'affaires.
Je repère la voiture de notre client. Ça fait déjà deux fois que nous le rencontrons, j'espère que la signature se fera aujourd'hui. Trois fois qu'il me fait modifier le contrat, si je dois le refaire une fois de plus je lui fais manger.

Mon patron m'ouvre la porte comme à son habitude. Les employés ne sont pas surpris de le voir aujourd'hui. Il part tous les saluer pendant que je sers la main de monsieur Targat et m'installe avec mon calepin. Siméon arrive et le salut aussi d'une poignée de main chaleureuse. Dans notre duo, il est clairement le plus sociable, heureusement me diriez-vous. Mais j'ai beau être sa secrétaire personnelle, les clients savent très bien que je suis bien plus dur que mon patron, je ne suis pas là pour faire la discussion avec eux, sourire à en avoir des crampes aux joue et ils savent bien que  si je leur refuse un rendez-vous un jour précis, c'est non. Je ne vais pas modifier tout notre planning pour leurs beaux-yeux. Et surtout tout le monde sait que je prends bien plus de décisions qu'une simple sécuritaire personnel n'a le droit. Siméon me considère plus comme une associée mais qui note tout en même temps comme ça il peut garder ses mains dans ses poches. Beaucoup disent qu'ils leurs faut séduire sa secrétaire avant monsieur Justir. Ils peuvent toujours essayer. Je jette un coup d'œil à la Relex de mon patron : midi-trente pile. Parfait. Tourner mon poignet pour regarder l'heure pourrait être pris comme un manque de respect. Mon boss a pris l'habitude de mettre sa montre de façon à ce que je puisse toujours la voir. Je suis toujours à sa droite.
Nos commandes sont prises et je sais très bien qu'on sera servis dans les dix prochaines minutes. L'avantage d'être dans le restaurant du boss. Son tout premier, là où tout à commencé. J'ai même aidé pour la peinture et visser les tables.

"-Avez-vous réfléchi à ma nouvelle offre ? Demande mon patron après quelques questions de formalités et que nos plats soient apportés.
-Et bien, elle est très généreuse mais c'est un bien familial...

Je me retiens de lever les yeux au ciel. La jambe de mon boss s'agite légèrement sous la table. La situation l'énerve. Il est capable de quitter le déjeuner parce que la situation est coincé et qu'il est sur les nerfs. Il me lance un sourire discret quand il me voit du coin de l'oeil manger plus vite. J'ai faim moi ! Et ce repas est délicieux, je n'ai pas envie de partir le ventre vide.

-Ecoutez cela fait deux fois que je vous fais une offre. Je vous propose plus que l'estimation de votre bien. Je ne proposerai pas plus. Maintenant c'est à vous de me dire si oui ou non vous acceptez mon offre. Une fois que je passerai la porte de mon restaurant, je ne reviendrai plus vers vous si vous ne voulez pas vendre à ce prix.

L'homme semble réfléchir. Je fais glisser doucement le contrat devant lui. Bien évidemment sur la feuille ou apparaît le montant de l'achat 1.5 millions euros. C'est le plus gros achat de Siméon. Oui, je suis aussi sa comptable de temps en temps. Je lui tend mon stylo plume noir. Pas de pizza, je l'ai fait une fois, mon patron à cru s'évanouir, heureusement c'était un client avec beaucoup d'humour. Je ne l'avais pas fait intentionnellement.
L'homme prend le style et me frôle les doigts sans y faire attention. Des longs frissons de dégoût me prennent. Je déteste qu'on me touche, encore plus quand c'est un homme. Le voyant hésiter encore et que le brun à côté de moi perd patience, je lui montre l'emplacement ou sa signature doit apparaître. L'homme signe enfin et j'ai envie de crier victoire, mon patron semble soulager. Le plus gros projet de sa vie peut commencer. Un hôtel-restaurant en plein Paris. Un hôtel restaurant de luxe.

Largue moi avant Noël ! (Prochain)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant