Chapitre 19

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Mes larmes redouble ainsi que mes tremblements quand la clanche se mouve. Il est une heure du matin passé et il essaie d'entrée dans ma chambre. Il toque trois coups murmurant mon prénom avant de partir. Je n'ose même pas respirer. J'étouffe un cri quand j'entends qu'il essaie de déverrouiller la serrure avec un couteau. Mon instinct de survie prend le dessus, je ne contrôle plus rien. Je sors de mon lit, ouvre la fenêtre, attrape la gouttière pour descendre déchirant mon sweat au passage. Je cours pieds nus sur le sol glacé, le froid entre en contact direct avec mon visage inondé de larmes.

J'arrive devant les locaux de Justir reprennant mon souffle, genoux à terre. Je dois ressembler à une folle.
Je me relève difficilement et tape le code pour déverrouiller la petite porte sur le côté. Je n'ai pas besoin de mon badge pour celle-ci. Heureusement sinon j'aurai fini la nuit dehors et jusqu'à ce qu'ils partent de chez moi. J'espère seulement que le gardien ne va pas prévenir Siméon. Car grace au code que je viens d'entrer il sait que c'est moi. J'espère aussi qu'il restera sagement chez lui et qu'il ne viendra pas me voir.

Je me laisse tomber sur mon fauteuil abattant ma capuche sur ma tête. Je crois que je n'ai jamais autant pleurer depuis des années.

"-Ambre...

Évidement.
Il habite juste à côté.

Je relève la tête, affronte son regard.
Il observe ma tenue. J'ai simplement enfilé un gros sweat à capuche moleté. Je ne me suis pas changé depuis ce matin. Lui est vêtu d'un jogging et d'un t-shirt.

-Tu saigne...

Des légers picotements se font ressentir au niveau de mon bras que je lève. Ah oui. Ce n'est pas pire que la douleur émotionnelle et psychologique que je ressens.
Ses bras s'ouvrent et je ne me fais pas prier pour me cacher dedans, le faisant reculer d'un pas. Siméon me serre si fort contre lui que j'ai l'impression que je vais totalement disparaître. Sa bouche embrasse le haut de mon crâne. Je ricane malgré moi après plusieurs minutes.

-Qu'est ce qui te fait rire ?
-C'est la première fois que je te vois en claquettes.

Il rigole à son tour, pose son menton sur mon crâne. Je me sens en sécurité avec lui, je ne sais pas comment expliquer tout ce que je ressens quand il est dans les parages.

-Je te ramène chez moi.
-Ne me pose pas de questions d'accord ? Ne me pose pas de questions s'il te plaît..."

Je lève la tête pour que nos yeux s'accrochent. Il lutte mais finit par accepter d'un mouvement de tête avant de joindre nos doigts pour m'entraîner avec lui.

Siméon habite à cinq minutes à pied des bureaux. Je suis contente de retrouver du chauffage quand je pénètre chez lui. C'est plus...cosy ? Chez lui. C'est personnalisé. C'est le bazar mais c'est agréable, chaleureux.
Le brun s'éclipse un instant avant de revenir avec des vêtements pour me les tendre.

"-Va te détendre, je vais nous préparer un truc à manger.
-Je suis tellement désolée...
-De ne pas m'avoir appelé ? De ne pas être venue sonner à ma porte ? Maintenant va prendre une douche, je vais te préparer la meilleure pizza quatre fromages de ta vie d'accord ? Même six fromages !
-Embrasse moi...

Ses mains trouvent mes joues dans la seconde pour poser ses lèvres sur les miennes. Ça fait du bien. J'ai l'impression que mon sang revient dans mon corps. "Allez va..." Fini t'il par me chuchoter avant de laisser le froid là où ses mains m'ont quittés.

L'eau brûlante qui s'abat sur moi me plonge soudainement dans une fatigue extrême. Trop d'émotions, trop de pleures et pas assez de sommeil.

Une fois habillé d'un ensemble de survêtement de mon patron et avoir vérifié que la blessure n'est que superficielle. Je sors de la salle de bain appelée par la merveilleuse odeur de fromage.

"-Mange un bout, tu as l'air exténuée.

Je ne me fais pas prier retenant un gémissement de plaisir à la première bouchée. Il est largement le meilleur pour les pizzas. Siméon s'est exactement comment faire la meilleure pizza du monde. Même les yeux fermés il ferait ça les doigts dans le nez.
Le brun ne cesse de me regarder, les fesses appuyé sur le plan de cuisine, les bras croisés. Il me demande silencieusement des explications. C'est de la triche.

"-Tu es magnifique.

J'avale de travers, toussant.

-J'ai plutôt l'air d'un sac avec tes vêtements trop grand.
-Hum...

Je fini de manger dans un silence religieux. A peine ais-je fini de manger qu'il débarrasse et nettoie la table. C'est un bordélique c'est un fait. Mais un bordélique maniaque.
Je jette un coup d'oeil à l'horloge : 2h46 du matin. J'ai terriblement envie de m'excuser mais je sais qu'il va me rembarrer comme toute à l'heure.

-J'ai une chambre d'am...
-Non.
-Non ?

Je baisse la tête honteuse. J'ai peur. Putain j'ai la peur au bide comme je n'ai jamais eu. Et si ils restaient plus longtemps ? S'il arrivait à faire en sorte qu'on se retrouve juste tous les deux et qu'il abuse encore de mon corps ?

-Dort avec moi s'il te plaît...

Mes yeux qui sont submergés de larmes de supplication. Je dois tellement faire pitié. En une seconde il est devant moi faisant pivoter le tabouret pour me mettre face à lui. Ses mains emprisonnes mon visage essuyant mes larmes avec ses pouces. Les miennes aggripent ses poignets comme si c'était ma boué de sauvetage.

-Ne me laisse pas seule , je t'en conjure Siméon...
-Jamais. Jamais, tu m'entends ?

Son front vient se coller au mien. Sa mâchoire est contractée et je sais qu'il a compris la raison de ma détresse. Du moins il en connait le nom et se retient de poser des questions.

-Je... Je t'ai... Je serais toujours là pour toi Ambre. Peu importe ce qu'il se passe. Je serais toujours là. Je te le promets.

Je papillonne des yeux pour essayer de retenir maigrement mes larmes mais le reniflement qui vient de mon nez me fait rire. Sa main prend la mienne me conduisant jusqu'à sa chambre.
Je connais son appartement par cœur. Du moins les pièces principales : cuisine, toilettes, salle/salon. Mais je ne suis jamais entré dans sa chambre. Son odeur me réconforte. Son lit défait, quelques vêtements par terre, le rideau même pas tiré. C'est à son effigie. C'est le bordel mais c'est propre et chaleureux. Moi c'est ranger mais froid.

Sa main m'abandonne pour que je puisse le glisser sous la couette. Je ne peux m'empêcher d'humer l'odeur qui en dégage, la remonte jusqu'à mon nez. Le brun sourit tout en prenant place.

-Je dois avouer que ça m'a fait étrange de me coucher sans toi. J'avais pris l'habitude que tu remplisses la place vide."

Je me glisse sur mon flan, me retrouvant face à lui. Même si mon sommeil est toujours léger et troublé, moi aussi je me suis habitué à lui.
Le brun est surpris quand je me glisse dans ses bras mais ferme quand même ses derniers sur mon corps tout en se mettant sur le dos avant de caresser mes cheveux. Il ne faut pas longtemps pour que mes paupières soient fermes.

Largue moi avant Noël ! (Prochain)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant