Chapitre 3 Ella

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Mercredi matin.

Il est déjà trois heures du matin, cela fait trente-cinq heures exactement que je me suis enfuie de mon travail. Je n'ai rien avalé depuis presque quarante heure, mon dernier repas étant celui que j'ai pris à midi au bar. Je n'ai pas vraiment faim, enfin oui et non, j'ai mal à l'estomac mais en même temps, la scène n'arrête pas de défiler devant mes yeux, me ramenant au carnage qui eut lieu sur les membres de ma famille. Je dirais que j'ai des hauts le cœur mais n'ai rien à vomir. Je suis descendue par deux fois, lorsque les lumières du parc se sont éteintes, vers vingt-trois heures puis vers une heure, pour aller boire à la fontaine puis faire ma petite commission derrière un bosquet avant de remonter me percher.

Je dois maintenant aller récupérer mes maigres bagages. Heureusement que mon expérience de fuyarde m'a apprise à ne pas disperser trop mes affaires, pour pouvoir fuir à la moindre alerte, si mon oncle venait à me retrouver. Je n'ai besoin que de cinq minutes, même pas. Juste le temps d'entrer et de ressortir, en trois minutes tout devrait être plié. Cela fait une heure que je planque au coin d'une ruelle, donnant en face de mon appartement. Cela fait une heure que je l'observe mais je ne vois rien bouger. Le bar a fermé ses portes à deux heures, depuis le noir a envahi les lieux. Il faut que je me décide, j'ai eu beau regarder à droite et à gauche, je n'ai pas vu le moindre danger. Seuls, quelques passants, des fêtards tardifs passent sur le trottoir d'en face, titubant pour regagner leur demeure. Décision est prise, je ne peux pas attendre plus longtemps, mais par contre, je ne vais pas passer de suite par la porte, je vais d'abord vérifier par mes fenêtres que mon logement est vide. Pour ce faire, je dois monter sur le toit pour pouvoir redescendre vers ces dernières. Beaucoup plus en amont, je prends les ruelles parallèles avant de traverser la route menant à mon appartement. Lorsque je pense être assez loin de ce dernier, je traverse rapidement en courant puis saute sur le premier mur de clôture, me propulsant ensuite sur le toit de la première maison que je convoitais. Je progresse, le dos courbé, les pieds posés entre chaque tuile pour ne pas en fragiliser la structure. Je saute ensuite de toit en toit, jusqu'à parvenir sur le mien. J'habite au dernier étage, ce bâtiment ne comprenant qu'un niveau. Je me couche sur les tuiles pour déterminer où se trouve la fenêtre de ma chambre. Une fois repérée, je commence à descendre, m'accrochant à la fixation de la gouttière avec mes pieds. Je suis donc la tête en bas, je pose mes mains sur la partie haute des persiennes, que je ne ferme jamais, cela me donne un appui pour pouvoir voir sans être vu. Le peu d'éclairage que donne le quart de lune me permet d'observer l'intérieur de la pièce. Elle est vide, je fais donc une acrobatie pour permettre à mes pieds de se poser sur l'appui de fenêtre puis, plaquée contre le mur, je me glisse lentement vers la fenêtre donnant sur le salon. Je vois un objet brillé sur ma table de salon, j'essaie d'en comprendre la signification, lorsque je vois du mouvement sur la gauche, provenant de mon canapé. J'ai juste le temps de regrimper sur le toit pour disparaitre avant que le bruit d'une balle, tirer avec un silencieux ne me frôle les oreilles. Je ne m'arrête pas, allant de toit en toit, sautant les espaces parfois larges séparant les divers habitations. Je finis par descendre au bout de dix minutes peut-être, n'ayant plus de toit à proximité. Je m'enfuis à travers les ruelles, rejoignant comme je peux mon seul refuge, le figuier du parc. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure. Je l'ai reconnu, l'homme en noir, il m'attendait chez moi, assis sur mon canapé ! Une arme prête à me dégommer. Ce n'est pas vrai, qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu pour avoir toujours quelqu'un à mes trousses. J'ai fui la France, mon pays ! pour venir dans celui-ci, à la recherche de mes origines, me confrontant à une espèce d'omerta sur la famille de ma mère. J'en ai ras le pompon de toutes ces conneries. Si mon destin est de mourir sous les balles alors soit ! Qu'il en soit ainsi.

Quoi ? Non ! tu délires ma pauvre fille, tu ne vas pas aller te faire trouer la peau parce qu'on veut te la trouer, non ! Qui voudrait mourir à vingt-cinq ans ? En plus, j'ai fait une promesse à mon père, sur sa tombe, faire tomber mon oncle. Je dois mener à bien cette mission avant de passer l'arme à gauche*. Tout d'abord, je dois me grimer, changer d'apparence. De brune, je dois passer blonde ou rousse, mes yeux verts, je dois les faire devenir d'une autre couleur. J'ai quelques boutiques en tête, dès leur ouverture, je vais faire quelques achats. Je ne peux pas rester dans ce figuier, jusqu'à la fin de ma vie ! En plus, il me faut un autre téléphone mais celui-ci sera prépayé, pas question de reprendre un abonnement.

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