Anime Perdute

Chapitre 14 Ella

J'entends la voix d'Alex, elle est loin, très loin. Je l'entends m'appeler, me demander de rester à ses côtés. Pourquoi ferais-je une chose pareille, il veut m'épouser contre ma volonté ! J'ai froid, tellement froid, qu'est-ce qu'il m'arrive ? Et cette douleur dans mon bras gauche, que se passe t'il ?

— Ella ! Tu ne vas pas abandonner comme ça, tu m'entends ! Tu ne voudrais pas que Francesco s'en sorte après ce qu'il a fait à ta famille ! Tu ne vas pas laisser toutes ces preuves pourrir je ne sais où !

Quelque chose vient toucher le fond de ma gorge.

Francesco ? Ma famille ? Les preuves ? Oh mon dieu ! Francesco !

J'ouvre les yeux, essayant de respirer mais j'ai mal aux côtes dès que je tousse. Je recrache de l'eau salée, j'ai l'impression de n'avoir que cela dans l'estomac. Je sens une douleur fulgurante me traverser l'épaule mais je n'ai pas assez de force pour crier ma douleur. Je sens que le noir m'envahit de nouveau, je me sens faible, tellement faible, et cette voix qui n'arrête pas de m'appeler.

— Ella reste avec moi tu m'entends ! Reste avec moi !

Puis plus rien.

Je me réveille en sursaut, assise sur ... un lit ? Je regarde autour de moi puis reconnais la chambre. Non ne me dites pas que je n'ai fait qu'un rêve ? J'étais pourtant persuadée de m'être évadée ?

— Comment te sens tu ?

Je regarde d'où vient la voix qui me parle et je ne me mets pas longtemps à rencontrer les yeux anxieux d'Alex. Il est dans un coin sombre de la chambre. Je ne comprends rien.

— Qu'est-ce que je fais là ?

Soudain un lancement dans l'épaule me ramène à la réalité, je pose ma main sur un bandage.

— Qu'est-ce que j'ai ?

Je vois Alex se lever de son fauteuil puis se rapprocher pour venir s'asseoir à mes côtés.

— Tu ne te souviens pas ?

— Me souvenir de quoi au juste ? Et qu'est-ce que tu m'as fait, pourquoi j'ai aussi mal au bras ?

— Non, tu ne te souviens pas. Le toubib nous avait prévenu.

— Le toubib ? Quel toubib ? Mais bon sang, que se passe t'il ici ? dis-je commençant à monter dans les aigus.

— Calme toi, on t'a tiré dessus, tu as...

— ... tu m'as tiré dessus !

— Non ! Pas moi mais certainement Francesco.

— Qu'est-ce que tu me racontes ? Francesco est parti.

— Est-ce que tu peux me laisser parler pour que je puisse te remettre en mémoire les dernières vingt-quatre heures ?

— Les dernières vingt-quatre heures ? Tu veux dire que j'ai dormi, pendant vingt-quatre heures ?

— Ella, s'il te plait, pour une fois dans ta vie, pourrais-tu m'écouter sans m'interrompre ?

— J'ai dormi vingt-quatre...

— ... Ella.

— Oui... oui, je t'écoute.

Les minutes suivantes sont hallucinantes, il est en train de me narrer mon évasion avortée, le tire dont j'ai été victime et mon plongeon dans la mer. Petit à petit, des fragments me reviennent en mémoire. Je me vois courir sur la plage, gravir les rochers, étendre les bras comme jésus sur sa croix puis... la douleur. Je porte ma main de nouveau à mon épaule, comme si l'on venait de me tirer dessus pour la deuxième fois. Je me vois tombant dans la mer, puis plus rien. Un calme absolu, le visage de ma mère me souriant, celui de mon frère me faisant un clin d'œil puis mon père me criant de remonter. Je me revois ouvrant les yeux, découvrant ce milieu aquatique dans lequel j'étais immergée puis mon cri d'effroi, celui qui m'a fait boire la tasse. Je suis remontée vers la surface, malgré la douleur qui me fendait l'épaule, pour reprendre une grande goulée d'air. Ça y est, tout me revient.