Chapitre 19 Alex

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Avola, domaine de Don Giovanni Conti, sept heures trente.

Nous arrivons enfin au domaine de mon grand-père. Ella s'est endormie depuis longtemps. Elle était épuisée. Lorsque j'ai débarqué dans sa chambre à deux heures du matin et que je l'ai vu prête à sauter par la fenêtre, c'est d'abord son regard qui m'a frappé. Il était vide. Comme si la Ella battante et pleine de vie avait fait place à un zombie. Des poches étaient présentes sous ses yeux, preuve d'un repos qui ne fut pas des plus prospères. Elle a également perdu du poids, peut être deux kilos, je l'ai vu à ses joues creuses. Lorsqu'elle a compris qui j'étais, j'ai pu voir un soulagement dans son regard. Comme si elle se disait, enfin je vais pouvoir souffler. J'ai mis trois jours à la rejoindre, je devais absolument fausser compagnie à Francesco, il avait mis toute une armée derrière moi après avoir perdu, je pense, la trace d'Ella. Trois jours où je n'ai pu communiquer avec elle, mon téléphone ayant rendu l'âme lors d'une fusillade que nous avons essuyé. Francesco s'en est pris à mon bar, un de ses hommes a tué Simone, le gérant, un homme fidèle, prêt à donner sa vie pour moi. Ce fut malheureusement le cas ce jour-là, mais nous nous sommes vengés, l'homme qui a assassiné Simone l'a payé de sa vie alors qu'il sortait d'un pub, situé en front de mer. Pensait-il vraiment pouvoir reprendre le cours de sa vie sans en payer le prix ?

Trois jours plus tard, alors que je me dirigeais vers ma Maserati pour rejoindre l'aéroport, Francesco revenu sur Palerme, à la recherche d'Ella, m'attendait avec ses hommes, armes au poing. Nous avons échangé des tirs croisés dans une rue animée de Palerme, un homme et son neveu ont trouvé la mort, sous les balles des hommes de Francesco, ils ont été fauchés alors qu'ils circulaient en scooter dans cette rue. C'est malheureux à dire, mais cet incident m'a permis de disparaitre pour prendre un vol pour Paris. Pendant le trajet, j'ai donné des ordres pour que l'on indemnise la famille des victimes et que l'on prenne en charge les enterrements. Ils sont morts par notre faute, leurs familles doivent soigner leur peine, inutile de leur donner plus de soucis pour l'organisation des funérailles. Un dédommagement en plus, n'était pas superflu, l'oncle menait son neveu au travail en scooter, seul véhicule que la famille détenait pour se déplacer, vivant dans la misère. Dorénavant, les deux familles pourront s'acheter ce qu'ils désirent, même si cela ne remplacera jamais, la disparition de leurs proches.

Lorsque la voiture s'arrête, Ella se réveille, je l'ai entendu appeler sa mère et son frère dans son sommeil, j'ai posé ma main sur la sienne et sa tête sur mon épaule, cela a eu pour effet de l'apaiser.

— Nous sommes arrivés ? me demande t'elle.

— Oui, ça y est.

Toutes les lumières de l'allée sont allumées pour notre arrivée. Bruno vient m'ouvrir la porte. Je descends puis fais le tour pour ouvrir celle d'Ella. Deux hommes descendent les marches pour récupérer Antonio et le mener vers le doc, nous nous commençons à gravir les marches, lorsqu'Ella se stoppe net. Je suis son regard et vois mon grand-père en haut de ces dernières, en appui sur une canne, l'autre bras en écharpe. Je souris pensant à ce que j'ai fait croire à Ella. Mon grand-père n'est nullement en colère contre elle, mais il était juste fou d'inquiétude. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pendant les quatre jours de mon absence dans ce domaine, mais leurs liens familiaux, pour une raison encore inexpliquée, ce sont resserrés. Je n'ai jamais vu mon grand-père aussi inquiet pour quelqu'un.

— Allons-nous rester dans ces marches encore longtemps ? fais je à Ella.

Mais elle ne me répond pas, je lui saisis alors la main, essayant de l'entrainer à ma suite, mais elle ne bouge toujours pas.

— Ella, cela ne se fait pas de faire attendre Don Giovanni Conti.

— Il a raison mon enfant ! Qu'attends-tu pour venir me serrer dans tes bras !

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