Chapitre 8 Ella

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C'est le bruit du déclenchement du verrou de ma chambre, qui m'a mis en alerte. Par réflexe, j'ai saisi mon sac et dès que la porte s'est ouverte sur deux hommes, j'ai sauté par la fenêtre. Les balcons présents pour les autres chambres, m'ont permis de pouvoir arriver en bas sans aucun problème. Je me retrouve sur la rue Via Sperone, à l'arrière de l'hôtel puis pars en direction de l'ouest vers Cortile Gati. Je jette rapidement un coup d'œil sur ma droite, dans la rue transversale à la mienne et là, je stoppe tout. Mon regard plonge dans celui de Francesco, mon oncle, à l'autre bout de la rue. Il est accompagné par des hommes, il était en train de se diriger vers l'avant de l'hôtel lorsqu'il m'a vu. Que fait-il là ? comment a-t-il pu retrouver ma trace ? Le moment de stupéfaction passé, d'un côté comme de l'autre, je me mets à détaller comme un lapin, entendant la voix de ce dernier qui demande à ses hommes de me poursuivre. Je lance un coup œil derrière moi, mais ce ne sont pas les hommes de mon oncle que je vois, mais les hommes qui ont pénétré dans ma chambre. Je bifurque sur la gauche Via U. de Carolis Générale, puis encore sur la gauche Via Maresciallo Guglielmo Pecori Giraldi, je prends ensuite sur la droite sur Via Corselli Rodolfo Générale mais je les ai toujours aux fesses. Ils sont rapides, je vais avoir du mal à les semer. Je retourne à gauche Via Filippo Pecoraino puis encore à droite sur Ingham et enfin j'arrive sur Via Vittorio Ducrot. Je vois au loin un bâtiment désinfecté, je passe donc à travers le parking commercial de l'Euro Spin, puis cours vers les grilles en fer forgées. Elles sont fermées, c'est une ancienne enseigne de l'Argenteria Gaetano D'Agostino. Je grimpe à travers le fer pour sauter dans la cour de l'autre côté. Mes poursuivants se trouvent bloqués par le portail mais ils tirent dans la chaine avec leur silencieux. J'ai juste le temps de m'engouffrer dans le bâtiment de trois étages, grimpant les marches à toute vitesse pour essayer de les perdre dans l'immensité de l'édifice.

J'arrive en haut du bâtiment, me planquant derrière un mur. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure. Je pense que je ne vais pas finir la journée en vie. Bien entendu, je pourrais toujours arriver à sortir d'ici en descendant comme je l'ai appris mais où vais-je pouvoir aller ? Ce ne sont pas, un mais deux tueurs que j'ai au derrière. La Sicile est une ile, alors à part m'évader en nageant, je ne vois pas comment quitter cette ile, les autres transports seront sur surveillance et l'accès au ferry très certainement contrôlé.

J'entends plusieurs pas dans les étages, ont-ils été rejoints par mon oncle et ses hommes ? Vont-ils s'allier pour me faire la peau ? Puis j'entends sa voix, celle de Francesco.

— Prenez par-là, bande d'abrutis et ne la laissait pas s'échapper, c'est bien compris !

J'ai le dos collé au mur depuis plusieurs minutes maintenant, je commence à reculer doucement, regardant toujours devant moi, pour voir le danger arriver. Je les entends, ils sont à une trentaine de mètres, derrière ces cloisons où les sons se répercutent. Soudain, je bute contre quelque chose, mais ce n'est pas dur comme du béton, enfin pas aussi dur disons, je n'ai pas le temps d'émettre un son qu'une main vient me bâillonner et qu'un bras vient me ceinturer. J'essaie de me débattre mais je suis entrainée dans une pièce sombre puis collée contre la cloison, la personne se trouvant dans mon dos, se retrouve face à moi. Ce sont des yeux bleu clair qui me percutent, je panique immédiatement, reconnaissant l'homme de la cave mais également celui m'attendant dans mon appartement. Ses yeux s'assombrissent lorsqu'il voit que j'essaie de lui échapper.

— Taisez-vous, si vous ne voulez pas qu'ils vous mettent la main dessus ! me chuchote t'il.

Je ne sais pas s'il réalise seulement l'énormité de ce qu'il vient de me dire mais, que ce soit mon oncle ou lui, je ne suis pas sûre que le choix ait une grande importance. Tous les deux veulent ma peau.

Il fait un signe de tête à un de ses hommes qui se rapprochent.

— Antonio, occupe-toi d'elle mais surtout ne la laisse pas s'échapper.

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