♪ Secrets - Omido ♪
Je trouve aisément l'adresse du nouveau club de Pavel. Non pas parce qu'il me l'a renseignée, mais parce que des affiches sont placardées un peu partout en ville pour annoncer la grande soirée d'inauguration de l'Inferno.
Quelle cruelle ironie, ce nom, quand on sait que sa précédente boîte s'est écroulée sous les flammes. Je dois admettre que ça me touche. Je le perçois comme une manière pour lui d'offrir son majeur à la vie. Assumer ses peurs et ses blessures, n'est-ce pas faire un pas de plus vers la voie de la guérison ?
Situé sur la rive nord de la Tamise, l'Inferno ne se démarque pas des bâtiments qui le jouxtent : façade en briques décolorées, fleurs épanouies suspendues aux poteaux lumineux, et pavés glissants à cause des récentes pluies.
Je montre ma carte d'identité au videur, puis je dépose mon manteau aux vestiaires avant de pénétrer dans le cœur du club. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il porte son nom à la perfection. Outre la température qui me pousse à agiter les mains devant mon visage, les spots projettent une lueur rougeâtre sur la foule. Quant aux basses, elles font vibrer mon être entier tandis que je joue des coudes pour avancer. Je sens la musique se réverbérer dans mon cœur, et j'apporte ma paume à ma poitrine pour tarir cette drôle de sensation.
Aux quatre coins de la fosse, surélevées par des estrades cylindriques, des danseuses en tenues démoniaques se déhanchent pour la clientèle. Si Pavel souhaitait répliquer les enfers sur Terre, c'est réussi. On se croirait dans un épisode caricatural de Lucifer. C'est incontestablement un doigt d'honneur à ses démons. Il m'a dit un jour que, tant que l'on vit, rien n'est perdu. Son club prouve qu'encore une fois, il avait raison : nous pouvons toujours nous relever.
Me réfugiant contre un mur, je scanne la salle à la recherche du maître des lieux. Je doute que le diable se pavane parmi ses sujets, mais je commence à bien comprendre comment il pense. Je lève les yeux et, sans surprise, je repère un balcon privé surplombant la fosse. Si Pavel trône quelque part, je mettrais ma main à couper que c'est là-haut. Maintenant, reste à trouver le moyen de m'y faufiler.
Mon regard balaye l'accès aux toilettes, ainsi que les escaliers qui mènent au salon VIP, pour finalement s'arrêter sur une porte placardée d'un panneau « réservé au personnel ». Bingo ! Je me fonds dans la masse pour me frayer un chemin jusqu'à ma cible, passant incognito sous le nez des videurs qui assurent la sécurité des danseuses. Je m'adosse l'air de rien contre le battant, actionne la poignée, et me glisse par l'entrebâillement.
Trop facile !
Je grimpe une volée de marche et traverse un large couloir, écoutant aux portes pour repérer la voix de mon homme. Mais soudain, l'une d'elles s'ouvre et je manque de trébucher en avant sur une femme au maquillage prononcé et à la chevelure flamboyante.
— Ashley ?
La femme que Pavel sautait avant de me rencontrer. Que diable fabrique-t-elle ici ? Je ne l'ai rencontrée qu'en coup de vent au Black Bear lorsqu'elle y travaillait en tant que manageuse... du moins, avant qu'il ne la vire. Je la reconnaîtrai n'importe où, quelle que soit l'ampleur des artifices derrière lesquels elle dissimule sa réelle nature de vipère. Non pas parce que ses traits faussement innocents sont marqués au fer rouge dans mon esprit, mais parce que je ressens la même sourde envie de meurtre en sa présence que la première fois.
Face à ma mine offusquée, la pétasse esquisse un sourire pincé. Tout devient limpide, désormais : si Pavel refusait de me parler de son boulot, s'il ne m'a pas invitée à sa soirée d'inauguration, c'est à cause d'elle.
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Deadly hearts
Любовные романы| 𝘿𝙖𝙧𝙠 𝙍𝙤𝙢𝙖𝙣𝙘𝙚 | Mon nom est Margot, et j'ai engagé un tueur pour m'éliminer. Je suis une étudiante de vingt-deux ans a qui on a causé du tort. Me voilà désormais en quête de justice, et j'ai un plan. Un plan dangereux, désespéré, mais né...