Deadly hearts

10. Margot

♪ Exploding - Mehro ♪

Sous la lumière tamisée du restaurant, les yeux gris de Pavel arborent une teinte plus obscure qu'à l'accoutumée. Mon être entier frémit lorsque ses doigts se referment autour de mon poignet. Il le retourne et effleure l'intérieur en dessinant des cercles électrisant sur ma peau pâle. La sensation trace un éclair jusqu'à mon entrejambe qui n'échappe pas à mon partenaire. Il esquisse un demi-sourire infusé de non-dits.

Une tout autre faim se réveillant dans mon corps, je repousse mon dessert à moitié entamé.

— Je me demande ce qui se passe dans ta tête sombre.

Son sourire devient désinvolte.

— Des choses sombres.

— Et que dois-je faire pour que tu les partages avec moi ?

— Rien. Je te les montrerai quand je t'aurai enfin mise dans mon lit.

— Tu m'as quand tu veux dans ton lit.

— Faux. Je t'ai quand je veux dans ton lit... et ton canapé, et ton plan de travail, et...

— C'est bon, j'ai compris, le coupé-je alors que je sens mes joues rosir. Quelque chose me dit que je vais finir séquestrée chez toi.

— Possible. Tu souhaites en avoir le cœur net ?

Il apporte mon poignet à sa bouche et dépose un baiser là. Puis il me caresse la pulpe des doigts avec ses lèvres charnues, et je les imagine déjà se refermer autour de mon clitoris engorgé. Son regard intense me transperce de mille promesses lascives. J'en ai la gorge sèche d'anticipation.

— On y va ?

— Mmh.

Mes yeux se promènent sur son crâne fraîchement tondu, et je ressens comme la sensation fantôme de sa repousse contre ma paume quand je vais appuyer dessus pour le diriger exactement où je veux qu'il soit.

Il lâche un petit rire voilé avant de libérer ma main pour interpeller un serveur et payer l'addition.

— Mauvaise fille, me réprimande-t-il quand le serveur s'éloigne.

J'entrelace mes doigts sous mon menton et feins l'innocence.

— Quoi ?

— T'as cette manière de me regarder quand t'es excitée...

— Aucune idée de quoi tu parles.

Tout en disant cela, mon talon entre en contact avec son tibia. Ses muscles se tendent. Cachée par la table, je remonte, remonte, remonte. L'expression qu'il m'adresse est purement dangereuse. Quelque chose se met à danser dans ma poitrine en la voyant, un sentiment de dominance et... autre chose.

— Rentrons.

Mon ton ne laisse pas de place à la protestation, toutefois j'attends qu'il acquiesce avant de me lever. Nous serpentons entre les clients, la main chaude de Pavel nichée au creux de mes reins me guidant vers l'extérieur. Olek guette notre retour près de la Range. Il est appuyé contre la portière du conducteur, sa cigarette électronique au bec. Au moment où il redresse la tête, la poigne possessive de Pavel se referme autour de ma nuque. La seconde suivante, il m'embrasse avec une fougue telle que je manque de perdre l'équilibre. Il ne dit rien, mais ses lèvres sont assez éloquentes : « tu es à moi », me disent-elles.

Olek se racle la gorge et, me rappelant que nous ne sommes pas seuls sur Terre, je m'écarte.

— Ouah, soufflé-je en m'agrippant à son bras.