23. Pavel

399 23 28
                                    

♪ Yours - Mor ♪

Je déteste les affaires inachevées. Vraiment. Il n'y a pas grand-chose que j'abhorre plus que ces enculés qui disent « je vous recontacterai » et qui ne le font jamais, ou les acheteurs indécis qui se rétractent à la dernière putain de seconde. Mais depuis plus d'une semaine, c'est une tout autre affaire qui me grignote les entrailles. Celle d'une femme aux cheveux blonds et aux yeux de tueuse.

Margot est indéniablement une affaire inachevée. Quand je pense à elle, je pense à nos promesses en suspens et ça m'obsède.

Quand j'étais juste un gamin de la rue, et quand le fait d'assassiner des gens contre de l'argent avait cessé de me faire gerber sur les trottoirs de Varsovie, j'ai découvert que j'étais capable de neutraliser le moindre de mes problèmes de façon permanente. Un mec qui me parle mal, qui joue les hypocrites, ou qui me trahit ; ça, c'est le genre de problèmes que j'aime tuer.

Mais Margot, c'est le genre de problèmes que j'aime baiser jusqu'à ce qu'elle en oublie son prénom.

J'enfile ma veste de motard et, en traversant la salle de poker, j'adresse un signe de la tête à Oscar qui regarde un match de foot à la télé.

— Tu vas où comme ça, hijo?

— Me vider l'esprit.

— Fais attention à toi.

Dans le garage, je mets mon casque et chevauche ma Kawasaki. Elle gronde entre mes jambes et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Presque rien n'est plus enivrant que de conduire ma bécane la nuit. Par moment, sur des lignes droites et désertes, je ferme les yeux pour goûter au danger et sentir l'adrénaline courser dans mes veines. Ça me rappelle que je suis vivant. C'est également un doigt d'honneur à tous les connards qui ont creusé ma tombe sans parvenir à m'enterrer.

Je coupe le moteur dans la rue de Margot. Grâce à la faible lumière qui s'échappe de la fenêtre du salon, je devine qu'elle n'est pas encore couchée.

Qu'est-ce qui peut bien la garder éveillée à une heure aussi tardive ?

Mon regard tombe sur la Range garée de l'autre côté de la rue. Je fais signe à Olek de rentrer chez lui. Je déteste l'alchimie qui semble être née entre lui et Margot dès leur première conversation, et peut-être que je devrais le remplacer par un autre pour la protéger. Mais à la fin de la journée, Olek reste mon meilleur ami, et je lui confierai ma vie sans l'ombre d'une hésitation.

Il démarre et j'attends qu'il ait disparu de ma vue pour m'approcher de la maison. Devinant la présence de Margot dans la cuisine, je contourne la propriété. Mais, alors que je m'apprête à mettre un pied dans le minuscule jardinet plongé dans la pénombre, Margot bondit de sa cachette pour m'attaquer avec un large objet de forme circulaire.

Je l'esquive à la dernière seconde.

— Recule !

— Ce n'est que moi, répliqué-je posément en lui présentant mes paumes.

Margot garde son arme blanche hissée entre nous.

— Je sais, je t'ai vu descendre de ta moto.

J'esquisse un demi-sourire. Un mois plus tôt, j'aurais pu me faufiler dans son dos sans rencontrer la moindre résistance. Aujourd'hui, elle me menace avec ce qui m'apparaît être une putain de poêle alors que je viens tout juste de poser un pied chez elle. C'est difficile de cacher ma fierté.

— Qu'est-ce que tu fous ici ? Je croyais que tu voulais prendre tes distances avec moi.

— On dirait que je suis incapable de rester à l'écart.

Deadly heartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant