Deadly hearts

9. Pavel

♪ Forever - Danger Incorporated ♪

Rien ne peut rivaliser avec une femme dans une robe de soirée rouge. La couleur du sang, de la passion et du sexe. Je suppose que ça fait appel à un aspect primal de mon être, auquel l'animal en moi est ravi de répondre. Forcément, lorsqu'on agite un morceau de viande devant un lion endormi, il va se réveiller en poussant un grognement de convoitise, un peu comme celui qui retentit du fond de ma gorge quand l'amour de ma vie m'ouvre la porte de son appartement.

Oui, j'apprécie la vue d'une femme dans une robe rouge. Mais je pourrais ramper à la vue de Margot dans cette même putain de robe rouge. Et elle n'a pas juste enfilé la robe. Elle a arrangé ses cheveux en les relevant avec des pinces pour dégager son visage. Et elle s'est maquillée, aussi. Elle porte un rouge à lèvres profond assorti au tissu, le genre qui finira inévitablement étalé autour de ma queue.

Je termine ma lente exploration en prenant note de ses chaussures. Des talons pareils invitent toutes sortes de pensées impures dans ma tête, surtout quand mon regard embrasse ses longues jambes soyeuses.

Je considère la robe avec un sourire prometteur. De un, elle sied Margot à la perfection. De deux, il serait facile de la baiser avec. Et si le tissu est trop serré, si la robe ne remonte pas comme je le voudrais autour de ses hanches, je pourrai toujours la lui arracher. Mais je sais d'avance que je pourrai m'arrêter à la première option, parce que je connais déjà cette robe.

Elle la portait en Islande le soir où je me suis mis à genoux pour la demander formellement en mariage.

Bien sûr, étant la femme butée dont je suis tombé fou amoureux, elle a décliné ma proposition, tout comme elle refuse obstinément d'emménager avec moi. Je n'ai pas laissé son rejet me piquer à vif ; j'ai conscience qu'elle essaie sans cesse de comprendre ses émotions depuis le drame du Black Bear. Néanmoins, elle sait : quand elle sera prête à faire le grand plongeon, je plongerai avec elle.

Je me souviens encore de chaque minute de cette journée. Nous avions réalisé une randonnée sur un volcan endormi, et avec l'effort physique prolongé, la déshydratation et l'altitude, mon pouls battait à une vitesse telle que des étoiles dansaient devant mes yeux. Alors j'obligeais Margot à s'arrêter, prétextant vouloir admirer le paysage et prendre des photos. Elle suivait mes directives sans broncher, comme si quelque part au fond d'elle, elle discernait la dangerosité de notre ascension pour mon cœur. Ça ne m'étonnerait pas si elle savait pourquoi ; Margot Ellwood est une enquêtrice pour le moins déterminée, et il ne lui a sûrement pas fallu longtemps pour faire le lien entre la maladie de mon père et moi.

Néanmoins, quand je l'ai vue le soir même dans la robe rouge, mes battements rapides sont devenus apaisants, comme c'est le cas aujourd'hui.

— Tu n'es pas mal non plus, s'esclaffe-t-elle face à mon silence stupéfait.

M'humidifiant les lèvres, je lève mon index pour lui sommer de pivoter sur elle-même. Elle s'exécute en esquissant un adorable sourire faussement timide. Elle s'arrête un instant pour me laisser admirer l'arrière, et j'en profite pour passer mon bras autour de sa taille et l'attirer à moi. Mon pénis est déjà dur contre ses fesses.

— On peut sauter le dîner, qu'en penses-tu ? On sait pertinemment qu'on finira la soirée ici.

Elle s'agrippe à mon poignet et fait courir ses ongles vernis le long de mes tatouages.

— Tu es bien présomptueux.

— J'ai des raisons de l'être.

— J'ai faim, Kaminski. Et puis, je me suis dit qu'on pourrait peut-être passer la nuit chez toi, pour une fois ?