Impéria

CHAPITRE I

Ses cheveux sauvages et touffus planaient dans le vent qui les tiraient vers l'arrière. Ses pieds martelaient sur le sol au fur et à mesure que sa vitesse augmentait. Son cœur battait frénétiquement au même rythme que ses tempes. Des gouttes de sueur perlaient sur son front mais ça ne la génait guère. Au contraire, Idae aimait cette sensation de liberté, d'évasion. Elle aimait sentir ses sens s'affoler, ses membres donner tout ce qu'ils avaient et plus encore, jusqu'à arriver à épuisement. Si seulement elle pouvait se procurer un cheval, malheureusement ils étaient devenus rares et chères. Seuls les plus aisés pouvaient en avoir comme propriété. ,, Propriété'' quel mot dégradant pensait-elle. Ces animaux étaient tellement majestueux et beaux qu'ils ne méritaient pas un aussi triste sort d'appartenir à quelqu'un comme un vulgaire objet. Les chevaux sont des êtres sauvages et libres comme Idae. Heureusement pour elle, elle n'était pas seule. Elle avait son compagnon de toujours, Espiègle son caniche qui la suivait partout. Ils s'étaient rencontrés un jour dans une des innombrables escapades de cette dernière.

Mais pour le moment, l'heure n'était plus à la rigolade car le petit chenapan venait de lui piquer sa chaussure dédiée au rassemblement pour le couronnement du nouveau Roi. Idae le savait déjà, sa mère serait folle furieuse de la voir encore vêtue de ses haillons de fermière. Elle qui avait tant économisé pour lui payer cette robe ravissante mais Idae n'en avait rien à faire de ces belles parures. Ni même de ces concurrences auxquels se livraient les femmes prolétaires lors d'une quelconque cérémonie. Elle pensait qu'au lieu de gaspiller leur argent dans de telles sottises, elles pourraient œuvrer ailleurs pour en fructifier les revenus. Cependant elle n'avait guère le choix.

- Espiègle, cria-t-elle à bout de souffle, revient immédiatement par ici.

Le petit chien décidément têtu aujourd'hui passa devant leur petite maison entourée d'une clôture en bois. Idae priait pour ne pas croiser sa mère à l'entrée. Malheureusement, le ciel n'était pas du même avis.

- Jeune fille, s'exclama sa mère en sortant de la maison.

Idae se stoppa net en se tournant lentement en arborant un sourire nerveux à sa mère qui se rapprochait d'elle d'un pas élégant.

- Oui, mère, répondit-elle les dents serrés en regardant la fugue de son chien du coin de l'œil.

- Mais que fais-tu encore dans cette tenue? demanda-t-elle à sa fille d'un ton calme mais soupoudré de reproches. La cérémonie va bientôt commencer. Et tu sais très bien que c'est notre devoir en tant que citoyens d'y être présent.

- Euh, j'ai eu un petit contretemps mère, mais vous pouvez avancer, je vous retrouverai lorsque je serai fin prête, déballa-t-elle.

Sa mère la regarda avec douceur en lui passant la main dans ses boucles brunes.

- Tu es tellement belle Mbombo mais tellement farouche, je me demande bien qui pourra un jour te dompter si moi je n'y arrive pas, dit sa mère la tête dans le vague.

- L'homme qui réussira à me prendre pour épouse sera un homme digne et honnête, un homme courageux et humble et surtout un homme patient, lui répondit elle les yeux pétillants.

Idae n'était pas une de ces filles dont la vie tournait autour d'un probable mariage. Elle voulait accomplir de grandes choses et ne comptait pas se faire enchaîner par ces mariages arrangés qui font le bonheur de certaines. Non! La preuve, elle avait refusé bien des propositions elle, qui était d'une beauté sauvage accompagné d'un caractère farouche. Tous les jeunes garçons qui se portaient à sa porte ne venaient pas parce qu'ils l'aimaient vraiment, mais parce qu'ils voulaient se vanter et gonfler leur fierté de mal ''alpha'' d'avoir réussi à enchaîner la fille rebelle comme l'a-t-on surnommée au village. Idae croyait en l'amour, sous ses airs de récalcitrant , c'était une fine rêveuse, une rêveuse ambitieuse. Avant de penser au mariage, elle pensait d'abord à trouver un travail afin d'aider sa famille.