CHAPITRE VII

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Les talons martelant le marbre, Ernos se dirigeait vers les appartements de sa mère. Depuis qu'il est monté sur le trône, il ne l'avait vu que très rarement et elle paraissait si triste et ailleurs. La Reine, la seule qui a toujours su lui montrer ce qu'était l'amour. Même après son départ, elle trouvait toujours un moyen de le voir ou du moins de lui envoyer des messages. Jusqu'au jour où l'homme de main de son père, le commandant de la garde royale l'a découvert et l'a rapporté au Roi. C'est ainsi qu'il décida de surveiller la Reine nuit et jour. Le nouveau Roi perdit alors la seule lueur qui le maintenait encore au paradis. Ernos n'eut plus des nouvelles de sa mère jusqu'à ce qu'il revienne et monte sur le trône. Il a sombré dans des profondeurs inexorablement obscures ou le visage froid et inexpressif de son père l'observait dangereusement ne lui laissant aucune issue.

Il toqua à la porte, un peu hésitant. La voix douce mais douloureusement vide de la Reine lui intima d'entrer. Ce qu'il fit. La Reine était assise prêt de sa fenêtre française. Le regard rivé vers les contrées logées et figées dans l'horizon. Ses appartements étaient situés vers l'arrière du château. Le Roi aimait garder un œil sur les villages voisins.

Un vrai paranoïaque !

Malheureusement, la reine se devait d'y rester en mémoire de son mari. Le Prince lui ne voulut pas changer d'appartement, on rénova juste son ancienne chambre afin qu'elle scie avec l'homme qu'il était devenu.

Un dessin tristement nostalgique peignait le visage de la Reine et Ernos ne put s'empêcher de se dire qu'il ne savait pas ce qu'elle avait vécu avec ce tyran après son départ.

- Mère, l'interrompit il dans sa contemplation d'une voix grave.

Le regard de la Reine se mit à briller et son cœur se mit à battre férocement. Enfin, il avait décidé de venir à elle. La Reine ressentait une peine et une culpabilité qui la rongeaient chaque jour depuis qu'on l'a enlevé à elle pour le mener loin, dans ces contrées où règne la terreur. Un sourire radieux éclaira ses traits un peu plus fatigués par la vieillesse. Mais Ernos la trouva toujours aussi ravissante, toujours le même sourire qui réchauffait son cœur enfant, toujours le même amour débordant de tout son être.

- Mon fils, dit-elle en s'élançant vers lui pour le prendre dans les bras. Oh mon chéri, je suis tellement désolée.

Elle ne put empêcher les larmes de couler.

- Je n'ai rien pu faire pour les empêcher de t'emmener. Tu ne peux imaginer la peine qui a rongé mon organe vital jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Tu es parti avec mon cœur et maintenant que tu es là, j'ai l'impression de revivre et de sortir d'un long cauchemar.

Ernos n'étant plus habitué à tant de tendresse. Il observa sa touffe noire de  haut et se dit qu'il avait bien grandi depuis. Avant c'était à elle de se mettre à genoux pour être à sa hauteur. Il ne savait pas quoi faire. Machinalement, il tapota son dos calmement.

- Ne vous mettez pas dans des états pareils, mère. Vous n'avez pas de quoi vous en vouloir. Vous avez toujours été avec moi. 

Elle encra son regard larmoyant dans le sien et fronça les sourcils.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait là-bas ? demanda-t-elle plus à elle même qu'au Roi.

- J'aurai dû en faire plus, j'aurai dû me battre pour que ton père ne t'enlève jamais à moi.

Elle se détacha de lui et repartit devant sa fenêtre en tenant ses bras comme si elle avait froid.

Ernos l'observa dans un calme olympien. Il essaya de comprendre ce qu'elle ressentait mais il ne pouvait pas. Seule une mère pouvait la comprendre. Il ne savait pas quoi faire une fois encore. Il resta là, posté derrière elle dans un silence mystérieux.

ImpériaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant