CHAPITRE XXII

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Idae n'eut pas besoin de s'annoncer qu'un garde l'escorta jusqu'au bureau du Roi. Une appréhension suffoquante lui enserra la gorge jusqu'à ce qu'elle atteigne les portes qui la séparait du moment fatidique. Le peu de détermination qu'elle avait en quittant de chez elle, venait de s'effriter lorsque la voix grave du Souverain lui intima d'entrer. Elle crut défaillir tellement ses jambes étaient fébriles et les battements de son cœur qui tonnaient dans sa tête ne lui laissaient aucun répit.

Malgré tout, il n'y avait plus de retour en arrière possible; elle y était; il savait qu'elle était là alors s'en fuir ne la rendrait encore plus faible face à lui qu'elle ne l'était déjà.

Elle pénétra donc dans la pièce et tomba directeur sur le visage courbé du Roi. Il lisait un document et avait les sourcils froncés sûrement dû à sa concentration. Idae avança lentement avec appréhension et seul le bruit de ses pas résonnait dans la pièce. Elle s'arrêta à quelques centimètres du bureau en observant le Souverain qui ne daignait pas se soucier de sa présence. Cependant, elle remarqua qu'il était épuisé mais son aura naturelle dominait cet état en le rendant terriblement séduisant. La jeune fille se mit une claque mentale, se ressaisit puis se racla la gorge pour attirer l'attention du Roi.

Ernos leva lentement les yeux pour les poser sur la plus belle chose qui lui était donnée de voir. Elle était là devant lui. Vêtue de sa robe au ton d'automne cintrée à la taille et évasée plus bas. Ça lui allait à ravir. Il se maudit d'avoir tardé autant à la regarder. Mais il l'avait fait car il appréhendait vraiment ce qu'elle lui dirait. Il ne voulait pas que tout s'arrête encore une fois. Cette jeune femme était tellement imprévisible et tellement...Sans qu'il ne sache pourquoi, ses pieds le menèrent lentement jusqu'à elle. La surplombant de toute sa hauteur, il la prit délicatement dans ses bras. .

Idae hoqueta de surprise, son cœur ayant repris cette valse endiablée. Elle ne savait plus où se mettre tellement elle était choquée par cet acte. Lui qui semblait ne pas avoir remarqué sa présence il y a quelques secondes la tenait maintenant dans ses bras comme s'il ne voulait plus qu'elle s'enfuit. Elle sentait sa respiration apaisée chatouiller son cou et des frissons hérissèrent sa peau. Elle garda ses bras le long du corps tétanisée, ne sachant pas exactement comment elle devait se comporter à chaque fois que le Souverain lui montrait cette facette nouvelle.

- Je suis tellement heureux que vous soyez venue Idae, chuchota-t-il de sa voix profonde et masculine dans son cou.

La jeune fille avala difficilement sa salive ne sachant que répondre. En plus, une chaleur étouffante la déstabilisa d'un coup. Peut-être la pièce était devenue une vraie fournaise, pensa-t-elle.

Comme si Ernos avait ressenti son désarroi, il se sépara d'elle sans toutefois la lâcher du regard. Idae avait l'impression de ne plus voir le même homme devant elle. Dans le nouvel éclat que recelait les yeux du Roi, elle se surprenait à y lire une profonde douceur et une possessivité extrême. Elle en eut même un léger tremblement et se demanda si elle avait vraiment fait le bon choix.

- Asseyez-vous s'il-vous-plaît, lui intima-t-il.

Ce qu'elle fit en essayant de se remettre de leur récente proximité. Ernos reprit place derrière son bureau et une nouvelle fois Idae remarqua sa mine fatiguée car il venait de s'adoser sur le siège et ferma brièvement les yeux. Il n'était plus le Roi qui était toujours tiré à quatre épingles, ni qui malgré le poids de ses responsabilités gardait toujours une posture dominante et stricte. À ce moment-là, sa chemise était légèrement ouverte, ses manches retroussées et ses cheveux n'étaient pas aussi bien coiffés que d'habitude. Cela ne voulait pas dire non plus que ça enlevait quelque chose à son charme inné. Au contraire, pensa la jeune fille.

ImpériaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant