CHAPITRE XX

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Les pas précipités de la jeune rebelle martelaient sur l'allée en pavé qui menait hors du jardin.

Comment ? Pourquoi ?

Elle n'avait pas réfléchi. Elle n'avait pas résisté. Elle avait encore une fois succombé à ce regard aussi profond qu'inexpressif.

Elle ne pouvait plus le regarder en face. Elle ne pourrait plus se regarder en face. Sa seule victoire était qu'il ne savait pas qui elle était. Après leur baiser passionné qui mit le corps de la jeune fille en ébullition ; Idae, honteuse d'avoir aimé cette sensation nouvelle, en colère d'avoir céder ne réfléchit pas plus longtemps et prit ses jambes à son cou comme pourchassée par un démon.

- Idae!!! cria une voix, sa voix.

Elle se stoppa brusquement le cœur battant à la chamade. Il le savait. Il connaissait son identité. Comment était ce possible ? Elle ne se retourna pas, resta plantée là au milieu du sentier comme statufiée. Une kyrielle de questions envahirent sont esprit et lui insufflèrent des frissons jusqu'à la plus infime particule de son être.

Il savait depuis le début, se répéta-t-elle inlassablement.

Elle sentit son souffle saccadée par cette course poursuite subite se rapprocher d'elle. Elle sentit son ombre se dessiner au dessus de la sienne par les rayons lunaires. Elle regarda le sol et même sa propre ombre a été engloutie par cet homme à la carrure romanesque. Sa gorge devint sèche et son corps fut incapable de faire le moindre mouvement.

- Pourquoi vous êtes vous enfuie? lui souffla-t-il la voix pleine de réprimandes.

Elle ne voulait pas le regarder. Elle ne voulait pas qu'une fois encore, il gâche tout. Elle ne supporterait pas une telle honte, qu'il la rabaisse parce que c'était tout simplement elle. La fille dont l'intérêt fugace avait finalement disparu. Celle dont il n'avait eu aucune réticence à expulser du château comme si pour lui, elle n'était rien.

- Vous le saviez que c'était moi, murmura-t-elle d'une voix rêche. Vous le saviez et vous avez encore joué avec moi, cria-t-elle cette fois ci en se retournant pour pointer son doigt sur sa poitrine.

Celui-ci la regarda silencieusement, le regard de marbre, indéchiffrable ce qui énerva encore plus la rebelle qui ne savait plus où se mettre.

- Vous vous êtes dit : Ah! Dites donc voilà la fermière qui me faisait office de distraction pourquoi ne pas m'amuser encore une fois avec elle. C'est ça non? Dites moi si j'ai tort hein!!

Ernos ne répondit toujours pas.

- Vous savez quoi? Laissez moi tranquille !!! J'en ai marre de toujours tomber sur vous. J'en ai marre que vous pourissiez mon existence. Je vous veux loin de moi...

La respiration vivace, la jeune fille espéra une réaction qui ne vint pas, elle finit par se dire qu'elle n'avait vraiment rien à attendre de lui. Qui était elle pour lui, le grand Roi? Personne! Elle se détourna de lui et continua son chemin en retenant des larmes infondées. Pourquoi pleurait elle ? Pourquoi il lui faisait toujours se sentir mal?

- Arrêtez-vous tout de suite! lui ordonna la voix du Souverain ce qui lui transperça la poitrine telle une flèche empoisonnée qui la paralysa sur le champ.

Ernos la tint par le bras et la retourna face à lui. Il prit son deuxième bras et l'attira vers lui afin qu'elle ne s'échappe plus. Plus jamais.

- Pourquoi avez vous cette facilité à me faire passer pour une personne sans cœur, la gronda-t-il la voix beaucoup plus émotive que d'habitude. Vous vous méprenez sur mes intentions, sur mes actions, sur mes sentiments. Pourquoi un tel acharnement à mon égard ?

ImpériaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant