Feu d'artifice

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"Il y a une tristesse si profonde qu'elle ne peut même pas prendre la forme des larmes."

Haruki Murakami.


La brise marine était légère mais fraîche. Et le ciel offrant un tel spectacle. Les étoiles brillaient plus que jamais dans ce ciel sombre et le bruit des vagues venaient se confondre à ses pieds et les mouillaient.
La lune était là, énorme, pleine, fidèle à elle même et toujours aussi belle.

Elle la regardait et la soutenait de depuis là haut.
Et cette ombre qui l'avait prise dans ses bras alors qu'elle ne pouvaient même pas le sentir.

Elle avait lu un jour dans un livre : on ne se rend compte de l'importance d'une personne que lorsqu'elle qu'elle part.
Il n'était pas réellement important pour elle, mais ils avaient passé un mois et demi ensemble sans se quitter plus d'une minute, à part pour se coucher ils ne se séparaient jamais.
Pour avoir mangé ensemble, s'être entraînés ensemble, avoir partagé ces moments de complicité fugaces.
Pour toutes ces choses qui les ont reliés, il n'avait pas le droit de partir comme ça, sans un seul mot d'adieu. Comment à t'il pu faire ça ?

- Ça ne sert à rien de te poser toutes ses questions, elles n'auront jamais de réponses.

Cette phrase elle se la répétait souvent, pourtant jamais elle n'avait réussi à l'accepter. Au fond d'elle, un espoir subsistait que peut être un jour il lui expliquerait pourquoi il avait fait ce choix. Ou bien voulait il venir la voir mais n'a pas eu le temps.
Si seulement elle avait su qu'après l'avoir laissé seul dans cette chambre ce jour là, elle ne le reverait plus jamais. Qu'il allait partir.

- Je voulais rentrer chez moi.

Elle lève la tête et le fixe du regard. Ses yeux..., tellement vifs, brillants sous cette lune.

- Je ne voulais pas t'en empêcher.

- Je voulais rentrer chez moi.

- Je sais. Tu es heureux au moins ?

Elle entendait les cris de joie des gens au loin. Ils devaient avoir commencé à animer la soirée.
Il ne lui répond pas, se contentant de la fixer.
Évidement puisqu'il n'était réel. Comment pourraient ils avoir une discussion normale ensembles.

Des pétards sonnent au loin.

- Pourquoi m'as tu laissé partir ?

- Pourquoi aurai je dû t'empêcher de partir ? Tu ne voulais que ça.

Des cris d'enfants résonnent dans la nuit noir.
Ils s'amusent bien.

- Pourquoi aurai je dû rester ?

- On parle de devoir comme si on se devait quelque chose. Tu ne me dois rien, et moi non plus je ne te dois rien.

Les cris de la foules deviennent de plus en plus fort, les feux d'artifices venaient d'être allumé.
Plusieurs teintes explosent alors dans le ciel étoilé. Des formes et des couleurs vivent d'une beauté exceptionnelle. Des fleurs, des chatons, des visages souriant, elle en reconnait certains, Saphir, Ethan, un visage d'enfant, puis ensuite des mots.
Joyeux anniversaire.

- Tiens, ils les ont allumé sans moi.
S'étonne la jeune femme.

- Pourquoi m'as tu laissé partir ?

Elle se tourne et confronte de nouveaux leurs regards.

- Je pars les rejoindre. Laisse moi tranquille s'il te plaît. Juste ce soir.
Je pense...qu'il est enfin temps de tourner la page, lâche t'elle dans un soupir.

Elle se lève et secoue sa robe pour en extraire le sable qui s'y était déposé. La brise soulève légèrement sa robe et la décoiffe.
De sa main libre elle dégage les mèches rebelles de son visage et fixe une dernière fois cette image si persistante.

- Adieu Caïn, j'espers que tu es heureux là où tu es.

- Ne pars pas.

Elle tourne les pieds et presse le pas. Elle n'allait plus regarder en arrière désormais. Dès demain une nouvelle page de sa vie allait se tourner et marquer le début de sa nouvelle vie. Une vie où les fantômes du passé n'avaient pas de place.
Les cris de la foule peu loin ne faisaient que s'accroître au fil et à mesure qu'elle avançait.
Dire qu'elle se trouvait là au lieu d'être avec eux.

Mais quelque chose clochait. L'air était porteur d'un message étrange. À part la brise marine, une odeur cuivré dominait l'air. Une odeur qu'elle avait peur de reconnaître. Pas alors qu'elle était aussi forte.
L'air était chargé de l'odeur répugnante du sang, comment n'avait elle pas remarquer cela plus tôt.

Immédiatement ses pieds se mettent à accélérer la cadence. Elle court à en perdre haleine. Les cris étaient fort. L'odeur encore plus. Des litres de sang avaient dû être déversés. Que ce passait il ? Les loup avaient ils eu un problèmes ? Où les métamorphes ?
C

achés sous les feu d'artifices ce n'est que maintenant qu'elle saisit la nature de ces cris. Ce n'était pas des cris de joie mais des cris de terreurs.

Elle arrive enfin sur le lieu où l'on s'était réunit, le spectacle qui se dessinait sous ses yeux la laissait sans voix, la figeant sur place.
Devant elle, se trouvait des dizaines de corps baignant dans leur propre sang à même le sol, certains n'avaient plus de membres inférieurs, d'autres n'avaient plus de membres supérieurs, d'autres...même plus de tête.

- Non...non, impossible, ça...ne peut pas être...

Elle se défige enfin et laisse tomber ses chaussures, se précipitant immédiatement vers les corps sous ses yeux. Elle reconnait certains visages familiers et s'en rapproche. Hélas ils ne respiraient plus. Certains corps étaient nus preuves qu'ils s'étaient transformés et les lacérations sue leur corps prouvaient qu'ils c'étaient battus avant de mourir. Des loup, des métamorphes, certaines sorcières, des fées. Elle reconnaissait même certains vampires.
Comment était ce possible ?

Le son d'un souffle de vie tout près d'elle lui redonne espoir.
Elle se précipite vers cette source de vie et se retrouve devant un monticule de corps baignant dans l'hémoglobine.
Ils étaient encore chauds, mais plus de ce monde. Qu'est ce qui avaient bien pu leur faire ça ? Quoi que ce soit, c'était extrêmement dangereux. La source de cette respiration était en dessous. Se battant contre des hauts le coeur et animé par l'adrénaline qui commençait à se déverser dans ses veines elle soulève les corps un à un prennant soins de vérifier le poul de chacun.

Elle soulève un corps qui tenait quelque chose dans ses bras. Un enfant. Elle reconnaissait cette femme et son fils. C'étaient leur voisins depuis toujours. Mère de son seul fils son mari devait se trouver quelque part lui aussi. Ses mains étaient resserrés autour de son fils, preuve que jusqu'au bout elle l'avait protégé, sa gorge était ouverte d'une manière extraordinaire, laissant voir son œsophage et sa veine carotide . Des morsures étaient visibles dessus, ainsi que des coup de griffes impressionnants, c'était l'oeuvre d'un animal aux mâchoires puissantes.
Un loup ?
Même ça c'était trop petit comparé à cette taille de dent et de griffe.

Son fils quant à lui présentait une énorme plaie  sur le ventre, ses tripes débordaient et laissaient pendre certains morceaux. La jeune femme se force à stopper les réflexes vomotifs qui l'assaillent afin de ne pas s'écrouler.
Ses yeux picotaient, son coeur tambourinait dans sa poitrine, cette vue...ces gens qu'elle côtoyaient en temps normal et qui soudainement se trouvaient là, inertes, raides, froids, morts.
Un mouvement en dessous du corps de l'enfant réactive son instinct.

Une main venait de bouger.

Les anges déchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant