PARTIE II : Perdue.

6 5 0
                                    

" Il pleure dans mon coeur
comme il pleut sur la ville
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ? "

Paul Verlaine.



Le choc est inédit. Ses ailes n'avaient pas le moins du monde amorti la chute. Elle devait avoir atterrit dans une benne à ordure au vu de l'odeur qui s'y dégageait.
La lame avait traversé son flanc de part en part, laissant couler son sang en abondance.
Ses articulations lui semblaient toutes être en miettes. C'était donc ça une téléportation.
Plusieurs bruits semblait provenir d'à côté.
Difficilement elle réussit à s'extirper de la benne et se cogne douloureusement au sol. Il lui faut un moment pour se relever en s'aidant d'un mur. Elle avait un œil au beurre noir et n'arrivait pas à bien se repérer. Tout ce dont elle était sûre c'est qu'elle se trouvait dans une ruelle. Ça sentait les égout et la fumée de pot d'échappement.

En arrivant enfin à la fin de la ruelle, elle débouche sur une route. La circulation était fortement dense. Où pouvait elle bien se trouver ?
Un jeune couple lui passe devant, remarquant son état ils passent rapidement sans la regarder.
Une sensation de malaise née dans le creux de son ventre.
E

lle se rapproche d'eux et tente de les interpeller.
Ils l'ignorent royalement, pensant avoir affaire à une histoire de gang.
Elle continu péniblement son chemin et demande de l'aide à chaque nouvelle rencontre, mais tout le monde semblait être effrayé.

N'arrivant pas à replier ses ailes qui lui faisaient atrocement mal elld n'arrivait à empêcher sa plaie de saigner qu'avec un morceau de sa pauvre robe. Cette dernière ne ressemblait plus à rien, à peine si elle la couvrait. Son sang coulait trop abondamment, la jeune femme allait finir par mourir à cause de ça. À ce rythme là l'hémorragie était inévitable, n'arrivant plus à avancer.

Il faisait froid, plus froid que chez elle.
Très froid même.
Son corps lourd finit par se laisser tomber, sa tête cognant douloureusement sur le trottoir, un goût plus violent de sang impregne sa bouche.
Ne voyant plus rien, tout était entouré de brouillard, elle arrive à prononcer dans un dernier murmure :

- À l'aide.

Sans lutter plus, l'ange finit par fermer les yeux, tombant dans les profondeurs de l'inconscience.
Là où tout est noir et vide.
Calme et apaisant.
Froid et rassurant.
Inerte et mortel...

⋇⋆✦⋆⋇ 

Il y avait une odeur étrange dans l'air. Un mélange sucré de lait et de vanille. Ça lui rappelait les douceurs que lui faisait sa mère quand elle était petite, elle leur donnaient plusieurs formes d'animal et les faisaient parler pour l'amuser. Ce souvenir réchauffe le cœur de la jeune femme. Et rapidement les événements des dernières vingt quatre heure lui reviennent en mémoire ravivant sa peine. Son coeur tambourine plus fort dans ses côtes. Ses poumons se vident et aspirent plus vite sans réussir à correctement la ventilé. Sa peau était plus chaude, brûlante.
Était elle morte ? Il lui fallait en avoir la certitude mais elle n'avait pas la force d'ouvrir les paupières.
Son dos lui faisait toujours autant mal et son flanc tout au pareil.
Où qu'elle soit, elle ne voyait aucune utilité à ouvrir les yeux.

⋇⋆✦⋆⋇ 

Elle se réveille en sursaut, suante. Son corps était si douloureux qu'elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux. Un cauchemar horrible avait installé demeure dans son subconscient. Elle a l'impression de toujours en être prisonnière : du sang partout, des cadavres en putréfaction, des charognards qui en profitaient, des centaines de milliers de mouches voltigeaient au dessus des cadavres, et l'air était emplie d'une immonde odeur de chair pourrie. Tout ceux qu'elle connaissait était là. Sa mère, son père, Raphaël, Emma, entassés les uns sur les autres, gorges lacérées, poitrines arrachées, ventre vidé, membres manquant.

Les anges déchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant