L'hiver, en Espagne, est froid et sec. Je le déteste. Il me donne l'impression qu'une partie de moi est morte. Donc je déprime de décembre à début février. Enfin, je ne déprime pas vraiment, mais je ne ne suis pas au meilleur de ma forme, quoi.
Mais je m'embrouille, et j'en deviens impoli. Je m'appelle Santiago Delalma, et habite dans la calle de la estación. J'habite ici parce que mon père est guardián de trenes. Il range les métros et les trains le soir et les surveille jusqu'au lever du jour. Pourquoi ? Parce que, tout comme moi, il est obsédé par les trains. Il en a même la morphologie, pour ainsi dire. Je veux dire par là que c'est un grand gaillard aux cheveux noir ébène, aux petits yeux mordorés, au visage carré et dur, et à la démarche d'un titan. Je suis sa copie conforme, sauf pour la taille, l'âge, et les yeux. Moi, j'ai des grands yeux, vert et bleu. Selon ce qu'on m'a dit, ils sont profonds et curieux.
Mon père, David Delalma, est franco-espagnol, tandis que ma mère, Kendra Delalma, est espagnole. Ma première langue est l'espagnol, bien que je parle les deux.
J'ai grandi dans le monde des trains, des métros, des stations et gares. J'en suis obsédé, et en connais chaque recoin, chaque parcelle de l'Histoire. Du haut de mes quatorze ans, je peux réparer n'importe quel engin qui roule sur des rails, et nommer chacun d'entre eux, ainsi que leurs capacités et leurs imperfections. Je vais donc à l'École des trains, Escuela de trenes en espagnol, et excelle dans -presque- toutes les matières, que ce soit en mécanique, histoire ou fonctionnement de l'engin.
Mon école, située au centre de mon quartier, lui-même placé au sud-ouest de la capitale, Assinoa, et ne comporte que très peu d'élèves. Mon meilleur ami, Espaminondo Alcatraz, alias Mino, en fait partie.
Sa mère, Soledad Alcatraz, est psychologue, et celle qui lui a attribué ce prénom horrible. Bon, s'appeler Solitude ne doit pas non plus toujours être facile à vivre. Elle et son mari, Eneldo Alcatraz, sont espagnols. Pauvre de leur fils, je n'arrête pas de le charrier sur son prénom. Mais bon, trêve de bavardages.
Notre ville est en grande partie la capitale d'avant, jadis appelée Madrid. Il n'y a que quelques endroits que le Magistrat a laissé tomber en ruines, dont, à mon grand désespoir, une immense gare, jadis nommée Atocha, qui est à présent oubliée de tous. Malgré mon grand intérêt à son égard, je n'y ai jamais mis les pieds. Personne ne l'a fait depuis des siècles. C'est dangereux. Bon, c'est croulant, quoi. J'ai toujours rêvé de m'y rendre. Papa m'a promis qu'un jour, il m'y emmènerait. J'attends ce jour avec impatience depuis des années.
Atocha a fermé en juillet 2027, suite à un accident dont la nature reste pour moi un mystère. Je me suis toujours demandé ce qui avait valu la fermeture d'une gare aussi immense...
☆☆☆
Tous les mots seront traduits de l'espagnol au français. Ceux-ci signifient "rue de la station".
"Gardien de trains"
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Atocha TI - Digne de Vivre
Science Fiction[~SF•Fantaisie•Romance~] Suite à une expérience étrange dans l'ancienne gare d'Atocha, Santiago Delalma cherche à en savoir le plus possible sur cette gare, et tombe ainsi sur une jeune fille, son ancêtre morte 100 ans plus tôt. Avec l'aide de ses d...