37. Diego ⚠️Violence

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Je ne peux m'empêcher de sourire en voyant mon ami ouvrir le portail et me rejoindre, habillé du même accoutrement que moi. Il me sourit à pleine dents, visiblement excité comme une puce, mais je remarque tout de même la ligne tendue de ses épaules.

Je ne peux m'empêcher de le détailler; Santi, soit la personne la plus pacifique que je connaisse, en habit de guerre.

Sofia nous rejoint peu après, me salue d'un hochement de tête que je lui rends, et nous nous acheminons en silence vers la station de métro de Sol.

Là-bas, il y a un remue-ménage de tous les diables, et je ne reconnais personne, puisque nous portons tous le même uniforme.

Chose qui me perturbe d'ailleurs un peu.

Mes yeux parcourent la foule, à la recherche d'une longue chevelure châtain clair, avant que je ne me rende compte de ce qu'ils font et que je ne les rappelle à l'ordre.

Cherchant à déconcentrer mon cerveau, je demande à Santi:

—Euh...on fait quoi maintenant?

Il hausse les épaules et demande à sa mère. Selon elle, il n'y a rien à faire à part attendre de recevoir un ordre.

Je fronce les sourcils à cette idée. Attendre de recevoir l'ordre pour faire quelque chose n'est pas nécessairement dans mes standards.

Une dizaine de minutes plus tard, une voix masculine résonne dans les hauts-parleurs de la mairie.

—Tous les accompagnateurs et tuteurs légaux sont priés de quitter les lieux. Les novices prendront le métro à Sol. Ceux qui s'identifient en tant que tels, veuillez suivre les militaires à casquette noire. Départ dans cinq minutes. Merci. Terminé.

Santi et moi croisons un regard nerveux. Puis, il se retourne vers Sofia, l'entoure de ses bras. Lorsqu'il la relâche, elle lui ébouriffe les cheveux, comme elle le fait si souvent. Pour une fois, il la laisse faire, ne faisant que lever les yeux au ciel. Sa mère sourit, d'un sourire plus heureux que triste qui me surprend.

— Ne faites pas de bêtises.

Santi sourit, carnassier:

— Si, maman. Plein.

J'observe leur échange avec malaise.

Ils ont la même relation que celle que j'avais avec Maman et Keirla. Il y a bientôt quatre ans.

Sofia se tourne vers moi et, contre toute attente, s'approche pour m'étreindre elle aussi. Je reste comme paralysé quelques secondes, ne sachant que faire, pris au dépourvu. Mais elle me lâche rapidement, et me sourit.

— Ça va vous plaire, vous verrez. Bonne chance !

Elle nous salue de la main et disparaît dans la foule. Santi me regarde, hausse les épaules et demande à aller avec les militaires indiqués. Je le suis, ne sachant que faire d'autre. Je connais cette ville et cette place comme les doigts de ma main, mais j'ai l'horrible impression d'être seul dans une marée de géants. Sentant le désespoir m'envahir, je déglutis bruyamment et chancèle jusqu'à presque tomber sur lui. Santi me regarde en fronçant les sourcils, un « Ça va? » Dans le regard auquel je réponds d'un hochement de tête.

Non, ça ne va pas.

— Peut-être que ça va être un changement positif pour ta vie, me fait-il pour tenter de me réconforter.

Je force un sourire, pensant à ses mots. Peut-être. Espérons.

***

Nous avons pris le métro jusqu'à Madrid, la station la plus au sud de Asinoa. Nous marchons depuis une dizaine de minutes à travers les anciens champs qui bordent la ville. Je n'ai rien contre la marche, mais je dois dire que Lucio — le militaire en tête de notre cortège — mène un train d'enfer. Je commence même à avoir chaud, donc c'est pour dire.

Atocha TI - Digne de VivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant