23. Le secret d'Ainara

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Soledad regarde le poignet de Mino une fois arrivés dans la cuisine, et grimace:

— Assieds-toi, je vais chercher un bandage.

Puis elle se tourne vers nous.

— Vous devriez partir, avant qu'il ne fasse nuit noire. Il fait déjà sombre. Vous voulez une lampe torche?

Je m'apprête à refuser, mais me ravise. Même pour les deux cent mètres qui nous séparent de chez moi, nous courons un risque de marcher seuls dans l'ombre. J'ouvre alors la bouche, mais Ainara me devance:

— Ne vous inquiétez pas, j'en ai une.

Je la regarde, surpris. J'ai vu le contenu de son sac, il ne m'a pas semblé en voir. Mais peut-être me suis-je trompé.

Soledad hoche la tête et s'efface, partie chercher un tissu. Je me tourne vers notre amie:

— J'avais pas vu que t'avais une lampe torche. Remarque, vous avez bien fait, il...

— Je n'en ai pas, me coupe-t-elle à voix basse.

Je la regarde avec un semblant de doute. Elle jette un oeil désolé à Mino :

— Je peux... faire des choses. Pas normales. Mais il m'est strictement interdit d'en parler dans la demeure de quelqu'un qui n'y est pas familier. Santi t'expliquera.

Je croise un regard suspicieux avec mon ami, qui semble aussi perdu que moi.

C'est quoi ce bordel.

J'ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais juste à ce moment Soledad entre, et Ainara me fusille du regard, clairement pour me dire de fermer ma gueule.

La mère de Mino a vite fait de nous jeter dehors, inquiète à l'idée qu'il nous arrive malheur. Je me retrouve donc seul avec Ainara. Et honnêtement, la bonne humeur du goûter s'est vite évaporée. Je me tourne vers elle, en colère et vaguement inquiet:

— Mais c'est quoi ce charabia, Ainara?

Elle me regarde, sévère, et promène furtivement ses yeux autour d'elle comme pour s'assurer qu'il n'y a personne. Puis, elle s'éloigne un peu du portail. Moi, je ne bouge pas, clairement pas en confiance. Elle me lance un coup d'oeil agacé:

— Tu as vraiment si peu confiance en moi?

Je ne réponds pas, ce qui est plus éloquent qu'une vraie réponse. Elle lève les yeux au ciel et regarde sa main. Je suis son regard. Et écarquille les yeux.

Il y a de la lumière. Je ne sais comment, je ne sais d'où elle vient, mais le fait est que, dans sa main, il y a de la lumière.

Je sens ma mâchoire se décrocher.

Ainara me regarde avec sérieux et me fait signe d'approcher. J'obéis, ne sachant que faire d'autre.

— C'est un secret, déclare-t-elle avec une voix qui semble venir d'outre-tombe. Je veux que tu me jures sur la tête de la personne la plus chère à tes yeux que tu ne le diras à personne. À personne. Entendu? Sauf Mino, sachant que les mêmes règles s'appliquent pour lui. Cette information peut être utilisée de façon dangereuse, et causer de vrais problèmes. Alors je veux que tu me le promettes. Compris?

Je la regarde, abasourdi. Mon cerveau refuse de marcher correctement pendant quelques secondes, sous le choc. Puis, je réalise ce qu'elle me dit, et recule d'un pas, sur mes gardes.

— Et comment j'ai la certitude que tu ne vas pas me faire du mal? Si je refuse?

Elle pince tant les lèvres qu'elles en deviennent blanches.

Atocha TI - Digne de VivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant