𝐀𝐭𝐡𝐞́𝐧𝐚
Deux semaines se sont écoulées depuis notre soirée au bar. Ophé n'a pas tardé à me questionner sur mes coups de défense que j'ai assénés à ce connard. Lorsque je lui ai dit que cela venait de mon vécu antérieur, elle n'a pas insisté. Elle sait que je cache un passé lourd et que mon enfance n'a pas été joyeuse comme elle aurait dû l'être. Elle m'a proposé de lui en parler seulement lorsque je serai prête, ce que j'ai beaucoup apprécié. Je suis vraiment reconnaissante d'avoir développé une forte amitié avec cette petite brune aux yeux verts.
Debout et au boulot depuis huit heures, la journée défile et s'enchaîne alors que nous servons les clients. C'est en fin de soirée que le café commence à se vider tranquillement. Même si je suis en bonne forme physique, mes pieds sont en compote. Il faudrait que je reprenne l'entraînement avant de craquer. Parfois, je me dis que j'aurais dû continuer mon ancien travail. Être à mon compte était un avantage, car personne n'avait à dicter mes actions. Les journées étaient moins ennuyeuses que de servir des cafés et des pâtisseries à des gens souvent de mauvaise humeur. Il n'y avait jamais un jour pareil dans mon ancien boulot. J'espère m'habituer à cette vie tranquille. Pourtant, au fil des jours, je me demande si c'est vraiment possible. Je n'ai pas été habituée à cette vie calme.
Perdue dans mes pensées, je remarque soudainement un silence lourd dans le café. En me retournant, je comprends enfin la raison. Un groupe de motards de la région, au nombre de quatre, vient d'arriver. On pourrait presque croire que les clients se précipitent pour se mettre à l'abri, persuadés que le danger vient d'arriver. Pff !
Bande de cons, si seulement vous saviez que le danger ici, ce n'est pas eux. Quelle bande de peureux !
Je les observe un moment. Chacun porte un cuir sans manches avec des patchs cousus dessus. Pendant qu'ils s'installent à une table, je remarque leur logo au dos, avec l'inscription "Black Phoenix MC" et un dessin de phénix en plein milieu. Je suppose que ce sont des bikers. J'ai déjà croisé ce genre de types : des hors-la-loi, sans foi ni loi.
Comme aucune serveuse ne semble avoir assez de cran pour aller les servir, je me dévoue pour la tâche.
– Bonjour messieurs, qu'est-ce que je vous sers ? demandé-je avec politesse.
– Quatre cafés noirs avec quatre muffins au chocolat, ma jolie, me répond un des bikers dont l'insigne arbore le nom de Trésorier.
Son clin d'œil à la fin est exaspérant. Je me retourne pour aller chercher leur commande. Soudain, on me touche en malaxant mon cul. Aussi vite que sa paume a touché mes fesses, je me retourne et j'envoie un crochet du droit direct dans la gueule de ce connard, avec toute la force dont je suis capable. Autant se faire respecter dès le début ; de toute façon, je ne suis pas une pute.
– Non, mais t'es malade ! C'était quoi ce crochet-là ? s'exclame le mec avec l'insigne « Sergents d'Armes »
– Premièrement, tu vas baisser d'un ton mon coco et deuxièmement, je ne t'ai, en aucun cas, autorisé à me mettre ta main au cul, grondé-je en le fusillant du regard.
Pour qui ce crétin se prend-il ? Je constate que les deux autres amis sans patch, donc sans rôle précis, semblent tendus, mais aucun d'entre eux n'intervient. Tant mieux, ça m'aurait ennuyée de salir ma tenue de travail avec de l'hémoglobine. Une tache de sang sur des habits blancs, quelle horreur !
Contre toute attente, le gars que je viens de frapper se met à rigoler. Pas d'un petit rire, non ! Il s'esclaffe littéralement. Ça y est, je crois que je lui ai fait perdre quelques neurones avec ma droite.
– Je t'aime bien finalement. Tu n'as pas l'air d'être comme les autres filles qui courent après une veste. Je m'appelle Derek, enchantée mademoiselle, se présente le biker à l'insigne de « Sergents d'Armes ».
S'il savait à quel point je me fous de sa veste... Réticente au début, je finis par lui tendre la main. Je n'aime pas les contacts physiques avec les gens.
– Je m'appelle Athéna. Toutefois, je te conseille de ne plus jamais recommencer. Sinon, ce n'est pas mon point que tu recevras la prochaine fois.
– Ah oui ? Et ce sera quoi ? déclare-t-il avec un air plein de défi.
En battant des cils de manière exagérée, je lui réponds que si je lui disais, ce ne serait plus une surprise. J'ai même réussi à faire rire ces autres potes. Ils n'ont pas l'air de me croire, mais peu importe. Mon quart de travail enfin terminé, je passe près d'eux et leur fais un salut militaire rapide pour leur dire au revoir. Je fais toujours ça pour saluer la personne. C'est une vieille habitude que j'ai gardée.
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La Serpenta
RomanceLa Serpenta a vu le jour lors de son onzième anniversaire. Les épreuves de la vie ont le pouvoir de troquer l'innocence de l'enfance contre une mentalité adulte. Le parcours d'une jeune fille qui devient une femme prématurément. Chaque jour qui pass...