Bataille

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Nous sortions de l'église. Maintenant, nous voilà dehors. La nuit était tombée. Léon avait pris un chandelier pour nous éclairer. Des personnes tiraient au fusil et d'autres se battaient à l'épée. Je me souvenais des paroles de Charles, qui avait dit que dans certaines villes d'Espagne, c'était la guerre civile, et que les citoyens en colère détruisaient tout, et que la garde de la ville ripostait. Nous devions rentrer pour dormir, mais j'avais un mauvais pressentiment. Nous ne pourrions pas rentrer pour nous reposer tranquillement. La maison était assez loin, nous n'arriverions jamais là-bas en sécurité. Nous nous retrouvions au milieu d'un champ de bataille. Léon sortit son épée et me tendit un couteau au cas où. Je me demandais pourquoi nous ne restions pas cachés dans l'église. Lorsque je levais les yeux vers le toit de l'église, des flammes s'élevaient au-dessus d'elle. En observant maintenant les flammes, je pris conscience de l'odeur de brûlé qui m'avait titillé les narines depuis un moment. Des personnes criaient, d'autres couraient affolées pour se mettre à l'abri. Beaucoup de monde était présent. La pleine lune brillait intensément. Ce n'était pas la première fois que Léon combattait de nuit, il était habitué, contrairement à certaines personnes ici qui n'étaient pas familières avec les combats nocturnes. Léon semblait aux aguets, surveillant les mouvements de la rue. Nous étions cachés dans une ruelle et à quelques mètres de nous, des personnes se battaient, leurs épées s'entrechoquaient, leurs cris de rage résonnaient. Lorsqu'un homme mit fin à la vie de son adversaire, le sang jaillit et il ne put s'empêcher de prolonger son agonie. Je ne pouvais pas m'empêcher de pousser un crie. J'étais pris d'un violent mal de ventre, je me suis mis à vomir par terre. Léon m'a demandé si je me sentais capable de traverser la rue et d'aller de l'autre côté, mais il a ajouté qu'il fallait courir. Mon cœur battait la chamade, nous n'avions pas le choix, nous avons couru tous les deux, en passant au milieu des combattants, du sang sur le sol, des blessés, voire des morts. Je n'ai pas vraiment eu le temps de regarder. J'étais essoufflé, maintenant nous étions de l'autre côté de la rue, où il n'y avait personne. Par moments, en courant, nous ne voyions pas grand-chose. Léon a laissé tomber le chandelier par terre car les bougies s'étaient éteintes. Des hommes se battant à l'épée se sont approchés de nous. Léon m'a écarté. L'un des hommes a tranché la tête de son adversaire. J'étais horrifié, il nous regardait avec un sourire glacial. Léon m'a attrapé le visage et m'a dit de courir. Mes poumons se sont comprimés. Je suis resté sous le choc. Léon tenait fermement son épée, a fait un bond en arrière sans perdre l'équilibre et est immédiatement revenu à l'attaque. L'homme en face de lui a bondi dans l'autre sens, l'adversaire de Léon lui a infligé une coupure au visage, ma respiration s'est coupée et j'ai mis ma main devant ma bouche. Il m'avait dit de courir, mais je suis resté là sans bouger. Léon lui a asséné un coup sur le côté de la tête, un coup sans élan mais puissant qui a fait tomber son adversaire au sol. Léon s'est retourné, s'est approché de moi, m'a simplement pris dans ses bras et j'ai réalisé que je tremblais. Parfois, j'aimerais ne plus rien ressentir. Le fait de souffrir est ce qui nous fait sentir vivants. Je ne supporte plus toute cette violence. Pourquoi les gens se font-ils autant de mal ? Certains sont sûrement mauvais et aiment faire souffrir les autres. Je sortais de mes pensées lorsque d'autres hommes sont arrivés. Ils étaient nombreux. Je ne voyais pas comment Léon et moi pourrions en sortir vivants. Des hommes de différents âges sortaient leurs épées et se battaient contre lui. Léon semblait fatigué de se battre. Il esquivait les coups au dernier moment. Il était rapide, je réalisais qu'il savait se battre mieux que quiconque, il haletait. Un autre de ses adversaires portait une armure extrêmement lourde. Leon était plus exposé aux coups, mais il était plus libre de ses mouvements et parvenait à prendre de la vitesse sur son adversaire pour en sortir vainqueur. Un autre homme surgit sur sa gauche, tenant une hache à la main. S'il échoue dans le combat, il mourra, et avec lui ma protection. Nos vies sont en jeu tous les deux. J'ai une peur terrifiante de le perdre et de mourir. Pendant tout ce temps où il se battait, je restais à l'écart, cachée derrière une charrette. Nous entendîmes crier nos prénoms, puis Jack arriva vers nous. Leon étreignit son ami Jack. Léon donnait l'ordre à Jack de m'emmener en lieu sûr, mais je refusais de le laisser seul dans cette bataille. Les hommes de Léon arrivaient, et il demanda à ses hommes de m'éloigner de tout cela. Ils acquiescèrent sans mot dire. Les hommes de Léon étaient si honorables et loyaux. Ils me tiraient loin de lui, et je criais son nom alors qu'il se trouvait en plein combat, aux côtés d'Edgar. Je me mis à courir avec les hommes de Léon, n'ayant pas d'autre choix que de les suivre pour survivre, même si je me sentais coupable de l'avoir abandonné. Un homme devant moi se fracturait les os, et j'entendais les craquements. Je ne pouvais m'empêcher de crier. Par moments, j'avais l'impression que mon cœur s'arrêtait de battre. Mes pensées étaient constamment tournées vers le destin de Léon et d'Edgar. Entourée par les hommes de Léon qui me protégeaient, je voyais certains d'entre eux se jeter sur l'ennemi, et d'autres se battre à mains nues. Quelques minutes plus tard, ils étaient de plus en plus nombreux. Un homme se jetait sur moi. Je tenais la lame tranchante dans mes mains. Quand il se précipitait vers moi, la lame s'enfonçait dans son cœur, il tombait sur moi, et finissait par mourir. Je me relevais, troublé. J'avais tué quelqu'un. Je l'avais tué. Non, je ne le voulais pas. Des hommes m'encerclaient, mais ce n'étaient plus les hommes de Léon. Mon instinct me poussait à survivre. Un des hommes m'a donné un coup de poing et j'ai laissé tomber le couteau au sol. J'avais le goût du sang dans la bouche. Les hommes tombaient un par un car quelqu'un avait ouvert le feu. Il tirait sur tout ce qui bougeait. J'avais perdu de vue les hommes de Léon. Je m'étais jeter par terre et je hurlais pour le l'homme arrêter de tirer. Après plusieurs secondes qui me semblait des heures. Je m'étais mise debout. J'avais vu Folquet se diriger seul dans une ruelle et j'ai tenté de le suivre, mais une fois arrivé dans cette ruelle, j'étais seul. J'avais envie de crier et de pleurer. Je me disais que ce n'était pas le moment de paniquer et de céder à la peur, car si je le fais, je ne m'en sortirai pas. Je devais me reprendre. Je ramassais une épée par terre, prêt à combattre si nécessaire. Sachant que je ne pouvais pas me rendre chez Carlo en raison des combats dans les rues, je devais retrouver Léon ou ses hommes pour avoir une chance. Seul, je n'y arriverais pas. Crachant par terre à cause du sang dans ma bouche, mon ventre se crispait de douleur à cause de la peur. J'étais en train de courir avec mon épée à la main, passant devant certaines personnes en train de se battre. Parfois, je devais me baisser pour esquiver les coups et reculer. Finalement, je suis retourné dans la rue où j'avais vu Léon pour la dernière fois, mais il n'était pas là. Un homme est arrivé derrière moi et je me suis retourné, esquivant son épée. Je me suis mis en position de garde, nos lames s'entrechoquant. J'ai paré en utilisant ma lame pour bloquer ses attaques, me rappelant les instructions d'Oscar sur le combat. J'étais attentif à chaque geste de l'homme en face de moi et j'ai remarqué qu'il était blessé à la jambe droite. Si Oscar avait été là, il m'aurait dit de lui donner un coup de pied, ce que j'ai fait, le faisant tomber au sol. J'ai entendu des cris et me suis retourné avant de me sentir poussé au sol. Ma tête a heurté un mur. Je réalisais la scène se déroulant devant mes yeux : Léon était là, quelqu'un lui enfonçait un couteau dans le ventre. J'ai poussé un cri d'effroi ; s'il n'avait pas été là, c'est moi qui l'aurais reçu. Léon s'est effondré au sol. J'ai poussé un hurlement terrifié et me suis précipitée vers lui, il était inconscient. Mon cœur était sur le point de lâcher...

La voyageuse du temps : 1669 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant