Ces derniers temps, je n'ai pas beaucoup dormi à cause des tempêtes qui se sont enchaînées. J'ai du mal à croire que nous arriverons bientôt au port. Léon m'avait dit que nous irions dans un château en France, dans un petit village. Il m'avait également informé qu'un bal était prévu, et qu'ils y allaient tous les ans. Les bals d'époque servaient souvent de lieux de rencontre sociale où les gens pouvaient danser et socialiser. Aller à un bal d'époque et porter une belle robe a toujours été mon rêve. D'ailleurs, qu'est-ce que je vais porter ? Je ne peux pas me rendre à un bal sans robe, ce n'est pas possible. Autour du château, il y aura bien une boutique de robes. Nous approchions du port. Quelques secondes plus tard, Jack et Folquet lancèrent la corde à William qui l'attrapa pour l'attacher au bateau en faisant un nœud. Nous nous apprêtions à amarrer le bateau, c'est-à-dire l'attacher au quai ou au ponton. J'étais toute excitée à l'idée d'assister à un bal. Je descendis la première du navire, Billie demanda à Léon pourquoi il lui avait dit que nous comptions nous rendre à un bal, car nous n'étions pas obligés d'y aller. Je pense que tout le monde avait remarqué à quel point j'étais heureuse, mon sourire s'étendant jusqu'aux oreilles et mes sautillements depuis l'annonce de la nouvelle. Le château surplombait la colline et la ville s'étendait tout autour. En sortant du port pour nous diriger vers la ville, je fus submergée par une autre émotion. J'aperçus un homme portant un chapeau, visiblement contrarié. Non pas à cause de ma maladresse en le bousculant par inadvertance, mais plutôt en raison du refus de certaines personnes de débarquer du bateau. Ce triste spectacle me brisa le cœur : il frappait des hommes, des enfants en bas âge. C'est alors que je réalisai que j'avais atterri à l'époque de l'esclavage. Un profond sentiment de désarroi m'envahit, mon sourire s'effaça instantanément.
Des enfants pleuraient pendant qu'il fouettait une femme enceinte. Je ne pouvais pas rester les bras croisés et je me suis interposé. L'homme au chapeau me demandait de partir, mais j'ai secoué la tête. Derrière moi, j'entendais Léon et les autres crier pour que je m'éloigne, mais je ne les écoutais pas, je ne pouvais pas laisser cette femme se faire battre. Elle m'a regardé en souriant et m'a dit un mot que je n'ai pas compris, mais qui signifiait probablement merci. L'homme en question m'a ordonné de m'éloigner, sinon il me fouetterait. Je n'imaginais pas qu'il le ferait, jusqu'à ce que du sang coule de mon avant-bras. Léon s'est interposé entre moi et cet homme. Léon a dit : "Vous savez qui je suis, n'est-ce pas ?" L'homme au chapeau semblait terrifié. Je me demandais pourquoi les hommes avaient peur de Léon, probablement parce qu'il a du pouvoir, c'est quelqu'un de haut placé d'après ce que j'ai compris. La plupart des gens ont peur de lui, pratiquement tout le monde le connaît. Mes pieds ne touchaient plus le sol car on me portait, on m'éloignait de cet homme. Je voyais qu'il continuait à frapper cette femme. J'ai donné des coups de pied dans le dos de Léon pour qu'il la lâche. Malgré mes cris, mes pleurs, il ne me lâchait pas et je n'arrêtais pas de répéter : "Pourquoi les hommes sont-ils méchants ? Pourquoi font-ils ça ? Ils sont comme nous ! C'est injuste !" Quelques mètres plus loin, il m'a lâchée et a demandé si j'étais calmée. Je le regardais les larmes aux yeux et Billie s'approchait de moi. Je lui ai demandé pourquoi il n'avait rien fait. Il m'a répété cette fameuse phrase : on ne pouvait rien faire, ce n'est pas parce qu'on a un collier pour remonter dans le temps qu'on peut se le permettre. Il a raison. Je ne peux rien faire pour l'en empêcher. Parfois, il est préférable de ne pas changer l'histoire, de ne pas modifier notre propre histoire. Cela pourrait tout bouleverser dans le déroulement des événements, cela pourrait même être encore pire. Je le sais au fond de moi, mais c'était tout de même horrible et je ne parviendrai pas à oublier ce que cet homme m'a fait vivre. J'aimerais qu'il soit celui qui subisse les conséquences. Il se croit tellement supérieur à tout le monde. J'espère qu'il ira en enfer, si cet endroit existe. Nous étions maintenant depuis un bon moment dans la ville. Les autres me suivaient. Il me demandait de ralentir, mais je ne l'écoutais pas. En ville, des gens jouaient de la musique. Ils semblaient tous heureux, des enfants couraient, certains se battaient. Dans mon époque, il y aurait déjà eu plusieurs personnes intervenant. Je ne pouvais pas aider tout le monde. Je me rassurais en me disant que parfois les choses doivent arriver pour une raison, que les choses sont parfois telles qu'elles sont. En admirant chaque maison autour de moi, chacune semblait spéciale. Elles sont différentes des maisons de la d'où je viens. Chez moi, les maisons sont ultra-modernes. Certains mendiants faisaient de la peine, certains étaient vraiment très pauvres. J'ai croisé une personne âgée dont les mains étaient noircies par la terre, des plaies noires sur ses mains. Si seulement on pouvait faire quelque chose pour les aider. Je suis tombé sur un bâtiment qui ressemblait à un magasin, et en regardant Léon, qui haussait les sourcils, je le suppliais de m'acheter une robe.
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La voyageuse du temps : 1669
PertualanganEt si je vous disais qu'un simple collier peut changer une vie, le croiriez-vous ? On m'a offert le plus beau des cadeaux ! Ce n'est pas seulement un collier, c'est un instrument de voyage dans le temps. On me surnomme la voyageuse du temps. Je suis...