Bientôt mort

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Le jour se levait, les autorités étaient parvenues à reprendre le contrôle alors que les combats commençaient à s'apaiser. Des explosions se faisaient encore entendre. Léon, je ne sentais plus son pouls. Il restait immobile, les yeux clos. Il ne respirait plus. Je refusais de croire qu'il soit mort. Je tentais de sentir son pouls, mais mes mains tremblaient tellement que j'avais du mal à le trouver. Je criais à l'aide. Mes mains se posaient sur sa plaie, couvertes de son sang. Je ne parvenais plus à respirer. Il perdait trop de sang. J'entendais le bruit de sabots. Charles, le prince, arrivait à cheval. Je secouais Léon, mais il restait immobile. La lame était toujours enfoncée dans le corps de l'homme que j'aimais.

Charles : Oh Dios mio ! ( = Oh mon dieu ! ) dit-il choqué.

Il prenait le pouls de Léon. Mon cœur s'arrêtait. Mon esprit et mon corps ne faisaient qu'un, mais détachés de la réalité. Toutes mes pensées me hurlaient une vérité que je refusais d'admettre : qu'il était mort.

Charles : "Il respire !" dit-il, soulagé.

Je reprenais mon souffle. Je le regardais, soulagée. J'ai cru qu'il était mort. Charles demandait à ses gardes de le ramener au château. Il m'aidait à monter derrière lui, à cheval. Ma vue était floue tellement je pleurais. Arrivés au château, Léon était pris en charge. Je m'asseyais sur un fauteuil. Charles m'emmenait boire quelque chose. Je tremblais encore en buvant une gorgée. Il essayait de me rassurer.

Charles : Chiquitita ! dit-il.

En Espagne, cela signifiait petite.

Charles : Léon est fort, il va s'en sortir ! Qu'est-ce que vous faisiez dans cette bataille ? demanda-t-il.

C'était mon idée d'aller à l'église.

Elynn : Nous étions allés à l'église ! Quand la bataille a commencé ! J'ai tué quelqu'un ! dis-je en tremblant.

Je me suis défendue contre l'homme qui se jetait sur moi, ma lame s'enfonçant dans sa chair.

Charles : Je sais que la première fois qu'on tue quelqu'un n'est pas facile, on ne se remet pas vraiment d'avoir pris une vie, mais peu importe ce qui s'est passé, s'il s'en est pris à toi alors tu as bien fait de le tuer. Dis-toi que c'était lui ou toi ! dit-il.

Je ne relevais pas. Mais il avait raison. Charles me disait de me reposer, il me dirait quand il se réveillerait et s'il ne se réveillait pas. Je m'allongeais sur le fauteuil en tremblant, les larmes ne cessant pas de couler. Je ramenais les jambes contre moi. Je pris la couverture. Je baillais, essayant de lutter contre la fatigue, me disant qu'il ne fallait pas que je m'endorme au cas où quelqu'un essaierait de venir me voir pour m'annoncer comment va Léon. J'avais fini par m'endormir par manque de sommeil. J'ai été réveillé quelques minutes plus tard par le capitaine Barbe. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Je le regardais sans trop comprendre et je regardais la pièce où je me trouvais. Puis je me suis rappelé de tout ce qui se passait.

Capitaine Barbe: Nous sommes soulagés de te voir en bonne état ! Nous t'avons cherché partout, ton frère et les autres pensaient que tu étais morte ! Ils seront soulagés quand je leur dirai que tu as trouvé refuge ici ! dit-il.

Il me parlait, mais j'écoutais à peine. Il me disait qu'on pouvait rentrer et aller chez Carlo, mais je ne bougeais pas. Il ne semblait pas être au courant que Léon était mal en point. Personne ne m'a donné de nouvelles de lui. Le capitaine Barbe commençait sans doute à remarquer quelque chose d'anormal. Il s'approcha et s'agenouilla près de moi. Il me demanda ce qui se passait. Quand je murmurais qu'on lui avait planté un couteau dans le ventre en s'interposant pour me sauver, le capitaine Barbe resta quelques secondes sans réaction.

Le capitaine Barbe : Je suis désolé, je n'étais pas au courant ! Est-ce qu'il s'en est sorti ?

J'ai haussé les épaules pour signifier mon ignorance. J'étais épuisée, vidée d'énergie. Si Léon ne s'en sort pas, je ne veux pas continuer à vivre sans lui. Charles et des gardes arrivaient vers moi et, pour la première fois, j'ai trouvé la force de me lever. Je me suis appuyée sur le capitaine Barbe qui venait de se relever également.

Charles : Chiquitita, il s'en est sorti ! Il se repose en ce moment même ! dit-il en posant une main sur mon épaule.

J'étais sur le point de m'effondrer de joie et de soulagement. J'avais demandé à le voir, les gardes m'avaient accompagné à l'entrée de la chambre, la capitaine me suivait. Je me suis précipitée vers lui, son visage était si pâle. C'était un miracle qu'il soit en vie, à l'époque il n'y avait pas tout le matériel nécessaire et sa plaie risquait de s'infecter. Il aurait pu mourir si cela s'était produit. Quoi qu'il en soit, je resterais près de lui. Sa main était froide, je la serrais, je replaçais une mèche de ses cheveux, ébouriffés. J'ai soulevé la couverture, il était torse nu et des morceaux de tissu recouvraient sa plaie, les draps étaient tachés de sang. Il était passé tout près de la mort. J'ai passé plusieurs heures assise sur le lit à l'observer. Quelques heures plus tard, j'ai sursauté quand une main s'est posée sur mon épaule. C'était le capitaine Barbe.

Capitaine Barbe : Il faudrait que tu manges et que tu te reposes, tu commences à être pâle et très cerné, tu as vraiment mauvaise mine ! dit-il.

Il a sans doute raison. Mais je ne pense pas que je sois capable d'avaler quoi que ce soit. Je m'allongeais à côté de lui. Je me suis rendu compte que je n'avais pas prêté attention à la pièce dans laquelle je me trouvais. La chambre était vaste et ornée de riches tapisseries accrochées aux murs en pierre massive. Le sol était recouvert de tapis persans épais, et au centre de la pièce, un imposant lit à baldaquin attirait le regard, drapé de velours pourpre ou de soie brodée. Les piliers en bois sculpté soutenaient le dais somptueux, orné de franges dorées scintillantes. Les draps étaient en lin finement tissé, bordés de dentelle délicate, témoignant du raffinement de l'époque. Des meubles en bois sombre, tels qu'une commode ornée de motifs floraux ou un bureau richement sculpté, ajoutaient à l'opulence de la pièce. Des chandeliers en cristal suspendus au plafond diffusaient une lumière douce et chatoyante, créant des reflets étincelants sur les murs lambrissés. Des portraits encadrés d'ancêtres nobles ornaient les murs, leurs yeux semblant suivre chaque mouvement dans la pièce. De lourds rideaux en velours tombent des fenêtres à meneaux, filtrant la lumière du jour et ajoutant une touche de mystère à l'atmosphère. Dans un coin de la chambre, un petit coin salon invite à la détente, avec des fauteuils rembourrés et une table basse en bois massif, où l'on peut s'installer pour déguster du vin et discuter de sujets éclairés par la lueur des chandelles. Je m'arrêtais de regarder la pièce. Je m'étais finalement endormi, je me suis réveillé en hurlant, après avoir fait un cauchemar. La réalité de mon cauchemar s'est soudain imposée à moi quand j'ai regardé Léon, pâle comme jamais. En observant le capitaine Barbe, inquiet dans son regard, j'ai compris qu'il y avait peut-être finalement aucune chance qu'il s'en sorte. À ce moment-là, mon cœur s'est arrêté, se brisant en mille morceaux...

La voyageuse du temps : 1669 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant