Abandonner

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Je regardais le bateau s'éloigner, plus les secondes passaient, plus celui-ci devenait de plus en plus petit à mes yeux. J'avais été trahi. Le jour commençait à se lever, tenant une lanterne, j'étais vêtue d'une robe blanche, mes cheveux flottant au vent. Une larme coulait sur mes joues. Je tombai à genoux. Il m'avait abandonnée, ils m'avaient abandonnée, ils ne faisaient pas demi-tour pour venir me chercher et j'étais seule sur cette île. Je rabattis mes mains autour de mes bras, regardant autour de moi où je me trouvais, terrifiée. Des animaux dangereux étaient présents ici, je n'avais rien pour me protéger, même pas un couteau. Il aurait pu au moins me laisser un sac contenant une épée, de la nourriture, de l'eau, une couverture pour ne pas attraper froid et ne pas mourir de froid. J'ai été trahi et je n'ai rien vu venir. Je pleurais toutes les larmes que je pouvais pleurer, la douleur que je ressentais était horrible. C'était comme si on m'avait poignardé dans le ventre. Comment ai-je pu être aussi naïf, aussi bête? Je n'aurais pas dû lui pardonner aussi souvent. Les gens qui nous mentent le refont toujours, et je lui ai donné une deuxième chance de le faire. Je me suis trompé sur lui, ce n'est pas quelqu'un de bien. Je lui ai pardonné tellement de choses que je n'aurais jamais cru pouvoir pardonner dans ma vie. Je l'ai laissé m'embrasser alors qu'il était cruel, il a indirectement tué des gens ce fameux Antoine jeté aux requins, il a enfermé un enfant dans un cachot, m'a juré que Antoine le méritait. Apparemment, en ce qui concerne Antoine, il s'est mal comporté avec une fille qu'il connaissait, et en général, les personnes qu'il a enfermées dans son cachot ont commis des actes ignobles. Cependant, cela ne justifie en aucun cas de tuer des gens. Comment ai-je pu lui pardonner ? La seule raison pour laquelle j'ai pu lui pardonner est que même si cela me fait mal de l'admettre, c'est parce que je l'aime, du moins je le crois. J'étais attachée à lui et aux autres. Il m'avait dit que toutes les personnes qu'il avait tuées l'avaient attaqué, sinon il n'aurait jamais blessé quelqu'un par méchanceté. Il m'avait expliqué que souvent, les personnes qui font du mal aux autres le font parce qu'elles souffrent. Ce n'est toutefois pas une excuse pour se comporter mal envers les personnes qui nous entourent. Avant d'arriver sur l'île, il m'avait dit que s'il me faisait du mal un jour, il y aurait une raison derrière ses actes. Cependant, rien ne justifie le fait qu'il m'ait menti, volé mon collier et abandonné seul sur une île déserte. Je ne pourrai jamais lui pardonner. Pourquoi m'a-t-il fait ça ? Pendant tout ce temps, il m'a menti et n'a jamais tenu à moi. Pourtant, il semblait sincère. S'il voulait mon collier, pourquoi ne me l'a-t-il pas simplement demandé ? S'il voulait vraiment s'en servir, nous aurions pu trouver une solution. Au lieu de cela, il a préféré me droguer pour me voler et me laisser seul sur cette île. Il faut vraiment avoir des problèmes mentaux pour abandonner une personne sur une île. Après avoir versé toutes les larmes de mon corps, mes yeux brûlants, épuisé, je me suis allongé sur le sable. Mes paupières se sont fermées peu à peu et je me suis laissé bercer par le doux bruit des vagues. J'ai sombré dans un sommeil empreint de doutes et de tristesse. Le lendemain, je me suis réveillé en ressentant une sensation de chatouillement au niveau du nez. En me frottant le nez, j'ai soudainement bondi en voyant une grosse araignée, ce qui m'a donné des frissons. Le soleil cognait sur mon épaule, mais je ne savais pas quelle heure il était, ni combien de temps j'avais dormi. Je me demandais ce que l'avenir me réservait, mais tout ce que je savais, c'est que je ne voulais pas mourir. Il me fallait trouver une solution rapidement. Si ma mère était encore en vie, elle aurait dit qu'aucune femme ne devrait se retrouver dans un tel état pour un homme. Je ne mérite pas un homme comme lui, mais ça me fait mal. J'ai eu confiance en lui malgré tout et je l'ai laissé m'embrasser, même si c'était mon premier baiser. Si je pouvais revenir en arrière, je le ferais. Je regrette d'avoir trouvé ce collier, il m'a apporté que des problèmes. Je ne comprends pas l'intérêt d'être une voyageuse du temps. Je me suis éloignée de la plage, sous un arbre, en avalant ma salive, me sentant déshydratée et affamée. Je fixais la forêt au loin, sachant que je devais m'y aventurer. Après plusieurs heures de marche, je ne savais pas exactement où j'allais, mais je cherchais désespérément de la nourriture et de l'eau. Sur cette île, il faisait extrêmement chaud, la transpiration perlait sur mon visage. Je baissai la tête pour passer sous une branche d'arbre. Un bruit d'eau parvint à mes oreilles, semblable au doux clapotis d'une source. Je me dirigeai vers cet envoûtant son. Soudain, je découvris une cascade, véritable merveille naturelle où l'eau dévale en cascades depuis une hauteur, offrant un spectacle majestueux. L'eau fluide et scintillante dansait le long des rochers, créant des reflets chatoyants. Le rugissement apaisant de l'eau se mêlait au murmure de la nature environnante, offrant une symphonie relaxante. Les embruns délicats flottent dans l'air pendant que l'eau rencontre gracieusement chaque étape de sa descente, formant des bassins en contrebas. Une cascade incarne la beauté brute et la puissance tranquille de la nature. À genoux, je buvais de mes mains en creux. L'eau était fraîche, me procurant un bien-être immédiat. Je me déshabillai, puis sautai nu dans l'eau. La sensation de fraîcheur était revigorante après la chaleur étouffante. Après plusieurs minutes dans l'eau, je sortis et m'assis sous un arbre, songeant à Léon. Une douleur sourde me tiraillait le ventre. Je l'aimais. S'il m'avait vraiment aimée, il ne m'aurait jamais fait cela. Je me levai finalement, et vis un oiseau tenant une cerise dans son bec. D'où vient-elle ? Je continuais à marcher et je tombais sur un arbre fruitier. J'ai mangé plusieurs cerises. J'ai ramassé des morceaux de bois pour faire un feu, mais sans succès. La nuit tombait. La peur commençait à m'envahir, alors j'ai commencé à prier. Il était crucial pour moi de survivre. Je me suis assise sous un arbre près de la cascade, en resserrant mes jambes contre moi pour me réchauffer. La nuit devenait de plus en plus sombre, chaque bruit accélérait les battements de mon cœur. J'ai passé toute la nuit assise, les jambes repliées, en priant. La nuit la plus longue que j'ai jamais vécue. Le jour se levait enfin, j'ai ressenti un immense soulagement. À ce moment-là, je commençais à m'assoupir. J'ai été réveillée par la chaleur quelques heures plus tard. Et si je construisais un radeau ? Non, mauvaise idée. Les autres vont se poser des questions sur mon absence. Mon frère viendra me chercher, j'en suis presque certain.

Il doit...
C'est mon seul espoir.

La voyageuse du temps : 1669 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant