Léo regardait les étoiles dans le ciel, qui semblaient les guider, d'un chemin lumineux, jusqu'au lieu du rendez-vous. En poussant la porte, une chaleur étreignit son corps usé par la fraicheur timide du printemps. Les murs rouge du cabaret lui donnèrent l'impression d'être en enfer, de longs rideaux écarlates ressemblaient aux flammes de l'absolution, s'apprêtant à dévorer le parquet du sol ou celui de la faible estrade qui aurait pu s'écrouler au moindre poids trop fort. Cet endroit fut la piètre excuse pour une débauche loin de toutes convenances.
Elle se souvint que monsieur Beleau l'eut convié ici au cours d'une de ses correspondances, "Agathe" refusait d'un revers d'encre, Léo s'avançait désormais en faisant claquer ses talons. La jeune fille se demandit en quoi le monde aurait été différent si cette nuit là, elle s'était frayée un passage jusqu'ici. Si d'un masque et d'un nom de plume, elle avait approché le vilain loup. C'est aujourd'hui que le verre d'une fantaisie absurde fut brisé, la laissant pénétrer la réalité. Contrairement à sa propre expression dégoûtée, celle de Judy était émerveillée, contemplant le bouge avec une admiration déconcertante. La plus jeune sentie son courage chanceler, elle voulu goûter à la saveur du fruit défendu, toutefois, elle avait peur de s'asphyxier avec les pépins. Eve s'accrochait aux branches du jardin d'Eden avant de tomber dans la poussière.La blonde saisit doucement le poignet de Léo, l'entraînant d'un pas affirmé vers le bar. La fille fut étouffée par la bruit du jazz qui résonnait à travers ses tympans, la sensation de cet orchestre au seins même de sa tête, le taudit semblait être une boîte de sardine dans laquelle elle ne parvenait plus à bouger.
Léo regardait frénétiquement de gauche à droite, voyant les couleurs, la fumée des cigares ainsi que les gestes sulfureux des quelques danseuses sur la scène s'emmêler comme un brouillon informe. Ses oreilles sifflaient, chacun de ses membres tremblaient, elle aurait dû savoir qu'elle ne fut pas de taille pour cette escapade interdite. C'est en remarquant le regard froid de monsieur Beleau qui les jaugeait méticuleusement, qu'elle finit par s'ancrer dans l'insant présent.
Il fallait être courageuse, au moins l'espace d'une petite seconde, il fallait dominer l'homme orgueilleux, au moins l'espace d'un infime battement de cils. Léo était une âme de mots complexes et de phrases alambiquées destinée à n'être exposée que derrière les barrières d'une luxueusement maison.- Mesdames je ne pensais pas que vous viendriez! S'exlamait l'homme de cette voix nasillarde insupportable.
-Nous avez-vous convié juste pour nous narguer? Il est trop tard maintenant, riait Judy d'une confiance qui rendit jalouse la benjamine.
De son tabouret, Alastor réussissait à la surplomber, son aura fut écrasante comme une pierre qui s'abbat sans prévenir. Dans sa main trônait un verre rempli d'un liquide marronâtre que Léo reconnu facilement, après tout, elle en vu beaucoup en France. La jeune fille savait pertinemment que le whisky fut un sujet tabou sur ce continent, elle se rappelait difficilement du terme "prohibition", mais elle se souvint de sa définition. Comment son père pouvait-il permettre qu'un homme de si peu de loi épouse son aînée? Cela la depassait.
- Bien sûr que non, je n'oserais jamais être si impolie! Asseyez-vous donc avec moi! Il se tournait vers une femme à l'allure depravée de l'autre côté du comptoir. Mimzy, viens rencontrer ma futur belle famille, dit-il en fixant Léo à présent.
Mademoiselle d'Harcourt ne pu le nier, elle était magnifique, parfaitement le genre de physique qu'elle prit en adoration, ce genre si particulier qu'on pouvait trouver au cinéma dans les films monochromes. Ses cheveux clairs, bien que courts, encadraient son visage rond, elle arborait également un décolleté plongeant à en mordre le péché, si Léo fut Eve, Mimzy fut la pomme. La fille ne cachait pas son œil indécent, laissant volontairement la danseuse prendre conscience de son intérêt.
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Une Cuillère De Caviar Et De Sang (Alastor X Oc)
Fanfiction1930, Si un mariage est souvent heureux, il y en a bien d'autres dont l'annonce chagrine. Le mariage est un combat, De rhétorique, De platitudes faussements cordiales, De pleurs et de colères, De lettres et d'encres, De richesse et de pauvret...