Léo portait trois anneaux à l'annulaire,
une d'or, une d'argent, une de fer.
Celle du milieu fut un cadeau de Judy lors de leur deuxième rencontre, la dame voulait se faire pardonner sa précédente rudesse.
À l'entente de son prénom, elle eut entonné ce poème que la plus jeune haïssait, celui qu'elle ne voulait plus voir articuler sur la langue de n'importe qui.
Elle avait donc éclaté le dessert durement préparé sur le sol, ne laissant que des morceaux de pocelaine et la joie de sa belle-sœur en lambeaux.C'était à Judy de pardonner Léo, pourtant, c'est elle qui eut saisi ses mains le lendemain, les lèvres tremblantes, tout en prononçant :
"De tout mon coeur je suis navrée".
En se noyant dans ses deux prunelles vertes, qui ressemblaient à s'y méprendre au tréfonds du Bayou, le petite sut qu'elle finirait par l'aimer, elle et la Nouvelle Orléans.Agathe lui avait dit un jour :
"Si tu es a la chasse avec un homme, si il tire deux balles, n'en tires qu'une. Montre lui qu'il ne te suffit que de la moitié de sa cruauté pour l'égaler."
Et Léo pensait avoir soigneusement suivit cette adage, les mots résonnant dans son esprits comme une prière dans celle d'un séraphin.
Toutefois, elle avait envoyé deux lettres et n'en eut reçu qu'une. C'est elle qui avait tiré deux coups qui se pardaient dans le ciel, lui, qui en un seul essaie, détruisit sa cible sans chanceler.
Léo fut le gibier.C'était un de ces soirs où elle comptait les moustiques à sa fenêtre.
Il frappaient leurs ailes chétives sur la vitre, réitérant sans que l'idée ne les traverse que leur corps ne saurait ébranler une montagne.
Un rictus amusé, elle se dit que si on eut répété ceci à quelques gentilhommes, peut-être que des guerres n'auraient point vu le jour.Quatre coups retentirent sur la porte de bois, quatre coups qui la firent sursauter puis se tendre.
Elle s'attendait à apercevoir Ray dans l'entrebaillement, mais celle-ci ne frappait jamais, elle aurait dû mieux le retenir.
Judy passait la tête, souriant d'un air crispé.-Que fais-tu ici? Demandait-elle en lançant un coup d'oeil incertain à l'horloge murale, qui comptait déjà vingt heure passé.
-Puis-je entrer?
Le timbre ne lui ressemblait pas, il etait fin, se perdant entre le craquèlement du parquet et le mécanisme des aiguilles qui se balançaient.
-Avec plaisir, ne te fais pas prier, tu as déjà franchit le seuil de toute façon...
La blonde se faufilait dans la pièce, accompagnée d'une Ray qui fut dissimulée jusqu'à présent, et aussitôt, elles refermirent derrière leurs chaussures.
Léo fronçait les sourcils, abandonnant les gribouillages informent qu'elle traçait d'une épingle sur le bureau.-Tu as envoyé une nouvelle lettre depuis, n'est-ce pas?
Contrairement à ce qu'elle pu prédire, la femme ne fut pas énervée, ni même contrariée.
C'est l'inquiétude qui lui procurait ces rides disgracieuses, et de ce fait, elle ne vit que tardivement la fleur dans les grandes mains de son amie.
Judy lui tendit la tige, accompagnée d'un petit mot soigneusement plissé."Agathe", fut inscrit en lettres manuscrites.
Tandis qu'elle n'aurait dû ressenir qu'une haine aussi solide que le marbre, un éclat de joie incontrolé traversit ses traits.
Peut-être se sentait-elle quelque peu moins pathétique.-C'est de Monsieur Beleau?
Bien qu'elle sache la réponse à cette question, elle se devait de la formuler, de pouvoir sentir sur sa bouche la sensation qu'il ne l'eut pas abandonné à la vacuité de son quotidien taciturne.
Monsieur Beleau était toujours ici, prêt à être réduit en cendre.
Cela aurait été pénible d'être si vite déçu de son nouvel ennemi.
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Une Cuillère De Caviar Et De Sang (Alastor X Oc)
Fanfic1930, Si un mariage est souvent heureux, il y en a bien d'autres dont l'annonce chagrine. Le mariage est un combat, De rhétorique, De platitudes faussements cordiales, De pleurs et de colères, De lettres et d'encres, De richesse et de pauvret...