Lénore s'était rendue, comme convenue, à la station radio au centre de la ville. Six heure tapait sa première aiguille, l'aube se levait à peine et les oiseaux chantaient leur réveil, pourtant, la porte fut toujours fermement verrouillée. La Nouvelle-Orléans dormait profondément sur son oreiller de marécage. La dame fut de nature anxieuse, guettant les allées et venues des passants, leurs vêtements, leur apparence, chaque détail devint une information oppressante. Elle se réprimandait silencieusement car ce fut bien sot que d'être si froussarde. Il fallait se ressaisir, aujourd'hui fut les premières lignes d'une histoire avec de longues pages, ce genre de roman où on grimace en pesant la lourdeur.
La jeune fille soupirait de soulagement en apercevant Alastor accompagné d'un autre monsieur fringuant. L'animateur portait un costume bordeau, et étrangement celui lui sied à merveille, son partenaire paraissait bien fade à ses côtés. Il se ragaillardit en voyant la demoiselle qui l'attendait patiemment le long du trottoire. Il la saluait d'un geste de la main, et si son expression n'était pas aussi moqueuse certainement aurait-elle cru qu'il fut réellement aussi sympathique que son sourire.- Jhon, laisse moi te présenter Laure, c'est la nouvelle employée dont je t'ai tant parlé!
Léo grimaçait à ce surnom, l'interrogeant d'un regard qu'il ignorait.
- Enchanté mademoiselle, appelez moi simplement Jhon, nous n'aimons pas les formalités par ici!
- C'est un plaisir de vous rencontrer également, dit-elle de son ton le plus convaincant.
- Vous devez être très fière de l'avoir fait venir si tôt!
Les cils de la jeune femme papillonèrent.
- Que voulez-vous dire?Cette fois, c'est le quarentenaire qui lui jetait une oeillade étrange, incertain de la situation.
- Je commence aux alentours de midi habituellement, mais il est préférable de te faire visiter les locaux quand personne n'est encore là, expliquait le brun
Jhon ouvrait enfin, et tandis qu'il eut le dos tourné Léo saisit l'occasion d'insulter monsieur Beleau dans un souffle presque imperceptible. Il ne fit que rire du nez avec joie, évitant le contact visuel. La naïveté de Lénore avait une fois de plus était abusée. L'horrible personnage s'amusait à la rendre folle, elle ne voyait que cela comme explication. Sa punition commençait visiblement aux aurores et elle ne sut dire si sa vengeance mesquine monterait en crescendo au fil de la journée.
- Je suis certain que vous trouverez vite vos marques, tout le monde est agréable, continuait Jhon avec douceur.
- Presque tout le monde, j'en suis sûre, glissait Léo.
L'homme prit place à l'endroit qui paraissait être la réception, s'asseyant sur un fauteuil en satin rouge tout en commençant déjà à trier des papiers. Alastor poussait l'épaule de la femme, l'incitant à avancer dans le couloir. Elle obéissait sagement, acceptant de se faire malmener pour le moment.
- Je vais te montrer ta nouvelle place favorite!
Son intonation la surprise, la facette qu'il exposait fut plus profonde, plus professionnelle qu'a l'accoutumé. Cette intimité ébranlait Léo, peut-être parce qu'elle ne se sentait pas prête à voir le diable sans ses cornes. L'observer dans son habitat naturel c'était l'humaniser, imaginer les émotions qui le touchaient aussi.
- Pourquoi me présenter comme "Laure"
- Je te rappelle que "Lénore" n'est pas un prénom... Comment pourrais-je qualifier cela? "Conventionnel" serait le bon mots!
- Est-ce si important?
- Ça l'est, à moins que tu ne veuilles que papa et maman ne te fassent plus confiance, plus jamais, accentuait-il
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Une Cuillère De Caviar Et De Sang (Alastor X Oc)
Fanfiction1930, Si un mariage est souvent heureux, il y en a bien d'autres dont l'annonce chagrine. Le mariage est un combat, De rhétorique, De platitudes faussements cordiales, De pleurs et de colères, De lettres et d'encres, De richesse et de pauvret...