Chère Laure,
À l'heure où j'écris cette lettre vous venez de quitter le port. Et vous qui ne me disiez pas galant devez être bien déçue de ce jugement sans fondement.
Contrairement à toutes ces femmes peinées vous n'avez pas secouer de mouchoir pour me saluer, cela m'attriste grandement. J'aurais payé l'entièreté de mon salaire pour vous voir feindre une larme, aussi minuscule soit-elle.
Cessons les plaisanteries, j'espère que votre traversée à atteint sa destination sans la moindre vague, et surtout que l'imposante idiotie de vos soeurs n'a pas fait sombrer le bateau.
J'aimerais lire de vos nouvelles.Sincèrement,
Alastor.
Alastor,
Un gentilhomme s'est il emparé de votre plume? Peut-être avez-vous simplement eu une illumination sur la manière dont il faut s'adresser aux femmes... Vous me parlez d'une étrange façon qui me rappelle les bons souvenirs de notre haine mutuelle. Cela me manque parfois. Je me retrouve souvent à penser "n'étais-je pas trop amicale avec lui aujourd'hui?".
À l'heure où j'écris ceci, le temps est laid. L'averse frappe fort le sol, au point où on se demanderait si la terre n'est pas sur le point de s'effondrer.
Mon cousin Paul m'a montré la reproduction d'un tableau de Viktor Vasnetsov sur ces cavaliers de l'apocalypse, : mort, famine guerre et conquête. Vous me rappellez celui de la guerre qui monte sur un destrier rouge sang. "Et il sortit un autre cheval qui était roux ; et celui qui le montait reçut le pouvoir de bannir la paix de la terre, et de faire que les hommes se tuassent les uns les autres ; et on lui donna une grande épée."
J'ai souvent l'impression que vous cherchez à éteindre la relation que j'entretien avec mes soeurs en nous donnant chacunes une lame pour trancher l'autre.
Essayez vous de devenir ce monstre ?Monsieur, quant à Margot et Ray, j'apprécierais vous faire savoir que vous courtisez l'une d'elle et que l'autre fera également bientôt partie de votre famille.
Et je crains que la seule chose qui puisse me faire pleurer devant vous, c'est de couper un oignon en petit morceaux.
Pourriez-vous, dans votre prochaine missive, me dire comment se porte Everett, Jhon et June?
Si l'humeur vous en dit, n'hésitez pas à me faire part des nouveautés concernant le boucher du bayou.Avec une inquiétante et profonde sympathie,
Laure.
Chère Laure,
Jhon et June se porte à merveille, ils pensent à vous et à ces déjeuners que vous manquez.
Quant à Everett j'ai peur que cela ne vous réjouisse pas autant, en effet, il est si peu habile dans son métier qu'il reporte la faute de son inaptitude sur votre absence. Mais n'en soyez pas épouvantée, car beaucoup de monde semble vous apprécier ici et il est de mauvaise augure pour lui que de vous insulter trop fort. Il s'apaisera avant votre retour.Il est bien impoli de ne pas demander les trivialités formelles à celui qui vous écrit. "Comment se portent Everett, Jhon et June?" Et moi dans tout cela ?
Moi, votre effroyable confident, votre surpuissant rival, votre adorable supérieur, votre "maître chanteur", suis je exempté de la moindre attention, du moindre mot doux? Cela me parait cruel ma dame, d'autant plus lorsque vous me comparez à un fléau de la bible.Je ne suis pas menteur au point de nier le vice et la ruse dont j'ai fait preuve, mais n'êtes-vous pas sévère?
Peut-être que votre haine pour moi vous manque tellement que vous vous voyez obligée de me diaboliser.
Je vous apprécie, et je pense que vous le faites aussi. Ainsi je vais prendre les devants et vous narrez mes récits (qui contrairement à ce que vous pensez ne se limitent pas à vous tourmenter ou parler du boucher du bayou à la radio). J'ai reçu hier une invitation pour un dîner mondain, un de ceux où seul l'élite de la ville est convié, j'espérais que vous puissiez m'y accompagner pour me souffler dans l'oreille quels sont les couverts adequats.
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Une Cuillère De Caviar Et De Sang (Alastor X Oc)
Fanfic1930, Si un mariage est souvent heureux, il y en a bien d'autres dont l'annonce chagrine. Le mariage est un combat, De rhétorique, De platitudes faussements cordiales, De pleurs et de colères, De lettres et d'encres, De richesse et de pauvret...