Les retrouvailles

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Je ne sais pas si ce sont les effets de l'alcool, l'euphorie du moment ou ce grand sentiment de solitude qui m'envahit de plus en plus mais avant de me coucher j'envoie un message à Julian pour lui dire que je serai de retour à New York la semaine prochaine dans ma maison.

Il me demande s'il peut venir me rejoindre.

Je réponds que j'ai encore besoin d'un peu de temps.

Maggie passe beaucoup de temps avec moi à New York. Pendant que je compose et que j'écris elle fait ma promotion. Ma notoriété a grandi depuis mon mariage avec Julian car la plupart de ses fans me suivent désormais.

Bien qu'il ait été vivement critiqué lorsqu'il m'a envoyé à l'hôpital un grand nombre de ses fans sont restés présents et fidèles.

Je reçois beaucoup de messages de soutien d'artistes et d'anonymes féminines qui ont subi des violences. Certaines ont définitivement quitté leur conjoint, d'autres ont tenté une réconciliation mais l'ont tout de suite regrettée. Certains journalistes ont voulu m'interrogé à ce sujet, d'autres groupes me demandent de rejoindre leur cause. Je préfère gérer à ma façon et surtout loin de la vie publique.

Chaque histoire est différente, la mienne m'appartient.

J'ai décroché le contrat avec le groupe de doom-métal pour des duos sur 6 titres de leur prochain album et j'ai signé pour la future tournée en leur compagnie. Nous avons également finalisé le tournage des deux clips. Le second est particulièrement magnifique. Il me met en scène dans la neige ce qui contraste avec les costumes très noirs des musiciens et du chanteur. J'y incarne une fée qui redonne de l'espoir à un monde envahi par les ténèbres. Les critiques sont très bonnes et j'en suis très fière.

Julian et moi échangeons régulièrement par message. Nous suivons à distance les concerts et événements artistiques de l'autre.

Je ne peux pas imaginer vivre une vie entière sans lui.

En tournée je croise beaucoup d'autres hommes pendant les répétitions et les soirées que nous passons avec le groupe dans les bars mais tous m'indiffèrent. Même Ben avec qui je partageais le quotidien il y a quelques mois et qui m'a tenté me parait un lointain souvenir.

Julian est dans chacun des mots que j'écris, dans chaque mélodie que je compose. Il est mon univers tout entier.

Je lui propose de se voir dans ma maison dès qu'il sera disponible. Nous réussissons à caler une date dix jours plus tard.

Le soir venu je passe à la douche et enfile une robe basique mais tout de même jolie.

Julian sonne à 20h.

Lorsque j'ouvre la porte mon cœur s'emballe. Il est si beau. Il a l'air fatigué mais il est toujours aussi irrésistible.

Les premières secondes sont étranges mais je brise le silence en le prenant dans mes bras. Je respire son odeur au creux de son cou et ferme les yeux un instant. Il m'a tellement manqué...

Je vois bien qu'il est gêné alors je lance la conversation.

— Tu as mauvaise mine ! Je ne suis pas certaine que ce fût la meilleure introduction mais c'est sorti malgré moi.

— Toi en revanche tu es resplendissante.

— Ma lèvre a vite guéri, oui. Autant mettre tout de suite les pieds dans le plat.

— Je suis désolé, je n'aurai pas dû te jeter au sol, tout s'est passé si vite, je regrette tellement. J'y pense tous les jours et ça me tue.

— C'était notre première dispute et j'ai fini à l'hôpital, je suis un peu frileuse depuis comme tu as pu le constater.

— Qu'est-ce que je pourrais dire ou faire pour te convaincre de revenir à Colombus ?

— On n'en est pas là encore. Cela fait quatre mois que l'on ne s'est pas vu et tu as respecté la distance que je t'ai imposé. J'ai pensé à toi tous les jours et j'ai bien failli craquer mille fois mais ce qu'il s'est passé est très grave. Je ne peux pas faire comme si ce n'était pas le cas. Tu es mon mari et je t'aime toujours, je n'ai pas cessé de t'aimer une seule seconde même quand Joe est mort. Si tu étais partie en prison je t'aurais attendu, tu le sais tout ça Julian ?

— Je suis ravie de l'entendre en tout cas.

— Je ne suis pas prête à revenir à Colombus mais je suis prête à te revoir il va falloir t'en contenter pour le moment

Il se rapproche de moi et pose sa main sur ma joue. Mon cœur s'accélère et mon souffle devient plus rapide. Il se rapproche encore plus près et pose ses lèvres sur les miennes. C'est un baiser passionné, un baiser de deux amoureux qui se retrouvent après quatre mois loin de l'autre, un baiser comme si nos vies en dépendaient. Je n'ai pas encore récupéré tous mes meubles mais j'ai racheté un nouveau lit. Il prend le temps d'enlever mes habits un par un et embrasse chaque parcelle de mon corps. Je caresse son torse, son visage, son corps tout entier qui m'a tant manqué. Je n'ai pas oublié la douceur de sa peau, le goût de ses baisers et les lignes de ses tatouages. Nous prenons le temps de nous redécouvrir toute la nuit

Au réveil pendant une seconde je ne sais plus si je suis chez Larisa, à New York ou à Colombus. Julian dort encore. Je l'observe quelques instants avant de le réveiller en le couvrant de baiser.

Cela faisait longtemps que le réveil n'avait pas été aussi délicieux.

Nous trainons au lit jusqu'à 13h, il m'est impossible de me décoller de son étreinte.

Je lui propose d'aller manger en ville.

Nous descendons dans le quartier des restaurants et bravons les regards indiscrets de certains passants qui nous reconnaissent. Parfois je rêverais être anonyme juste une seconde.

Nous parlons de nos projets, de nos familles et amis puis je finis par lui demander.

— C'est toi qui a appelé les secours ou ce sont les voisins qui ont alerté les autorités.

— C'est moi bien sûr, tu étais inconsciente, j'ai eu tellement peur de t'avoir blessée.

— Tu as eu peur que je porte plainte ?

— J'en aurais payé les conséquences si tu l'avais fait.

J'ai hésité, j'aurais pu, j'aurais dû qu'en penses-tu ?

— Cela n'arrivera plus jamais Ella

— Tu es capable de me le promettre ?

— Evidemment, je te le promets.

— Comment se passe ta thérapie ?

— C'est difficile

Je vois qu'il retient ses larmes. Comment ne pas être ému par cet homme, mon homme qui a traversé des épreuves si difficiles ? Je voudrais l'aider à recoller les morceaux, lui faire à nouveau confiance, me sentir en sécurité auprès de lui et ne pas craindre pour ma vie à chaque fois qu'il déraille.

Lorsqu'il perd le contrôle il devient une autre personne. Dans ses musiques sa rage est sublimée par les textes et par la musique mais dans la vraie vie c'est juste un tourbillon de violence incontrôlable.

J'ai déjà réussi à le calmer au début de notre rencontre, lors de la première tournée que nous avons partagée et il n'y eu aucun débordement même si parfois je sentais qu'il était sur le fil à cause de la pression.

Je ne peux pas renoncer à lui, je dois me battre à ses côtés.

Tant qu'il reste un piano - AUTO EDITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant