le drame

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Le vendredi suivant je dois le retrouver en Virginie mais je ne parviens pas à le joindre. Lorsque le taxi me dépose en bas de son hôtel j'ai un mauvais pressentiment. Il n'y a personne l'accueil à cette heure-ci et il ne décroche toujours pas. J'essaie de joindre les autres membres du groupe mais personne ne répond non plus.

Il n'a rien posté depuis plusieurs heures et il en est de même pour ses collègues.

Je me résous à trouver une chambre dans un autre hôtel mais ne parviens pas à fermer l'œil de la nuit.

Est-ce qu'il a perdu la notion du temps et oublié ma venue ? Est-il dans les bras d'une autre fille ?

Je finis par m'assoupir un instant lorsque je suis réveillée par la sonnerie de mon portable.

C'est un appel de la police qui m'informe que Julian et tous les membres de son groupe ont été arrêtés à la suite d'une bagarre qui a éclaté dans un bar de la ville. L'homme ne m'en dit pas plus et me conseille juste d'appeler notre avocat, ce que je fais immédiatement.

Nous nous rendons ensemble au poste de police mais seul l'avocat est autorisé à rentrer voir Julian.

Je reste à l'accueil complètement paniquée car j'ignore complètement ce qu'il se passe.

L'avocat ressort au bout de quelques minutes et m'invite à sortir prendre l'air quelques instants.

Je ne comprends pas tout de suite la gravité de la situation. Après le concert Julian et ses collègues sont sorti dans un bar. Il avait tous beaucoup bu et pour une raison que j'ignore une bagarre a eu lieu sur le parking du bar et un homme est mort.

Ma respiration est saccadée, mes mains tremblent et ma bouche devient pâteuse. Je sens que je vais vomir. L'avocat me parle calmement mais je ne l'écoute plus. Les larmes montent mais ne sortent pas, je suis comme figée en plein cauchemar.

Je demande quand je pourrai voir Julian mais l'avocat n'a pas la réponse. Je retourne à l'hôtel et attend des nouvelles de l'avocat. Je parcoure les réseaux sociaux et découvre que la presse s'est déjà emparée de l'histoire.

Quelques heures plus tard la plupart de mes proches et ceux de Julian essaient de me joindre. Je ne décroche pas et m'enferme dans un mutisme total. Je pleure, je sanglote, j'hurle et je crie.

Affolé par mes cris l'équipe de l'hôtel frappe à la porte. J'ouvre et ils me reconnaissent immédiatement. Je leur assure que je vais me calmer et les supplient de ne pas alerter les autorités.

Je finis par envoyer un message à tous mes interlocuteurs manqués en leur disant simplement, - j'ai vu l'avocat il me tient au courant, je vous dis dès que j'en sais plus .

Tous essaient de me rappeler mais je n'ai pas le courage de répondre et je suis incapable de prononcer un seul mot.

Ne pas pouvoir le voir ni lui parler m'est insupportable. Je voudrais seulement comprendre ce qu'il s'est passé. Il doit y avoir un malentendu, c'est une erreur. Je refuse de croire qu'un homme est mort.

Vers midi l'avocat me donne des nouvelles et me précise que Julian peut être libéré sous caution dans l'attente du procès. Il me demande si nous disposons des fonds suffisants sinon il sera placé en détention provisoire. Ensuite il m'explique toutes les étapes qui vont suivre dans les semaines et mois à venir. Je le rejoins et règle les détails administratifs. Une heure plus tard je suis autorisée à sortir accompagné de Julian.

Lorsque la porte s'ouvre, je cours vers Julian et tente de le prendre dans mes bras. Il se fige, ne me regarde pas et attend que je desserre mon étreinte.

Tant qu'il reste un piano - AUTO EDITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant